Le port autonome de Nouvelle-Calédonie épinglé par la Chambre des comptes

Le port autonome de Nouvelle-Calédonie épinglé par la Chambre des comptes

©Port autonome de Nouvelle-Calédonie

La Chambre territoriale des Comptes de Nouvelle-Calédonie a sévèrement critiqué la gestion du port autonome, ciblant son absence de stratégie de développement et sa gouvernance défaillante, dans un rapport mis en ligne cette semaine.   

Avec un budget de l’ordre de 2 milliards CFP (16,6 millions euros), le port autonome de Nouvelle-Calédonie (PANC) situé à Nouméa est le deuxième port d’outre-mer entonnage manipulé après celui de La Réunion. « Le PANC est confronté à des enjeux majeurs, liés notamment à l’armement de navires de plus en plus grands, tant de commerce que de croisière. Or, il n’a pas de vision stratégique pour s’adapter », a déclaré Jean-Yves Marquet, président de la Chambre territoriale des comptes (CTC).

L’institution recommande l’établissement d’une « convention d’objectifs et de moyens » avec le gouvernement local afin de structurer la gestion de cet équipement prioritaire pour un archipel, en termes de transport maritime et de tourisme. Elle relève en outre que l’aménagement du quai n°8 en vue de permettre aux navires de 12 mètres de tirant d’eau d’accoster a accusé cinq ans de retard sur son calendrier initial et 1,4 milliard CFP de surcoût en raison « d’aléas économiques et juridiques ayant affecté la procédure d’appel d’offre ». Les travaux seraient en cours de finalisation.

Déficit de ressources humaines et rémunération excessive du directeur

A cause d’une « politique tarifaire inadaptée et d’une gestion du domaine portuaire défaillante », le PANC applique des prix en « décrochage par rapport au marché » et « défavorables à l’établissement », observe la Chambre. Elle pointe également une « situation financière trompeuse avec un fonds de roulement de 5,1 milliards CFP » (42,3 millions euros) qu’il convient de « mettre en perspective avec le décalage de la réalisation des investissements » et le financement des programmes à venir, dont le coût s’élève à 18,9 milliards CFP.

La gouvernance est aussi étrillée : le conseil d’administration ne respecte pas la périodicité trimestrielle de ses réunions, quant au conseil portuaire, où siègent les professionnels, il « ne s’est pas réuni en 2016 et n’a tenu qu’une séance en 2017″. Le « déficit de ressources humaines sur les fonctions clefs » est par ailleurs relevé ainsi que « la rémunération manifestement excessive du directeur du PANC », calculée en 2016 en se référant à celle de son prédécesseur, au mépris de la différence d’échelon. Après une saisine du haut-commissaire de la République devant le tribunal administratif, un nouveau contrat a été établi mais il n’est pas appliqué.

Avec AFP.