Le Forum NxSE revient pour sa troisième édition les 9 et 10 octobre prochains. Inédit, celle-ci aura lieu, non pas sur l’île de La Réunion comme les deux éditions précédentes, mais à Paris. « On s’est dit qu’il y a un intérêt à se rapprocher de cette cible pour (…) faire connaitre la filière et les qualités intrinsèques du marché réunionnais, mais aussi celui du grand Océan Indien et de l’Afrique australe », explique Philippe Arnaud, président de Digital Reunion, organisateur de l’événement. Dans une interview exclusive, il nous explique le but de cet événement ainsi que les principaux temps forts qui le rythmeront.
La première édition du Forum NxSE a eu lieu en 2016. D’où est venue l’idée d’un tel événement et quel est son but ?
L’idée est venue en regardant ce qui se faisait ailleurs. On voit très bien que l’écosystème de l’innovation et du numérique s’appuie sur des événements phares. On en connaissait et d’ailleurs, plusieurs de nos entreprises ont participé à ce type d’événements en dehors de La Réunion. Donc on a décidé de créer un événement qui serait d’abord un business forum : un événement des entreprises fait par les entreprises et pour les entreprises. On voulait créer et ancrer à La Réunion un rendez-vous commercial qui permet de croiser différents courants d’affaires qui sont sur l’île, mais aussi dans l’Hexagone, en Europe, en Afrique. Et enfin, on voulait en faire un rendez-vous annuel dédié à cet écosystème d’entreprises qu’on souhaite faire grandir.
Pourquoi avoir pris la décision d’organiser la troisième édition à Paris ?
Ça fait effectivement deux ans qu’on organise le Forum NxSE à La Réunion. On a constaté que c’est un événement qui participe aujourd’hui à l’attractivité de notre filière et de notre territoire. En analysant les chiffres des éditions précédente, en 2017 par exemple, nous avons eu plus de 700 participants dont une centaine hors de La Réunion, essentiellement Afrique et Océan Indien. Malheureusement, on s’est rendu compte qu’on n’avait pas ou très peu de participation au départ de l’Hexagone : une vingtaine de participants. De là, on s’est dit qu’il y a un intérêt à se rapprocher de cette cible pour, au moins sur une édition, faire connaitre la filière et les qualités intrinsèques du marché réunionnais, mais aussi celui du grand Océan Indien et de l’Afrique australe.
Quels seront les temps forts de cette troisième édition ?
On a souhaité faire une édition qui soit un business forum, à l’image de ce que nous avons fait l’an dernier, mais avec une touche particulière concernant cette édition parisienne en faisant en sorte de l’intégrer dans un ensemble de temps forts justement. Il y a cinq étapes clés et l’idée est d’accueillir en amont, huit fonds d’investissement hexagonaux lors d’un road show investisseur à La Réunion. Cela va leur permettre de rencontrer l’écosystème, les entreprises, les start-up. Au retour sur Paris, on organisera un pitch en vol ou « pitch en lèr », avec les start-up qui auront candidaté pour ce pitch et qui participeront au Forum NxSE à Paris, et les fonds d’investissement qui deviendront des ambassadeurs de La Réunion.
Ensuite, nous aurons l’atelier NxSE qui s’ouvre le 9 octobre au soir et jusqu’au lendemain, toute la journée. Et entre l’arrivée des Délégations et le démarrage de NxSE, on organise un Paris Tech Tour pour visiter les principaux incubateurs thématiques de Paris. Les entreprises réunionnaises pourront ainsi s’inspirer de leurs pratiques et savoir-faire, mais aussi échanger avec des entreprises qui ont une appétence pour le grand marché de l’Océan Indien.
Depuis la création de l’association en 1997, vous avez pu voir l’évolution de la filière numérique à La Réunion. Comment se porte la Tech réunionnaise aujourd’hui ?
Tous les trois ans, la Région Réunion mène une étude des filières qui permet d’avoir une cartographie instantanée de l’état d’une filière. La dernière étude date de 2016 et montre un écosystème qui est en constante croissance et qui pèse 1,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, essentiellement réparti entre les acteurs de la convergence (opérateurs téléphoniques et la télévision) pour quasiment la moitié de ce chiffre, et pour l’autre moitié, ce sont les entreprises de service numérique : les start-up, les entreprises de formation, les entreprises de conseil, … La filière représente aussi 500 entreprises pour un peu moins de 5000 salariés.
Cette filière a toujours été un peu exportatrice et travail déjà à l’international et vers l’Hexagone. D’ailleurs une grande part de ces exportateurs exportent vers l’Hexagone, d’où aussi l’idée de se déplacer à Paris. Il y a un gros travail qui est fait avec les collectivités territoriales, notamment la région et les EPCI, et l’État, pour encourager les entreprises de La Réunion à s’insérer dans leur environnement régional. D’où le positionnement de NxSE sur l’Afrique australe et de l’est et l’Océan Indien. Je prends l’exemple de deux entreprises réunionnaises déjà présentes sur plusieurs continents comme Orika (logiciel pour les caisses enregistreuses), présent au Maroc, en Bourgogne, en Europe. Il y a aussi une entreprise dans le domaine des logiciels pour le secteur aérien, Cirrus, qui a plus de 15 ans d’expérience à l’international, avec une cinquantaine de compagnies aériennes clientes sur les cinq continents.
Digital Reunion, représenter et dynamiser la filière numérique de La Réunion
Digital Reunion est une association dont la mission est de représenter la filière numérique à La Réunion. De ce fait, nous avons des missions assez similaires au Syntec Numérique auquel nous sommes affiliés. Aujourd’hui, l’association a 20 ans. Quand on l’a créée en 1997, elle avait un autre nom : ARTIC pour Association réunionnaise des Technologies de l’Information et de la Communication. Nous avons préféré le nom de Digital Reunion qui reflète bien, à la fois, la vocation de la filière digitale et le positionnement à La Réunion.
Le but de l’association c’est de dynamiser l’écosystème en faveur des entreprises du numérique, essentiellement en investissant sur trois leviers. Un premier levier très important qui concerne les métiers et les compétences, qui nourrit les entreprises en compétences pour qu’elles grandissent. Nous travaillons avec les écoles pour nous assurer que leurs offres de formation correspondent aux besoins des entreprises du numérique à La Réunion.
Le deuxième levier, c’est l’innovation. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons fait en sorte que La Réunion candidate au label French Tech, notamment dans la e-santé. L’idée étant que les entreprises qui se développent sont celles qui innovent. Il faut donc favoriser tous les dispositifs qui ont un impact favorable sur l’innovation au sein des entreprises. La French Tech fait partie de ces dispositifs.
Le troisième levier, c’est le développement à l’international. On part du constat que le marché réunionnais est limité et que les entreprises ont vocation à se développer dans la zone Océan Indien et en Afrique. C’est notamment le travail que nous faisons avec le forum NxSE.