Économie : Le Covid-19 a provoqué un « choc massif » en Outre-mer

Économie : Le Covid-19 a provoqué un « choc massif » en Outre-mer

Alors que la période de déconfinement est effective sur l’ensemble du territoire national, les Instituts d’Émission d’Outre-mer (IEDOM/IEOM) ont fait le point sur les perspectives économiques pour les territoires ultramarins, laissant entrevoir une année 2020 qui va compromettre le rattrapage poursuivi en 2019. 

Si les Instituts sont prudents sur la durée de la crise, ils notent toutefois un impact important sur l’économie ultramarine, dépendante notamment du tourisme sur de nombreux territoires. Ainsi, alors que l’Indicateur du climat des affaires (ICA) était au beau fixe en 2019 sur tous les territoires, malgré quelques contrastes, celui-ci est en chute libre sur les trois premiers mois de l’année, confirmant que « les entrepreneurs entrevoient un choc massif sur leurs affaires ».

Les Instituts observent également « des pertes d’activités instantanées très importantes ». Elles vont de -44% en Nouvelle-Calédonie à -18% à Mayotte. On souligne toutefois qu’il s’agit là de prévisions et que le tissu économique propre à chaque territoire tend à modifier cette tendance. Ainsi, si la Nouvelle-Calédonie affiche le taux de pertes d’activités instantanées le plus important, il peut être amorti du fait de l’importance du secteur industriel essentiellement minier dans l’emploi local (21,3%), un secteur « résilient », par rapport au poids moindre de l’hôtellerie-restauration (7%) lié au tourisme.

A contrario, si la Polynésie affiche des pertes d’activités instantanées de l’ordre de 34%, ce taux pourrait être accentué par le poids du tourisme dans le PIB de la Collectivité (15%) et dans l’emploi (12%). En outre, la Polynésie est dépendante à 41% du marché nord-américain et le manque de visibilité quant à une éventuelle réouverture des frontières va peser dans la baisse du PIB de la Collectivité, qui pourrait prévisionnellement être plus importante par rapport aux autres Outre-mer (-6%). Cette tendance pourrait aussi s’observer à Saint-Martin, où le marché nord-américain représente 48% de la fréquentation touristique.

Dans les Départements et Régions d’Outre-mer, la France hexagonale représente entre 56 et 80% de la fréquentation touristique. Par conséquent, les Instituts espèrent un impact moins important avec une réouverture des liaisons Hexagone-DROM probablement en juin, et soutenues par un tourisme affinitaire. Bien évidemment, l’ensemble du tissu touristique ultramarin demeure touché par la crise. Malgré un l’effet amortisseur des continuités territoriales, les fréquentations ont baissé de 34,6% entre l’Hexagone et les Outre-mer, et de 61,5% entre les Outre-mer et l’international.

Une crise accentuée par « les fragilités structurelles »

Autres indicateurs : le montant des impayés a augmenté sur tous les territoires, notamment en Martinique et à La Réunion, mais pas en Guyane où ce montant est relativement bas. Sur la base des paiements par carte bancaires, les Instituts notent aussi une consommation des ménages qui s’est contracté, essentiellement pendant le confinement.

Les Instituts constatent que la crise économique liée à la crise sanitaire du Covid-19 « pourrait accentuer les fragilités structurelles des Outre-mer ». En effet, le tissu économique, majoritairement composé de PME et TPE, était en rattrapage jusqu’en 2019 mais avec encore des difficultés liées notamment à des taux de rentabilité parfois très faibles dans certains secteurs (construction, transports par exemple) ou encore, les délais de paiements qui fragilisent les entreprises et incitent à recourir aux crédits de trésorerie. Enfin, la dépendance des importations à l’Hexagone et la faible intégration régionale risque d’accentuer les effets de la crise sanitaire.

Les PGE en Outre-mer : 

Pour faire face à la crise, les entreprises ultramarines ont pu faire appel au Prêt garanti par l’État. Durant cette crise, le montant total des PGE accordés en Outre-mer s’élève à 1,458 milliards d’euros, avec une part importante pour La Réunion (575 millions d’euros). En nombre de bénéficiaires, 8 083 entreprises ont été bénéficiaires de ces PGE, avec là encore, une part importante pour La Réunion (3 752).