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Depuis le 1er janvier 2020, une nouvelle taxation est fixée sur le prix du rhum vendu localement aux Antilles. Une imposition qui a de nombreuses conséquences pour les producteurs du rhum qui craignent une baisse de leurs chiffres d’affaire mais également la concurrence des rhums étrangers.
« La VSS (vignette Sécurité sociale) va augmenter pendant 6 ans. Le rhum d’ici 6 ans, va coûter 13 à 14€ que par le mécanisme des taxes sans que le distillateur ne gagne rien en plus » alerte Hervé Damoiseau, producteur du rhum du même nom sur MediaKa.
La vignette Sécurité sociale, également appelée cotisation Sécurité sociale (qui s’applique aux spiritueux qui titrent plus de 18°), est l’une des trois taxes avec les droits de consommation et la TVA sur le prix de vente d’une bouteille d’alcool. En outre-mer, pour maintenir l’activité du secteur, cette cotisation de la Sécurité sociale bénéficiait d’un taux réduit. Elle était fixé à 40 euros contre 559€/hectolitre d’alcool pur.
Dans la lutte contre l’alcoolisme, le gouvernement a instauré un alignement de la fiscalité des spiritueux en outre-mer sur celle de l’Hexagone dans le cadre d’un article de la loi de financement de la Sécurité Sociale 2019. Un argument qui ne passe pas pour Hervé Damoiseau. « Madame Buzyn a menti à l’Assemblée nationale en prétendant qu’il fallait augmenter la vignette de sécurité sociale sur le rhum parce qu’il y avait un problème d’alcoolisme en Guadeloupe. Une étude prouve que l’alcoolisme en Guadeloupe est inférieur en Guadeloupe» poursuit-il.
En effet, Santé Publique France a dévoilé le 14 janvier le classement des régions françaises où la consommation quotidienne d’alcool est la plus importante. Résultats: L’Occitanie (12,6%), la Nouvelle-Aquitaine (12,3%) et les Hauts-de-France (11,5%) figurent dans le trio de tête. En revanche, les régions ultramarines sont celles où la consommation quotidienne est la moins importante : 5,2% en Guyane, 5,8% à La Réunion, 6,9% en Guadeloupe et 7% en Martinique.
Les producteurs de rhums en Guadeloupe craignent l’impact économique de cette mesure sur leur activité. « On se bat pour l’instant mais si c’est le cas, il n’y aurait plus d’intérêt à avoir des distilleries en Guadeloupe et en Martinique, et que nous irons produire à l’étranger pour pouvoir baisser nos coûts de revient» souligne Hervé Damoiseau en ajoutant que «la France devait être fière d’être à la fois premier producteur mondial de cognac, d’armagnac, de calvados et rhum.»