En s’appuyant sur une grande étude menée durant le confinement, l’association des CCI des Outre-mer (ACCIOM) alerte dans un communiqué de presse sur les impacts à long terme sur la croissance des économies ultramarines de la Covid-19.
Réunissant les chambres de commerce et d’industries des cinq DROM, des cinq COM et de Nouvelle-Calédonie, l’ACCIOM représente depuis 2011 les intérêts nationaux des acteurs économiques des Outre-Mer. Elle a fait réaliser par le cabinet d’études et de conseil DME une grande étude sur les conséquences sur la croissance des économies ultramarines durant la crise sanitaire, mais aussi les leviers à actionner pour envisager une reprise rapide et nécessaire de l’activité.
Selon l’ACCIOM, l’étude révèle « une crise majeure pour les Outre-mer qui sera aggravée par tout retard dans la reprise ». Dans son diagnostic, la crise de la Covid-19 est annoncée comme bien plus grave que celle de 2009, à l’exception des territoires du Pacifique qui ont pu limiter l’impact avec un confinement plus court.
Selon les territoires, les pertes d’activité économique s’élèvent de 5 à 24 millions d’euros par jour de confinement et par territoire. Selon l’étude, la crise économique touchera plus durement le secteur privé ultramarin que métropolitain. Hors géographies du Pacifique, la baisse de l’activité privée sera de 5,7 à plus de 10% sur l’année.
Les secteurs de la construction, de l’hôtellerie-restauration et du commerce ont été particulièrement impactés avec des baisses d’activité de 70 à 90% pendant la période du confinement. Au total, ce pourrait être jusqu’à 60 000 emplois menacés.
Autre point relevé, l’urgence à la reprise de l’activité d’ici le 1er septembre, date à laquelle l’impact économique doublera. L’ACCIOM est sans équivoque, « il faut tout faire pour accélérer la reprise », indique-t-elle dans son communiqué, avant de relever que « les restrictions à la circulation maintenues en Outre-mer par le Premier ministre, jeudi 28 mai, sont un véritable coup dur pour ces territoires, notamment pour le secteur touristique ».
« L’étude souligne enfin que rattraper les niveaux de production attendus en 2025 impliquerait dans la plupart des géographies de tripler les taux de croissance tendanciels entre 2021 et 2025, ce qui semble peu réaliste. Les conséquences de cette crise se feront donc probablement sentir pendant les dix prochaines années », indique le communiqué.
Parmi les leviers d’action, plusieurs démarches sont possibles, à court et moyen terme. « Pour limiter la vague de fermetures d’entreprises qui s’annonce dans les prochains mois, il est nécessaire d’encourager la consommation en Outre-mer afin de permettre aux entreprises de faire face à leurs échéances (…) et de leur donner de la visibilité pour les mois à venir. Les ultramarins, comme tous les Français, ont épargné pendant cette crise et il faut les inciter à utiliser cette épargne pour consommer ».
L’ACCIOM interpelle alors sur plusieurs axes d’actions : la diminution des prélèvements obligatoires, l’augmentation de la commande publique, la diminution des délais de paiement des collectivités locales, le soutien aux petits travaux, etc. Sur le long terme, « seule la compétitivité des entreprises permettra d’améliorer la croissance durablement, ce qui implique de soutenir l’investissement », indique l’association dans son communiqué.
« Les Outre-mer ne parviendront aux niveaux de croissance permettant de surmonter les conséquences à long terme de cette crise qu’en améliorant leur productivité. Une politique de réduction des coûts de production ainsi qu’un soutien à l’innovation et à la modernisation des appareils productifs sont nécessaires pour soutenir la croissance de long terme ».
Enfin, l’ACCIOM appelle l’État « à réunir urgemment tous les acteurs de l’économie des Outre-mer pour définir ensemble, en amont de la prochaine loi de finances, les dispositifs de sortie de crise économique ».
DME – Impact éco Covid – rapport final définitif
Amélie Rigollet