La reconstruction post-Irma « loin d’être achevée » à Saint-Martin, selon un rapport sénatorial

La reconstruction post-Irma « loin d’être achevée » à Saint-Martin, selon un rapport sénatorial

Deux ans après le passage de l’ouragan Irma, la reconstruction est « loin d’être achevée » à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, note jeudi un rapport sénatorial, qui fait des propositions pour améliorer le pilotage de la reconstruction et la résilience des territoires ultramarins.

Le rapport « risques naturels majeurs: bâtir la résilience des Outre-mer », fait « le douloureux constat d’une reconstruction loin d’être achevée », puisqu’elle « n’est réalisée qu’à 87% à Saint-Barthélemy, et seulement à 49% à Saint-Martin », selon les données du programme spatial européen Copernicus.

Après un premier rapport de la délégation sénatoriale aux Outre-mer en juillet 2018 sur la prévention des risques et la gestion de l’urgence, ce deuxième rapport, des sénateurs Abdallah Hassani (LREM-Mayotte) et Jean-François Rapin (LR-Pas-de-Calais), préconise « un pilotage institutionnel clair et efficace » de la reconstruction, en privilégiant « une gestion unifiée au sein d’une structure identifiée, voire un établissement public ad hoc, aux financements gouvernementaux facilement mobilisables et aisément contrôlables ».

A Saint-Martin et Saint-Barth, un délégué interministériel à la reconstruction avait été nommé après Irma, et un protocole signé entre l’Etat et la collectivité de Saint-Martin.

Mais « les engagements mutuels conclus entre la collectivité et l’État ont parfois donné l’impression d’être essentiellement le fait d’une décision gouvernementale issue des préconisations du délégué interministériel », et « la conduite de la reconstruction ont pu être perçues par certains élus comme au sein de la population comme excessivement pilotées par l’État », note le rapport, coordonné par le sénateur de Saint-Martin Guillaume Arnell (RDSE).

S’il considère comme « nécessaire et légitime » le contrôle de l’Etat dans l’utilisation des fonds publics, « la réparation des dommages causés par une catastrophe naturelle ne doit pas être vue comme l’occasion d’un rattrapage de déficiences passées ou d’une mise sous tutelle d’une collectivité », insiste le rapport.

Le rapport insiste aussi sur l’importance de favoriser un redémarrage économique et social rapide avec des mesures de soutien économique d’urgence, d’améliorer la couverture des assurances en Outre-mer, et d’actualiser les documents d’urbanisme dans tous les territoires ultramarins.

Il dresse aussi un état des lieux des nouveaux risques naturels en cours, comme les échouages d’algues sargasses aux Antilles et le volcan naissant à Mayotte, et appelle à améliorer la connaissance scientifique sur ces sujets et à investir dans des dispositifs de surveillance des phénomènes climatiques.

Les rapporteurs préconisent aussi de revoir le plafonnement du fond Barnier (fonds d’indemnisation) et proposent « la création d’un réel fonds vert doté de crédits budgétaires », en faveur de la résilience des territoires.

Avec AFP