Dominique Vienne, Président de la CPME, répond aux questions d’Outremers360 ©Johny Abitbol
En ce début d’année, Dominique Vienne, Président de la CPME Réunion, fait le bilan de l’année 2017, entre l’étude REELLE, la Stratégie du Bon Achat ou encore, l’application de la loi NOTre. Et avant de présenter officiellement les vœux 2018 de la CPME, Dominique Vienne présente en exclusivité pour Outremers360, les grands enjeux et chantiers qui attendent l’économie réunionnaise en 2018.
Outremers360 : Quel bilan pouvez-faire de l’action de la CPME Réunion en 2017 ?
Dominique Vienne : En 2017, on a contribué à éclairer plus fortement ce qu’est l’économie locale. On en parle beaucoup, mais qu’est-ce que réellement l’économie locale ? Soyons tous conscients qu’il s’agit d’abord du premier actif d’un territoire. Regarder l’économie locale, c’est regarder quelque chose dont on parle tout le temps mais qu’on oublie de valoriser et de mettre en priorité dans les politiques publiques ou dans nos comportements d’achat en tant que citoyens.Ce sont les savoir-faire locaux, les traditions, la culture, les associations…
En 2017, la CPME est fière d’avoir œuvré, avec la Stratégie du Bon Achat (SBA), pour que celle-ci devienne une démarche systématique dans l’achat public à La Réunion, pour que nos entreprises locales soient retenues et puissent exprimer leur talents. Le deuxième chantier, c’est l’étude REELLE, où l’on a révélé, ré-enraciné l’économie locale, et montré à l’ensemble des forces vives du territoire que cet actif est sous nos yeux, à portée de main.
D’un point de vue plus interne, nous sommes aussi fiers que l’équipe CPME se soit agrandie et professionnalisée. Nous avons su parler aux entrepreneurs de l’économie réelle et leur nombre a fortement augmenté en 2017. C’est aussi à cela que sert un syndicat, c’est la force du nombre.
De façon plus globale, que retenez-vous de l’année 2017 ?
Si j’écoute le bruit le plus assourdissant, que tout le monde a entendu, c’est évidemment l’élection présidentielle. Maintenant, il y a aussi un signal faible a entendre et qui peut m’inquiéter, c’est le statut quo de la loi de Finances 2017 alors que nous avons besoin d’une grande loi Océanique pour nos territoires.
Maintenant, j’ai envie de garder l’attitude CPME, et je dirais qu’il y a toujours des opportunités à saisir et des propositions à faire. Donc, je retiendrai en 2017, le lancement de la loi NOTre, qui est la 3ème loi de décentralisation, et qui donne encore plus de pouvoir aux territoires. En effet, en 1986, il y a eu la 1ère loi de décentralisation, passant de la centralisation à la régionalisation et aujourd’hui, on passe de la régionalisation à la territorialisation avec la loi NOTre. Plus précisément dans cette loi, il y a le SRDEII, le schéma régional de développement économique, d’internationalisation et d’innovation, qui a été voté le 19 mars 2017. C’est un événement passé assez silencieusement, mais qui est pour moi, quelque chose d’important pour le territoire.
Si j’ai un vœu à formuler, c’est qu’on se saisisse de ce schéma régional de développement économique, d’internationalisation et d’innovation, car c’est là que se situe une partie de notre potentiel. En outre-mer, nous avons peut-être eu l’habitude, d’aller à l’aéroport pour connaître notre sort, ou devant les grilles de la préfecture pour se plaindre de celui-ci. Avec la loi NOTre, nous avons l’occasion d’affirmer nos choix, nos ambitions et nos décisions et de les affirmer tous ensemble à Paris.
Revenons à l’étude REELLE : quelles seront les actions à venir sur ce sujet ?
L’étude REELLE est une d’abord une photographie. Maintenant, nous allons passer à la dynamique REELLE : c’est-à-dire à partir de cette cartographie, proposer une dynamique des acteurs du territoire : la Région, l’Etat, les cinq EPCI, les trois inter-consulaires, les syndicats de salariés et les syndicats interprofessionnels. Nous devons maintenant prioriser les résultats de l’étude : par quoi on commence, qui fait quoi et avec quels moyens ? L’étude REELLE c’est prévoir, la dynamique REELLE c’est agir.
C’est une stratégie qui sera longue et très souvent silencieuse, mais cela ne voudra pas dire que nous ne serons pas sur la bonne trajectoire.
Quelles seront les grandes dates de la CPME Réunion en 2018 ?
En 2018/2019, le cheval de bataille de la CPME sera l’engagement. On a contribué à créer un cadre avec l’étude REELLE, qui est une façon de regarder notre territoire, c’est un nouveau regard. C’est pour une fois un regard de potentiel et non pas de handicap. Nous n’avons pas posé une énumération de statistiques de chômeurs ou, de distance. Nous avons posé des statistiques de potentiels de nos filières et de notre territoire.
Maintenant on va mettre l’accent sur le carburant de cette étude : l’engagement. Les vœux de rentrée de la CPME seront autour de l’entrepreneur engagé. Nous ferons intervenir un spécialiste du sens de l’engagement et pourquoi s’engager, Jean-Éric Fray.
Selon moi, il y a quatre niveaux au fait d’appartenir à une cause, ou à un territoire : physiquement car je vis à la Réunion, utilitairement car je travaille à la Réunion, affinitairement car j’ai de la famille à la Réunion et identitairement car je contribue à un projet réunionnais. Je crois qu’il faut chacun œuvrer dans nos actes, pour contribuer à un projet de territoire qui se dessinera au contour de nos actions communes. Cette dimension, la CPME va l’incarner dans les 200 mandats qu’elle occupe et dans toutes ses actions, au nom des entreprises qu’elle représente.