L’aéroport de Tahiti-Faa’a s’attend à un déficit de près de 6 millions d’euros fin 2020

L’aéroport de Tahiti-Faa’a s’attend à un déficit de près de 6 millions d’euros fin 2020

©Aviation Geek Tahiti

Le gestionnaire de l’aéroport international de Tahiti-Faa’a prévoit une baisse de 60% de son chiffre d’affaires sur l’année 2020, en raison du confinement, de la fermeture des frontières et l’arrêt de la desserte commerciale liés à la crise du Covid-19. 

« C’est la première fois que je vis ça, et pourtant j’ai quelques heures de vol », a déclaré Jean-Michel Ratron, le directeur général d’Aéroport de Tahiti (ADT), qui tenait une conférence de presse mercredi pour tirer le bilan de la crise du covid-19 et dessiner les perspectives des prochains mois, rapporte nos partenaires de Radio 1 Tahiti. Les quatre structures aéroportuaires que gère ADT ont perdu 98% de leur trafic pendant le confinement, et l’activité culmine à 15% depuis la reprise progressive des vols vers les îles, le 22 mai dernier. Le gestionnaire s’attend à des jours meilleurs en juillet, date à laquelle le tourisme international va reprendre en Polynésie avec la reprise des vols commerciaux.

Malgré la reprise, dépendante également des autres aéroports internationaux de la région, ADT prévoit « un trafic total 2020 en chute pour Tahiti-Faa’a de l’ordre de -58% pour l’international et -57% pour le domestique, soit un déficit de 415 000 passagers au départ par rapport à 2019 ». Les pertes de trafic seront du même ordre à Bora Bora, Raiatea et Rangiroa. Et les pertes de chiffre d’affaires d’ADT, qui avoisinait les 4 milliards de Fcfp en 2019, seront du même ordre, précise Radio 1 Tahiti. « C’est en-dessous de tout ce qu’on a vécu depuis le début de la concession il y a 10 ans. On mettra des années à s’en remettre », prévient Jean-Michel Ratron.

Le déficit attendu à la fin de l’année 2020 se situera, dit-il, entre 600 et 700 millions de Fcfp. Soit environ 5 millions à près de 6 millions d’euros. « La trésorerie est très fragilisée, elle sera en négatif cette année et probablement l’année prochaine également ». Mais le patron des principales portes d’entrées de la Polynésie rassure : « ses fondamentaux restent solides » grâce notamment au Prêt garanti par l’État, à l’accompagnement des banques qui lui permettent un découvert jusqu’à fin 2021, au « soutien comparable à celui des compagnies aériennes » ainsi que des reports d’échéances d’emprunts. Le gestionnaire a également profité des amortisseurs économiques locaux comme le report de cotisations sociales et d’impôts.

Côté emploi, ADT s’est montré innovant assure-t-on, pour préserver ses salariés. Pendant le confinement, tous les salariés ont accepté de prendre 5 jours de congés « de solidarité », et l’entreprise a « massivement » favorisé le télétravail, explique encore Radio 1 Tahiti. Deux accords ont été signés avec les 5 organisations syndicales au terme d’un « dialogue social très constructif ». Le premier, datant du 28 mai dernier, formalise une réduction du temps de travail de 20% pendant 6 mois à compter du 1er juin pour tous les employés. Pour limiter la perte de salaire, ADT a sollicité et obtenu le bénéfice de la Convention de soutien à l’emploi.

Report des rétrocessions et des renouvellement de concession

Un second accord a été conclu le 11 juin sur la modulation du temps de travail et la création d’une « bourse d’activités » : pour garantir les 80% d’activité à tous, y compris ceux qui n’avaient plus rien à faire – comme par exemple les hôtesses du salon d’honneur – la bourse d’activités les a orientés vers des tâches habituellement confiées à des sous-traitants.

La crise du Covid-19 a également forcé le report de la rétrocession des aéroports de Rangiroa, Raiatea et Bra Bora à la Polynésie. L’État a en effet reporté cette rétrocession, prévue en avril, au mois d’octobre. La concession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a devait également changer en 2022, à la faveur d’un appel d’offre dont le choix final était prévu pour courant 2021. Un premier retard technique d’une part, les candidats ayant dû reporter leur visite de l’infrastructure prévue en mars. D’autre part, « les candidats vont peut-être avoir besoin d’avoir une visibilité sur le niveau de reprise du trafic avant de pouvoir faire des business plan », explique Jean-Michel Raton.