L’Après en Outre-mer : Et Maintenant ? par Albert Aline, chef du groupe Aline basé dans le Pacifique

L’Après en Outre-mer : Et Maintenant ? par Albert Aline, chef du groupe Aline basé dans le Pacifique

Outremers360 vous donne la parole et partage le sentiment des acteurs socio-économiques des territoires d’outre-mer, à la veille de la période post-pandémie. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Albert Aline, Administrateur des Sociétés du Groupe Aline basées en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie.

Ce que nous sommes

Je suis né le 19 Février 1954 à Papeete. Les activités de mon groupe sont essentiellement basées en Polynésie française, berceau familial et en Nouvelle Calédonie, depuis 1973.

Le socle de ce groupe, aujourd’hui très diversifié, a été créé par mon père Hyacinthe Amine Aline. Il était essentiellement constitué de sociétés d’agence de marques internationales dont on assurait sur les deux marchés du Pacifique la représentation et la distribution exclusive de produits comme L’Oréal, Johnson, Henkel, SEB etc…

Depuis l’an 2000 que je dirige le groupe, j’ai beaucoup diversifié les activités.

Le grand mot est bien DIVERSIFICATIION. Car dans nos marchés de 280 000 habitants chacun, soit une population équivalant à celle d’une ville comme Strasbourg, si on veut se développer, il est indispensable de diversifier. Il faut en effet vendre plus de produits et services différents sur des marchés très étroits.
Donc après la diversification géographique en 1973, nous nous sommes développés dans la promotion immobilière, l’hôtellerie, la communication et dans la distribution de détail avec 4 supermarchés U.

La pandémie

Avec la pandémie COVID19 qui a immobilisé et isolé les deux territoires distants de 5000 Km, il a fallu vite réinventer une nouvelle gestion.

Avec un mot d’ordre : limiter les dégâts dans l’activité de nos sociétés et préserver l’emploi de notre personnel. Les mesures prises immédiatement ont concerné le télétravail pour les commerciaux et l’allègement des effectifs de logistique avec la prise de congés payés.

Mais, du fait de nos activités de distribution alimentaire, nous nous sommes vite aperçus que n’étions pas si affectés que ça par les mesures de confinement décidées dans les deux Collectivités: l’activité de nos supermarchés était bien soutenue, voire même augmentée, par le fait que les gens ne mangeaient plus au restaurant mais à la maison. Et les sociétés de vente en gros ont emboité le pas.

Les seuls pans du Groupe fortement impactés pendant cette période ont concerné deux activités : notre métier de caviste en raison de l’interdiction de la vente d’alcool décrétée en Polynésie et notre hôtel en Nouvelle-Calédonie, affecté par le confinement.

Les mesures prises

Pour faire face, nous avons géré le personnel au plus près grâce à la prise de congés payés et en utilisant les dispositifs d’aides gouvernementales.

Je peux donc dire qu’au niveau des 350 salariés qui composent le groupe, pratiquement aucun n’a subi de préjudices. Les employés des supermarchés ont reçu une prime spéciale COVID19.

Et maintenant, poursuivre la diversification

Actuellement, nous sortons du confinement, fixé le 20 avril en Nouvelle-Calédonie et le 29 avril à Tahiti.

Les activités économiques vont reprendre leur cours. Mais nous sommes des îles et le ciel est totalement fermé jusqu’à nouvel ordre. Donc, pas de possibilité de recevoir des visiteurs et des touristes.

Et c’est là que la diversification géographique dans le Pacifique devient intéressante, car les deux pays ont des économies complètement différentes.

La Polynésie ne doit sa croissance qu’au tourisme dont le succès était phénoménal depuis une dizaine d’années.

L’économie de la Nouvelle-Calédonie, elle, est basée sur le Nickel. La Collectivité traverse une période de crise importante du fait, à mon avis, de la conjonction de trois facteurs : la chute du cours du nickel, les trois échéances référendaires sur le statut du pays et une mauvaise gestion passée. Contrairement à la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie n’est donc pas du tout basée sur le tourisme. Résultat : en une semaine de déconfinement, notre hôtel est passé de 0% à 85% de taux de remplissage. Explication : il se situe à Koné, capitale de la province Nord, et sa clientèle est essentiellement composée de représentants de commerce et d’ingénieurs du Nickel.

Donc après cet épisode de confinement, je constate que notre diversification tant géographique qu’économique constitue bien la force de notre groupe et que nous devons continuer encore plus dans cette direction pour le futur.

Il faut maintenant que nos deux pays se redressent économiquement car les pertes sont très lourdes. Près de -20% du PIB en Polynésie et 15% en Nouvelle-Calédonie.

Il faut faire confiance en nos équipes dirigeantes et confiance en la solidarité nationale. La France reste notre mère patrie.

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