Production phare de Mayotte jusqu’au début des années 1990, la filière ylang-ylang reconnue au niveau mondial a ensuite peu à peu été délaissée au profit d’une agriculture vivrière. Mais c’est sans compter sur la détermination Soumaila Moeva dit Anwar, producteur et distillateur d’ylang-ylang qui souhaite redonner ces lettres de noblesse à cette culture.  Lors de la troisième édition Invest in Mayotte à la station F, il a exposé son projet de mettre en place une filière d’excellence de production d’ylang-ylang.

Et si l’avenir économique de Mayotte passait également par la relance de la filière ylang- ylang sur le territoire ? Soumaila Moeva, producteur d’ylang-ylang depuis plusieurs années,  y croit fermement. Accompagné de Moustoifa Abdou, directeur adjoint de la direction des ressource terrestre et maritime du conseil départemental de Mayotte et d’Ackeem Ahmed, directeur de l’Office du Tourisme du centre -ouest de Mayotte, en charge de la rénovation de la filière, il a expliqué devant un parterre d’investisseurs économiques et institutionnels, les objectifs de l’émergence d’un pôle d’excellence rural de la filière ylang-ylang. «Avant d’être l’île au lagon, Mayotte, c’est l’île aux parfums. Et le parfum, c’est l’Ylang. Sa qualité n’est plus à prouver» a souligné Soumaila Moeva.Une dénomination qui n’est pas dû au hasard. « Dans les années 1990 on avait des ylang-ylang partout. Et quand on rentrait sur l’île, on avait ce parfum envoûtant qui nous surprenait. C’est ainsi que Mayotte a pris son surnom de l’île aux parfums». 

Ce parfum est issu de la fleur en forme d’étoile jaune aux six longues pétales et délivre une huile essentielle de qualité Extra Supérieur. Une qualité qui a attiré le parfumeur français Jean-Paul Guerlain a exploité de 1997 à 2002 une vingtaine d’hectares d’ylang-ylang à Mayotte. « La fleur d’ylang-ylang puise toutes ses ressources dans la terre de Mayotte, une terre propice pour donner une fleur d’excellence» ajoute Soumaila Moeva. A partir des années 2000, la production d’ylang-ylang et d’huile essentielle a fortement chuté en l’espace d’une dizaine d’années. « Dans les années 90, on était à plus de 750 producteurs pour une surface de 1500 hectares, on avait entre 18 et 22 tonnes d’huiles essentielles produites et exportées vers la France hexagonale. Aujourd’hui, l’ylang-ylang a perdu de cette productivité. On est sur 100 hectares pour 83 producteurs et une production estimée à moins d’une tonne».

#InvestinMayotte Pour cette 3ème édition, l’@AdimMayotte consacre sa premiere à l’émergence d’une filière d’excellence autour de l’ylang-ylang. Moustoifa Abdou du @Mayottedep parle de l’ambition de ce projet: pic.twitter.com/UqtCvv8sBo

— Outremers360 (@outremers360) September 24, 2020

« Redorer les lettres de noblesse à cette fleur qui a tant donné à Mayotte»

Sous l’égide du Conseil départemental de Mayotte, un projet d’un pôle d’excellence rurale le PER « ylang » émerge depuis peu. Ce pôle prévoit sur une surface de bâtiments de 866 m2 et de jardins extérieurs de 4100 m2, d’accueillir sur l’agropole de Coconi un pôle recherche, un pôle économique et un pôle écotourisme. « Le projet qu’on vise aujourd’hui à redonner ses lettres de noblesses à cette fleur qui a tant donné à Mayotte. Cela passe par une structuration de la filière en fédérant les producteurs autour d’une société d’intéret collectif agricole . A  partir de là, on va mettre le paquet sur la qualité, garantir un revenu intéressant aux agriculteurs par l’achat de leurs fleurs. Une fois ces fleurs achetées, on va les distiller dans un seul  endroit pour garantir une traçabilité avec des almabics de nouvelle génération et de l’énergie propre… On va mettre le paquet sur la labellisation d’une indication géographique protégée (IGP) pour reconnaître la qualité de l’huile essentilelle de Mayotte. Vous voulez une huile essentielle d’ylang-ylang française, c’est qu’à Mayotte que vous pouvez l’avoir. De surcroit, elle est de très bonne qualité, la meilleure au monde ! »

Appuyé par une volonté politique prête à relancer cette filière, Soumaila Moeava espère qu’à l’horizon 2035, la filière d’ylang-ylang pourra produire jusqu’à 250 kg d’huiles essentielles. « C’est notre gagne-pain, c’est notre patrimoine, c’est notre terroir, il faut le défendre à tous les coups ! »