L’INSEE (Institut National de statistiques et d’études économiques) vient de publier une première étude sur la collectivité de Saint-Martin. Attendue par les institutions et les socio-professionnnels, le document met en exergue un territoire complexe.
C’est un document qui tombe à pic pour les candidats à l’élection territoriale ! Dans ce rapport, l’INSEE y dresse un bilan contrasté sur trois domaines particuliers: l’angle démographique, le marché économique et le contexte social. Sur le premier point, la collectivité de Saint-Martin connait depuis les années 2000 une diminution de la population. « Cette baisse s’explique par le solde migratoire négatif des natifs de Saint-Martin, quel que soit leur âge, avec un pic chez les jeunes adultes qui quittent le territoire pour leurs études et/ou leur travail », note ce document. A contrario, l’île voit son taux d’immigration augmenter. « En 2012, un tiers de la population saint-martinoise est immigrée, principalement d’origine haïtienne ».
L’étude révèle également un autre contraste sur le plan du marché du travail. En effet, si l’île détient un taux d’activité élevé avec 75 % des Saint-Martinois de 15-64 ans se déclarant actifs, le taux de chômage reste lui aussi élevé. « Le taux de chômage déclaré au recensement a augmenté de 9 points en 5 ans. Il atteint 33 % en 2012, contre 29 % en Guadeloupe ». Les raisons sont multiples pour expliquer ce contexte: chômage élevé chez les jeunes, niveau de formation faible et tourisme en perte de vitesse face à Sint-Maarten. A cela s’ajoute également une précarité sociale importante. « En 2012, un quart des ménages saint-martinois sont des familles monoparentales. Six habitants sur dix sont couverts par une prestation de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). »
« Un manque criant de statistiques »
Présentée par Jean-Eric Place, responsable de l’Institut National de Statistiques et d’Etudes Economiques (INSEE) de la Guadeloupe, cette étude vient combler « un vide statistique » sur la situation socio-économique de Saint-Martin.« Depuis que je suis à la tête de cette Collectivité, je n’ai cessé de rappeler le manque criant de statistiques à Saint-Martin », a souligné Aline Hanson, présidente de la Collectivité de Saint-Martin. Cette dernière signale que Saint-Martin est actuellement la seule RUP (Région ultra-périphérique) d’Europe à ne pas avoir d’Antenne de l’INSEE, « alors même que des collectivités comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie disposent d’instituts territoriaux de statistiques et que notre voisin Sint-Maarten, qui est un PTOM (Pays et territoire d’Outre-mer), possède lui aussi une antenne ».La préfète Anne Laubie assure également que « ce diagnostic territorial est un support dont nous avons besoin. Support qu’il conviendra de compléter et de multiplier », tout en ajoutant que « Saint-Martin est un petit territoire complexe et il faut pouvoir tenir compte de cette complexité pour avoir les décisions et les réponses qui soient les plus adaptées ».