3,6 points de PIB en moins en Nouvelle-Calédonie durant le mois de confinement, c’est le résultat d’une étude publiée par les comptes économiques rapides pour l’Outre-mer (Cerom).
Alors que l’archipel est sorti du confinement strict lundi 20 avril, c’est déjà l’heure du bilan. Selon la dernière étude publiée par le Cerom et préparée conjointement par l’Isee, l’institut des émissions des Outre-mer (IEOM) et l’agence française de développement (AFD), la Nouvelle-Calédonie a vécu une « crise sans précédent de par sa brutalité et sa nature touchant à la fois l’offre et la demande, (elle) aura des conséquences immédiates et durables sur le tissu économique et les finances publiques ».
Des bouleversements qui interviennent au moment où l’économie de l’archipel « est installée depuis plusieurs années dans une trajectoire de croissance ralentie, qui se caractérisait par un effritement des fondamentaux des entreprises (détérioration de leur situation financière, plus grande vulnérabilité), mais aussi des ménages (faible création d’emplois, consommation molle), et des finances publiques (recettes stagnantes, déséquilibre des comptes sociaux) », peut-on lire dans les résultats de l’étude.
« Selon le scénario médian, le taux d’activité moyen serait de 56 % et la croissance annuelle du PIB 2020 serait alors inférieure de 3,6 points à ce qu’elle aurait été si cette crise sanitaire n’avait pas existé. L’essentiel de ces pertes, mais pas la totalité, ne pourront certainement pas être rattrapées », stipule l’étude.
Si les administrations publiques et les services non marchands ont exercé « un rôle d’amortisseur », les services et le secteur de la mine (nickel), totalement paralysés pour certains, ont pâti de la crise. Elle aura permis néanmoins à développer, du côté des entreprises de services, des nouveaux modes de production, comme le développement des services numériques, pour le secteur du numérique, bancaire, financier, et les pharmacies par exemple. D’autres ont adapté leur mode de production (ventes à emporter…). Pour les mines, « les cours ne se sont pas effondrés au regard des autres matières premières comme le pétrole (-15,6 % pour le Nickel par rapport à la moyenne 2019 et -55,8 % pour le Pétrole, cours au 17 avril), et le possible redémarrage de la Chine (1er client de la NC) pourrait à nouveau soutenir la demande et le secteur », peut-on lire dans l’étude du Cerom.
Secteur « crucial » pour assurer la pérennité des trésoreries des entreprises calédoniennes, le secteur bancaire « pourrait subir d’éventuelles conséquences qu’il conviendra d’apprécier (augmentation des risques de contrepartie et ralentissement de la demande de crédits), alors même que son modèle traditionnel était en pleine mutation (avec un effritement de ses performances déjà observé). »
Les regards se tournent alors vers des secteurs de « résilience », comme le tourisme. « Bien qu’il constitue un axe de développement à fort potentiel, (il) est encore relativement modeste en Nouvelle-Calédonie (notamment pour sa partie clientèle étrangère), avec un solde de la balance des services « voyages » quasi nul (+0,9 milliard contre +47 milliards de F.CFP en Polynésie française en 2018) ». Si le secteur a été fortement touché durant le confinement, il pourrait, après une reprise lente, « bénéficier d’un report des dépenses des résidents calédoniens (déjà majoritaires) sur les infrastructures locales, dans un contexte d’une mobilité internationale assez durablement limitée ».
Les effets induits de la crise sont encore incertains. Elles dépendront « des tensions sur la chaîne d’approvisionnement, de l’évolution des prix, ainsi que des comportements (donc des fondamentaux et de la psychologie) des différents agents économiques après le confinement », stipule l’étude du Cerom. En effet, « la consommation des ménages, qui pèse pour près de deux tiers du PIB, sera une variable clé ».
En conclusion, si l’étude stipule que « la mesure des effets directs sur le PIB de la période de confinement fait état de l’ampleur du choc, elle n’est toutefois qu’une première étape dans l’évaluation globale de la crise ». Il faudra en effet du temps pour retrouver un plein taux d’activité, qui « dépendra largement des ajustements des agents économiques et des contraintes extérieures ». Un processus « progressif et différent entre les secteurs tournés sur le marché local, et ceux exposés directement ou indirectement à l’international », souligne le Cerom. Une autre étude devrait voir le jour à la sortie de cette nouvelle étape dans laquelle est entrée l’économie calédonienne.