Francis Lignières, Président des Producteurs de bananes de Guadeloupe fonde beaucoup d’espoir sur le projet « Cap 100 000 tonnes de bananes » d’ici 2020. Une opération où chacun trouve son compte selon lui. Explications.
Le Conseil Régional de la Guadeloupe et le groupement des Producteurs de bananes ont élaboré le projet « Cap 100 000 tonnes de bananes » en début de semaine. Discuté depuis trois ans, ce projet ambitieux vient de franchir une nouvelle étape avec l’affirmation du soutien de l’exécutif régional à la filière dans ce dossier. Pour Francis Lignières, il s’agit d’une « opération gagnant-gagnant » pour les deux parties. D’un côté la collectivité locale finance les 23 000 tonnes supplémentaires pour garantir le quota d’exportation. De l’autre côté, la filière banane s’engage à créer 500 emplois directs pour des jeunes de moins de 25 ans et l’installation de 40 jeunes agriculteurs.« Ce n’est pas une promesse que nous avons eu de vue d’esprit. Pour planter 650 hectares de bananes, il faut compter à peu près un homme à l’hectare. Ces 500 emplois-jeunes représentent annuellement en coût de masse salariale, 9 millions d’euros. L’augmentation des 23 000 tonnes supplémentaires est donc une contribution financière de 9 millions d’euros en salaire de la part des planteurs », précise Francis Lignières. Un signal fort dans un département où le chômage touche un jeune sur deux et où le secteur agricole connaît de grandes difficultés.
Entre productivité florissante et paradoxe bruxellois
L’augmentation du quota d’exportation de bananes d’ici 2020 apparaît comme un nouveau bond et fait espérer aussi pour la filière professionnelle une meilleure rémunération des ouvriers. Aujourd’hui, ce quota de 77 tonnes obtenu à l’arraché est aujourd’hui insuffisant. Cependant, dépasser ce tonnage ne donne pas accès à la compensation de la Commission Européenne. Le paradoxe est tel que certains producteurs ayant produit en surplus, sont contraints de restreindre de manière stricte leurs activités en surface d’exploitations et en emplois. « En 2014, 64 planteurs ont produit 5000 tonnes de plus que le quota. Ces 64 planteurs qui ont servi de « locomotives » au secteur en investissements massifs et création d’emplois, n’ont pas reçu de compensations. Ils sont aujourd’hui confrontés à d’importantes difficultés financières », affirme Francis Lignières. Un manque à gagner considérable lorsque l’on sait que l’aide compensatoire de Bruxelles constitue 40% du salaire du producteur. « Sans cette aide, le planteur est financièrement condamné. Résultat pour l’année 2015, nous allons avoir une diminution de la production renforcée par une sécheresse très dure » poursuit le producteur guadeloupéen. Un exploitant agricole doit produire au moins 300 tonnes de bananes en Guadeloupe pour dégager le SMIC et vivre décemment.
« Un tournant à prendre »
Avec le projet « Cap 100 000 tonnes », l’espoir est donc immense pour ces professionnels passionnés par leur métier. « C’est aujourd’hui qu’il y a un tournant à prendre. Les retombées économiques sont là et intéressantes pour le monde ». Le secteur bananier constitue le premier employeur du secteur agricole sur l’île. Atteindre une capacité de production de 100 000 tonnes est tout -à- fait atteignable du fait d’une très forte demande de la banane antillaise. « D’autant plus, nous avons un marché demandeur de cette banane. On ne produit pas de la banane pour essayer de la placer. Bien au contraire, elle est déjà placée avant de la produire. Alors pourquoi laisser la place à d’autres territoires extérieures du continent américain ou africain sur le marché français ! » termine Francis Lignières Des perpectives économiques promettent encore de belles années à la filière.
Retrouvez ici l’interview de Francis Lignières, Président du Groupement des Producteurs de Bananes de Guadeloupe.