©Air France
Face à une grève des Personnels navigants commerciaux (PNC) débutée ce vendredi 10 novembre en Polynésie française, la direction régionale d’Air France a menacé de suspendre sa desserte sur Tahiti. Deux vols ont déjà été annulés à la dernière minute et les passagers non-résidents ont été relogés ou rapatriés sur un vol d’Air Tahiti Nui.
Déposé le 31 octobre dernier, le préavis de grève des syndicats Usaf-Unsa d’Air France, majoritaire, est effectif depuis ce vendredi 10 novembre, faute de protocole d’accord avec la direction de la compagnie. Les syndicats réclament, entre autres, le respect d’un protocole d’accord signé il y a un an et la régularisation de leur bulletin de salaire. En raison d’un nombre insuffisant de PNC pour assurer le vol, un premier Papeete – Los Angeles prévu vendredi dernier est parti sans les quelques centaines de passagers. La compagnie a notamment pris en charge les touristes non-résidents en les relogeant dans les hôtels de Tahiti.
Ce dimanche matin, un second vol a été annulé et sur les 260 passagers prévus, 110 ont été programmés sur un vol affrété par Air Tahiti Nui le même soir, indique Radio 1 Tahiti. « Ma mère est gravement malade et je veux rentrer à la maison ! », s’est alarmée une passagère américaine. « Je ne sais pas si je vais partir ce soir et peut-être que je devrai attendre trois jours supplémentaires ». Un prochain vol est prévu mercredi, sans pour autant être sûr qu’il partira avec des passagers à bord. « Nous pensons à ces gens, ce que nous faisons n’est pas dirigé contre eux et l’on a conscience que c’est difficile », a reconnu le délégué syndical Usaf-Unsa, Bertrand Courtade, au site Tahiti-infos. Les appareils décollent à vide afin d’assurer d’autres liaisons.
Vers une suspension de la desserte ?
« J’appelle le syndicat Usaf/Unsa et tous les PNC de la base à Papeete à la responsabilité et à lever le préavis de toute urgence », a déclaré le directeur régional de la compagnie Alex Hervet. « Nous ne pouvons pas décemment amener des touristes si nous ne savons pas leur offrir un retour chez eux et il en est de même pour les clients polynésiens. En conséquence, si le mouvement était maintenu, Air France étudie toutes les solutions, mais devra probablement suspendre la desserte de Tahiti », prévient-il. Contrairement à l’Hexagone, « il n’y a pas d’obligation de se déclarer gréviste » en Polynésie. « On ne peut le savoir qu’une heure avant, c’est pour cela qu’on ne peut prendre la décision qu’une heure avant le vol », s’agace-t-il.
« A Paris, l’effectif global a diminué en quatre ans de 13 000 personnes et ici on a réussi à maintenir l’effectif depuis trois ans. On a embauché cinq hôtesses et stewards », a souligné Alex Hervet. « Nous avons interpellé les personnes concernées et l’on a eu aucun retour (…). Il faudrait que tout le monde prenne ses responsabilités et que l’on mette les choses à plat autour d’une table. Le compromis, c’est la vie. Je vois beaucoup d’inégalités et cela est intolérable », s’est défendu de son côté Bertrand Courtade. En 2012 déjà, la compagnie laissait supposer un arrêt de la desserte de Tahiti, mais pour des raisons plus commerciales.