La Réunion : Fin du bras de fer entre salariés et patronat du BTP

La Réunion : Fin du bras de fer entre salariés et patronat du BTP

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Après 8 jours de grève, salariés et patronat du BTP sont parvenus ce vendredi 15  à un accord: une augmentation de 1,9% des salaires a été fixé. Au début des négociations le patronat annonçait 0% d’augmentation et l’intersyndicale demandait 3%. 

Il a fallu une semaine pour venir à bout du bras de fer opposant les salariés du BTP et la FRBTP (Fédération Réunionnaise de BTP), organisation représentant le patronat du secteur. Les premiers réclamaient une augmentation de salaire de 3%. Trop élevé pour le patronat! La FRBTP a évoqué un contexte économique défavorable, citant notamment le retard du lancement du Plan Logement Outre-mer. Le patronat avance également la diminution du nombre d’entreprises de BTP à la Réunion, passant e de 3440 à 1947, entre 2008 et 2015. Pourtant, une étude publiée par la Cellule Economique du BTP de la Réunion (CER BTP) fait état de perpectives encourageantes pour le secteur dans les prochains mois. « Le 3e trimestre 2015 se caractérise par un accroissement de la création d’entreprises. Avec 224 entreprises nouvellement créées, le niveau affiche une progression de 19% par rapport au trimestre précédent » précise l’étude sur le nombre de la création d’entreprises du BTP à la Réunion.

Une situation contrastée dans le secteur du BTP

S’il est vrai que le secteur du  logement social, principal pilier de la commande publique connaît une baisse sur l’année précédente, le chantier de la Nouvelle Route du Littoral vient équilibrer cette diminution. « Le grand chantier de la NRL continue d’alimenter le secteur des routes et contribue au maintien de l’emploi salarié dans ce secteur« , ajoute l’étude. « La commande publique est aujourd’hui à un montant-plafond. Nous n’avons jamais eu un niveau si haut du montant de la commande publique à la Réunion, atteignant le milliard d’euros depuis 2012. Aujourd’hui, la commande publique dépasse même le milliard », précise une source proche du dossier. Un constat appuyé par le dernier rapport du Haut Conseil de la Commande Publique. « Depuis 2010, alors que l’activité dans le secteur privé n’a pas cessé de décliner, elle a au contraire régulièrement augmenté au niveau de commande publique pour dépasser le milliard d’€, au point que cette dernière représente aujourd’hui près de 90 % du chiffre d’affaires du BTP ».  Dans les faits, il faut opérer une distinction dans le tissu des entreprises du BTP à la Réunion. D’un côté, il existe un noyau de PME/TPE, dépendants du marché du logement social et privé, qui éprouve de grosses difficultés avec la diminution de ce pilier de la commande publique. De l’autre côté, des entreprises de génie civil qui profitent du chantier de la Nouvelle Route Littoral et disposent d’une situation économique plus aisée. C’est le cas de la FRBTP qui regroupe en son sein des filiales de grands groupes comme Holcim-Lafarge, Eiffage TP. Cette dernière s’est-elle cachée derrière la situation économique des PME/TPE, représentés par la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) pour refuser une revalorisation des salaires? La question reste posée.

Un duel sans gagnant ?

Dans ce conflit, la détermination des salariés à maintenir la pression a poussé le patronat à revoir ses propositions. La FRBPT a suggéré plusieurs augmentations passant de 0,4% à 1% avant de quitter la table des négociations. Le préfet de la Réunion Dominique Sorain a dû rentré en scène ces deux derniers jours pour éviter un enlisement du conflit. Après huit jours de grève, syndicats et patronat ont finalement trouvé un terrain d’entente hier soir. Les grévistes ont obtenu une augmentation des salaires de 1% au 1er avril, 0,5% au 1er août et 0,4% au 1er décembre, soit un total de 1,9% sur l’année, au lieu de la revalorisation des 3% demandée par les salariés du BTP au début du conflit. Le travail reprend donc lundi.