Les producteurs européens de bananes se sont émus jeudi d’une possible baisse des tarifs douaniers européens que Bruxelles pourrait accorder selon eux à leurs concurrents sud-américains.
La Commission européenne aurait abordé avec les producteurs sud-américains – Colombie, Equateur et Pérou – la négociation d’une nouvelle réduction tarifaire sur les exportations de bananes vers l’Europe, lors d’une réunion en décembre dernier à Quito, affirme l’Association des producteurs européens de bananes (APEB) dans un communiqué.
L’APEB, qui représente les producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique, Madère et des îles Canaries, dénonce cette ouverture de la Commission européenne à une possible renégociation à la baisse de ces tarifs douaniers sur les importations en provenance de pays tiers. Elle réclame « une réunion urgente des ministres de l’agriculture espagnol, français et portugais, dans le cadre du Comité mixte de la banane ».
En 2009, des accords conclus à Genève prévoyaient un abaissement progressif des tarifs douaniers de 176 euros la tonne à 75 euros la tonne d’ici 2020, a déclaré à l’AFP Philippe Ruelle, directeur général de l’UGPBAN (producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique). « Ce seuil de 75 euros semblait quelque chose d’ultime », a-t-il ajouté pour expliquer l’émoi des producteurs européens, évoquant des « distorsions de concurrence ». Selon lui, la « banane dollar », ou banane en provenance d’Amérique du Sud, représente déjà 4,5 millions des 6 millions de tonnes de bananes commercialisés chaque année en Europe.
Alors que les bananes européennes tiennent le coup sur leur marché domestique – la banane antillaise représentant par exemple 40% du marché français -, il a fait part de sa crainte d’une « déstabilisation » de ces marchés. Au total, la banane représente, dans ces trois pays européens, pas moins de 12.000 producteurs et 30.000 emplois liés à cette filière, affirme l’APEB. Les producteurs européens dénoncent par ailleurs « d’autres demandes d’avantages » pour la banane de ces pays tiers, « dont les normes sociales, sanitaires et phytosanitaires sont très laxistes par rapport aux normes européennes exigeantes imposées aux producteurs européens »
Avec AFP