Invest In Mayotte : l’avenir économique serait-il gazier ?

Invest In Mayotte : l’avenir économique serait-il gazier ?

Comme chaque année, depuis maintenant trois éditions, le Conseil Départemental et l’Agence de développement et d’Innovation de Mayotte ( ADIM) en partenariat avec les acteurs économiques de l’île ont organisé l’évènement Invest In Mayotte. Le rendez-vous a eu lieu cette année encore à la Station F, un lieu de 34 000 mètres carrés, dédié aux start-ups, dans le 13e arrondissement de Paris. Et même si la thématique du 24 septembre dernier portait sur l’innovation et des défis technologiques du futur, les organisateurs ont fait la part belle à une filière porteuse dans la région de l’océan Indien: le gaz.

« Mayotte tête de pont de la France et de l’Europe dans le canal du Mozambique». Tel était l’intitulé de l’une des thématiques débattues à l’occasion de la 3e édition de l’évènement Invest In Mayotte. Si le développement endogène du territoire a été évoqué par les acteurs locaux, à l’instar de Damir Chanfi, Responsable du pôle Attractivité au sein de l’ADIM, qui a souligné les atouts indéniables du département français, situé au cœur du canal de Mozambique, et dont le savoir-faire sur des thématiques bien spécifiques est reconnu dans la région; c’est bien avec l’intervention de François Kerdoncuff, président directeur général du cabinet de consulting Cayambe, qu’il a été probablement donné l’occasion de comprendre à quel point la question des projets gaziers dans la région pouvait avoir un impact économique pour l’île.

«Nous parlons de projets gaziers très importants. On parle de dizaine de milliards d’investissements et de milliers de personnes mobilisées. On essaye de faire en sorte que Mayotte parle le langage gazier», expliquait François Kerdoncuff face à deux salles combles.

En effet, les réserves sous-marines de gaz découvertes au large du Mozambique, pour ne parler que d’elles, sont estimées à 5.000 milliards de m3. L’exploitation, menée par Total, devrait commencer en 2024. C’est un chantier estimé à 25 milliards d’euros et de nombreux investisseurs sont déjà positionnés dans la région.
Mayotte le territoire français le plus proche de la côte est africaine pourrait donc sortir son épingle du jeu. Encore faut-il que les infrastructures suivent.

Un hub pour la région ?

Parmi les pistes pour intégrer la sphère économique régionale : le développement de l’aéroport, du port et du Centre Hospitalier de Mayotte.

Concernant l’allongement de la piste de Pamandzi, c’est le président de la République en personne qui avait annoncé que ce chantier tant attendu se ferait, lors de son dernier déplacement sur le territoire, en octobre 2019. L’actuelle piste est en effet l’une des plus courtes au monde accueillant des vols long-courriers. Un allongement de la piste devrait permettre l’arrivée de gros porteurs via des lignes directes (on rappelle que la première ligne directe Mayotte-Paris n’a été inaugurée qu’en 2016), mais surtout ce chantier fait espérer l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes ( la compagnie desservant historiquement Mayotte est Air Austral. Elle est parfois, selon les périodes, mises en concurrence avec d’autres long-courriers des compagnies aériennes Kenya Airways ou encore Corsair qui, elle, va revenir sur l’île en décembre 2020, après deux ans d’absence).

La situation du port est, elle, un peu plus compliquée. Plusieurs batailles juridiques sont en effet entamées entre le délégataire de la Délégation de Service Public du port principal de Mayotte, le manutentionnaire sur place,. et les différents occupants de la base située à Longoni, à l’est de l’île.

Quant à la question du développement du Centre Hospitalier… Mayotte n’est plus dépendante de l’Agence Régionale Santé (ARS) de la Réunion depuis le 1er janvier 2020. Tous les regards sont donc rivés sur le secteur de la santé pour voir ce qui va être fait dans les prochaines années, pour ne pas dire dans les prochains mois.

Les pistes ont donc été données pour éclairer les acteurs du territoire sur les chantiers prioritaires pour espérer intégrer la filière porteuse du gaz dans la région océan Indien. La balle est désormais dans leur camp.

Par Abby Said Adinani