Avec 25 700 salariés travaillant dans ce secteur fin 2015 à La Réunion, la sphère de l’économie sociale et solidaire (ESS) est dynamique mais reste toutefois fragile selon une récente étude de l’Insee de l’Océan Indien présentée ce mercredi 17 avril.
Dans un territoire caractérisé par un manque d’emplois et un taux de pauvreté élevé, l’économie sociale et solidaire apporte une réponse aux problématiques sociales de l’île tout en constituant un tremplin vers la création d’emplois dans l’ensemble de l’économie. Parmi les Réunionnais âgés de 15 à 64 ans, 4,6 % exercent dans la sphère de l’ESS. C’est moins que dans les régions métropolitaines de province. L’île est ainsi l’un des départements où le taux d’emploi dans l’ESS est le plus faible. Elle devance toutefois la Guyane (2,7 %) et la Corse (4,1 %), ainsi que les départements entourant Paris (entre 3,1 % et 4,7 %), et est équivalente aux Antilles (4,9 %) ou à certains départements du Sud de la France comme le Var ou les Alpes-Maritimes.
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L’action sociale porte la dynamique d’emploi de l’économie sociale et solidaire
Un développement moindre de l’ESS qui s’explique par la structure sectorielle de ce secteur dans le département. En effet, en raison d’une population en moyenne plus jeune et plus défavorisée qu’ailleurs, les emplois dans l’action sociale et les « autres services » sont bien plus nombreux à La Réunion. Avec 13 000 emplois, ils représentent 60 % de l’ESS, contre 49 % en province. Les activités culturelles et récréatives (clubs de sport, écoles de musique…) sont elles aussi davantage présentes au sein de l’ESS réunionnaise : 8 % des emplois contre 5 % en province.
En outre, les secteurs des services de soutien aux entreprises, de l’information communication et des activités immobilières sont deux fois plus développés au sein de l’ESS réunionnaise : 8 % des emplois contre 4 % en province. Il s’agit par exemple de services de nettoyage proposés par des associations, alors qu’ils relèvent davantage d’entreprises classiques en province.
L’enseignement privé étant peu répandu à La Réunion, le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle est nettement moins présent qu’en province ou qu’aux Antilles : il ne regroupe que 9 % des emplois (ETP) de l’ESS à La Réunion, contre 14 % aux Antilles. Le secteur de la santé est lui aussi moins développé dans l’ESS réunionnaise, en lien avec une population plus jeune, nécessitant moins de soins de santé : les 75 ans et plus représentent 4 % de la population réunionnaise, contre 10 % en province.
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Des associations dépendantes de l’aide publique
Intervenantes majeures dans l’action sociale et dans les « autres services » à vocation majoritairement sociale, les associations occupent une place prépondérante au sein de l’ESS comme partout ailleurs. Elles rassemblent à elles seules 17 800 emplois sur les 21 800 emplois de l’ESS.
L’ESS réunionnaise dépend fortement des aides publiques et des emplois aidés. En effet, fin 2015, 8 300 salariés de l’ESS sont en emploi aidé à La Réunion, soit 32 % des salariés de la sphère. C’est bien plus qu’en province ou aux Antilles (9 % et 16 % respectivement)
En lien avec cette forte dépendance aux emplois aidés, qui sont des emplois à temps partiel rémunérés au Smic, les conditions d’emploi sont plus précaires dans l’ESS que dans le reste de l’économie. Les emplois à temps partiel y sont deux fois plus fréquents (39 % contre 22 %), notamment dans le secteur de l’aide à domicile. Les salaires offerts y sont nettement inférieurs : 12,20 euros par heure en moyenne contre 14,60 euros ailleurs. Le salaire horaire est particulièrement faible dans les associations : 11,30 euros par heure.
Les associations sont de fait les structures qui sont les plus concernées par les évolutions apportées aux dispositifs d’emplois aidés ces dernières années : forte baisse du nombre total de contrats aidés ou de dispositifs d’insertion par l’activité économique entre décembre 2016 et décembre 2018 (de 28 000 à 15 600).
Par ailleurs, les structures de l’ESS sont moins pérennes à La Réunion qu’en province. Entre 2010 et 2015, pour 350 établissements qui entrent dans le périmètre de l’ESS chaque année en moyenne, 270 en sortent. Au final, seuls 57 % des établissements existants en 2010 sont toujours en activité en 2015, contre 66 % en province.