En associant le digital et la santé, la Réunion souhaite s’inscrire comme un centre avancé de l’e-santé mondial. Pour cela, le projet « La Réunion-HealthTechIsland » entend obtenir la labellisation French Tech.
La Réunion veut s’imposer comme un hot-spot de l’e-santé dans le monde ! C’est dans ce cadre que l’association des professionnels du Numérique à la Réunion, Digital Réunion a décidé de candidater à la labellisation nationale French Tech sur la thématique de l’e-santé. Le programme « La Réunion- #HealthTechIsland » s’appuie sur la volonté de souligner l’excellence de la Réunion en terme de e-santé, de renforcer et faire reconnaître un leadership numérique français de référence internationale depuis l’Océan Indien. Allier le numérique et la santé n’est pas un terrain inconnu pour l’écosystème entrepreneurial de la Réunion qui a déjà expérimenté ce domaine. « La Réunion n’a pas attendu le projet French Tech pour s’inscrire dans cette démarche. Au contraire, le positionnement sur l’e-santé est lié à l’émergence de plusieurs initiatives de start-up dans ce domaine depuis ces dernières années à la Réunion. Nous avons par exemple le choix du CHU de la Réunion de mobiliser des outils dans le numérique tels que les outils de simulation ou d’intervention à distance, de télé-opérations. Avec des plateaux techniques tels que le CYROI (Cyclotron Réunion Océan Indien), nous disposons également d’outils techniques forts avancés dans le domaine de la recherche technico-médicale. On a de nombreuses start-up associés ou qui investissent sur ces champs », nous explique Phillipe Jean-Pierre, expert spécialisé dans l’innovation et qui suit de près de ce projet.
Répondre aux différents défis sociétaux
La candidature de La Réunion pour la thématique French Tech « e-santé » est portée collectivement, rassemblant autour du même objectif un large réseau d’acteurs de l’innovation, d’entrepreneurs, startupers, institutionnels, chercheurs, universitaires et investisseurs. Afin d’obtenir cette labellisation, le programme s’est fixé plusieurs objectifs précis comme accompagner 20 nouvelles start-ups par an dans lesquelles seront sélectionnées deux start-ups ayant une ambition nationale et mondiale. À terme, cet écosystème se construit sur l’ambition de créer 200 nouveaux emplois par an. »L’idée à la base est que la Réunion devienne une véritable « start-up island » et d’autre part, c’est de ne plus compter uniquement sur les idées foisonnantes mais de résoudre les problèmes auxquels la société actuelle est confrontée. Le couple « digital et santé », apporte aujourd’hui de nombreux espoirs d’abord pour le territoire. La Réunion est exposée à de nombreux défis dans le domaine du diabète, de l’insuffisance rénale, des maladies vectorielles (zika, chikungunya), dans le domaine de l’accès aux soins. On voit bien tout ce qui entoure le secteur des Health Tech, des technologies associés aux problématiques de la santé s’avèrent des pourvoyeurs importants de solutions pour résoudre ces maux. Il faut que nous exploitions ces problèmes de santé comme des vecteurs permettant de générer des solutions technologiques à haute valeur ajoutée« , poursuit Philippe Jean-Pierre.
Un manque de « carburant financier »
« On n’a parlé de santé mais l’urbanisme, l’énergie, le tourisme, l’environnement sont autant de lieux pour trouver des idées et créer sa start-up », défend l’expert en innovation. Un potentiel de développement économique pour la Réunion qui fait face souvent à un « manque de carburant financier », comme le souligne Phillipe Jean-Pierre. « La Réunion dispose d’idées, de génies, de porteurs de projets qui arrivent pendant plusieurs mois à incuber, développer leurs idées. Mais au moment de développer leur prototypes et montrer que leur business-model est porteur de richesses, ces porteurs de projets se retrouvent confrontés au manque de moyens financiers pour accompagner la concrétisation de leur projet. Pour le moment, nous ne disposons d’un capitalisme local privé suffisamment dense et armé pour miser, accompagner et investir sur ces jeunes pousses. Résultats: Les jeunes pousses se tournent vers des acteurs traditionnels dont le code génétique « n’est pas fait pour ça », ou ne sont pas à la hauteur de cette ambition ». Pour pallier à ce déficit d’investissement, la Région Réunion a décidé de mettre en place un fonds régional d’innovation de plusieurs dizaines de millions d’euros dans le but de compléter les outils proposés par les acteurs traditionnels et d’apporter le soutien financier nécessaire au développement des start-up. Selon une récente étude, 81% des Français estiment que la santé connectée ou e-santé est une opportunité pour la qualité des soins, tandis que plus de 3 français sur 4 seraient prêts à communiquer par courriels, SMS et visioconférence avec leurs médecins. Cependant, 41% d’entre eux craignent que le secret médical et la confidentialité de leurs données ne soient pas assez sécurisés. Se pose ainsi dans la thématique de l’e-santé, la question de protection des données personnelles de santé sensibles au regard de la loi et donc soumises à une protection plus particulière.