La maison d’édition guyanaise Ibis Rouge sauvée

La maison d’édition guyanaise Ibis Rouge sauvée

En proie à de grandes difficultés financières ces dernières années, la maison d’édition guyanaise Ibis Rouge, présente depuis 1995 dans le monde littéraire ultramarin, a été rachetée par Gérard Doyen, propriétaire des Editions Orphie, basée à la Réunion. Un sauvetage qui permet de consolider la visibilité des outre-mer dans le monde littéraire.

C’est un ouf de soulagement qu’ont poussé les auteurs Antillo-Guyanais et plus généralement le monde littéraire ultramarin à l’annonce de la reprise de la maison d’édition Ibis Rouge par Gérard Doyen, propriétaire des Editions Orphie, basées à la Réunion. Une annonce faite en marge du Salon international du Livre de la Guyane qui s’est achevé le week-end dernier.

Une annonce importante car non seulement Ibis Rouge, en proie à de grandes difficultés financières, peut poursuivre ses activités, mais de surcroît, elle est rachetée par un chef d’entreprise qui connaît le monde littéraire ultramarin et possède une solide expérience dans le domaine de l’édition puisque propriétaire d’une maison d’édition vieille de 35 ans, basée à la Réunion.

Les Editions Orphies ont, en effet, été créées en 1984 et publient des ouvrages dans les secteurs du tourisme, de l’histoire, de la littérature de la nature, des BD ou encore de la littérature Jeunesse d’auteurs ultramarins et des Mascareignes.

Un catalogue de 550 ouvrages

Cette reprise permet aujourd’hui à la maison d’édition guyanaise d’être sauvée et de se projeter sans avoir une épée de Damoclès suspendue sur sa tête. Créée en 1995 par Pascale et Jean- Louis Malherbe, Ibis Rouge s’articule autour de l’espace culturel, historique et social créole.

Depuis 24 ans, elle met en valeur la spécificité de chacune des territoires (Guadeloupe, Guyane, Martinique et Réunion), leurs langues, leurs coutumes, leurs sociétés, leur économie et leur littérature orale et écrite. Elle possède un catalogue de 550 livres publiés par quelque 280 auteurs (essais, littérature générale,, jeunesse, beaux-livres…).Une publication éclectique et diversifiée même si les ouvrages signés par des universitaires occupent une place de choix.

Elle a publié entre 30 et 40 ouvrages depuis 2001 et reçoit 600 manuscrits par an, soit près de 2 par jour. Sa collection espace outre-mer est mondialement reconnue et elle a été récompensée par de nombreux littéraires, dont le Prix Carbet des lycéens, 2 fois le Prix Lucien Reinach par l’Académie des Sciences morales et politiques pour «Les Enjeux migratoires » de Frédéric Piantoni décerné en 2009 et « Les Jésuites de la Guyane française sous l’Ancien régime » de Régis Wervimp (2011) ou encore le Prix littéraire de la ville de Colmar pour le roman historique « Grand Café » de l’écrivain et poète guadeloupéen Lémy Lémane Coco (2010).

Une profession en pleine crise

C’est dire que c’est tout un pan du patrimoine littéraire et plus généralement culturel ultramarin qui a été sauvé et qui devrait être en synergie avec les Editions Orphie car Gérard Doyen promet de ne rien changer à la ligne éditoriale et de continuer à publier tout ce qui concerne l’histoire, la géographie et les travaux universitaires des auteurs du bassin Caraïbe et du plateau guyanais. Le nouveau propriétaire promet un retour sur investissement dans 4 ans.

Une gageure car cette profession est en pleine crise et doit pour survivre opérer de profondes mutations pour à la fois consolider les publics restés attachés à la lecture papier et conquérir de nouveaux lecteurs en rajeunissant ses auteurs et en multipliant sa présence dans les salons et autres évènements littéraires. Un plan de bataille qui ne semble pas rebuter Gérard Doyen pour qui l’édition dans le monde littéraire ultramarin a de l’avenir à condition de s’adapter et de faire les bons choix.