Autre sujet crucial du déplacement de Manuel Valls sur le Caillou : le nickel. Ce vendredi, le premier ministre a incité tous les acteurs du secteur minier calédonien à prendre leurs responsabilités pour sortir la SLN de la crise.
D’abord actionnaire de la SLN ou simple partenaire, lors de son discours sur le site historique de Doniambo à Nouméa, Manuel Valls a redit aujourd’hui la position du gouvernement dans ce débat essentiel pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Malgré le souhait de certains députés comme Pierre Frogier de voir l’Etat renforcer son actionnariat au sein de la SLN, Manuel Valls a proposé son soutien à la Société territoriale calédonienne de participations industrielles (STCPI), représentant les trois provinces calédoniennes et détenant actuellement 34% au capital de la SLN. Une aide qui se matérialise sous la forme d’un prêt de 200 millions d’euros. Pour le chef de l’exécutif, il s’agit de mettre les collectivités locales calédoniennes « en situation d’assumer pleinement leurs devoirs d’actionnaires pour couvrir les besoins de financement jusqu’en 2018 et passer la crise ». « Quand les cours du nickel étaient au plus haut, les actionnaires de la SLN ont reçu des dividendes. Maintenant qu’ils sont au plus bas, ils doivent prendre leurs responsabilités en assurant la trésorerie de l’entreprise », a rappelé le Premier ministre. En grande difficulté financière, la filiale d’Eramet perd environ 20 millions d’euros par mois. La veille de l’arrivée de Manuel Valls sur le Caillou, une grève avait été déclenchée à la SLN pour réclamer le maintien de l’emploi, une « stratégie claire » et un plus fort engagement de l’Etat. Le nickel calédonien représente 20 à 25% des emplois de l’archipel et constitue 2 200 emplois directs et 8 000 indirects.
Unis, il sera non seulement possible de surmonter celle-ci, ms de préparer les années qui viennent.@manuelvalls pic.twitter.com/sHQ7YmR0XH
— Outremers360 (@outremers360) 29 avril 2016
Une responsabilité partagée et une garantie financière pour une nouvelle usine
Le nickel est un élément constitutif de la culture calédonienne et, comme en témoigne le développement de l’industrie minière dans le Nord où Manuel Valls se rendra demain, il incarne le pivot essentiel de la politique de rééquilibrage décidée en 1998. Pour sauver ce fleuron de l’industrie calédonienne, c’est en rappelant cette référence essentielle à l’avenir économique et politique de la Nouvelle-Calédonie que le premier Ministre a appelé dans son discours à la responsabilité de chacun. « Nous devons nous mobiliser pour préserver la SLN, lui permettre de passer la crise mondiale actuelle… La survie du nickel calédonien sera collective, ou ce je que je me refuse d’envisager, l’échec sera collectif », a lancé le premier Ministre. Le prêt proposé à la STCPI n’ est pas sans contrepartie pour Eramet, qui selon le premier ministre « doit faire plus », mais « ne peut porter seule le destin de la SLN ». « Je souhaite aussi que, comme cela avait été décidé, l’autonomie de gestion de la SLN soit renforcée par rapport à son actionnaire majoritaire Eramet. » Cette proposition, « très important(e) dans le contexte budgétaire actuel », doit désormais recevoir une réponse de la STCPI, a indiqué Manuel Valls, en déplacement jusqu’à dimanche dans l’archipel.
Le Premier ministre a d’autre part annoncé que l’Etat était disposé à apporter « une garantie sur le financement bancaire » pour la construction d’une nouvelle centrale électrique qui permettrait à l’entreprise de remplacer l’actuelle centrale, obsolète, et de réduire ses coûts. Selon l’Usine Nouvelle, le député calédonien (UDI) Philippe Gomès s’est déclaré « très heureux » des engagements du Premier ministre sur ces deux sujets. C’est un nouveau projet qui sera bâti avec des acteurs locaux – la SLN, la STCPI, Enercal, qui permettra demain à la SLN d’être plus compétitive. Parce qu’une fois que cette centrale sera réalisée, elle produira moins cher et si elle produit moins cher, sur le marché international, même en cas de crise elle s’en sortira mieux », a commenté Philippe Gomes.
Le premier Ministre se rendra demain sur une propriété d’éleveurs de la côte Ouest avant de s’exprimer devant l’Assemblée de la Province Nord à majorité indépendantiste, puis de s’envoler vers la côte Est, où il se recueillera sur la tombe de Jean-Marie Tjibaou et rencontrera les jeunes de la tribu de Tiendanite. Avant de quitter la Nouvelle-Calédonie pour la Nouvelle Zélande dimanche, Manuel Valls sera reçu à Lifou, dans la Province des Loyauté.