©Tim McKenna
Et ils ne l’attendaient plus ! Depuis le début des années 2000, le territoire d’Outre-mer connait une crise politique et économique sans précédent. En 2015 cependant, l’économie polynésienne aurait « renoué avec la croissance », même si elle reste fragile (1 à 1,5%), a indiqué jeudi l’Institut d’Emission d’Outre-mer (IEOM), qui joue le rôle de banque centrale dans les collectivités françaises de l’océan Pacifique.
L’emploi salarié marchand a progressé de 0,2% en 2015, alors qu’il était en baisse continue depuis sept ans. Cependant, les quelques centaines d’emplois créés ne compenseront pas les 9.000 emplois détruits depuis fin 2007. Mais, selon l’IEOM, ils sont une lueur d’espoir dans cette collectivité autonome de 280.000 habitants qui ne compte que 70.000 salariés. Le taux de chômage est estimé à 21% et il n’existe en Polynésie française aucune allocation chômage. Cette absence d’amortisseur social explique en partie le surendettement de nombreux ménages polynésiens. Les créances douteuses s’élèvent à 7,7% pour les particuliers et à 20,1% pour les entreprises.
Les secteurs qui embauchent le plus sont le bâtiment et le tourisme, première ressource économique locale. D’après une récente étude de l’Institut des Statistiques de la Polynésie française (ISPF), le secteur du bâtiment aurait créé 325 emplois nets sur la période janvier-septembre 2015, avec un chiffre d’affaires qui s’élève à environ 300 millions d’euros. Le secteur primaire, en revanche, continue à perdre des emplois, précise l’Institut. L’IEOM relève aussi un frémissement de la consommation : les importations ont augmenté en 2015 pour les produits alimentaires (+3%) et non alimentaires (+4%). Les ménages restent toutefois prudents : les crédits à la consommation reculent de 9%, tout comme les immatriculations de voitures (-8%).
Le pouvoir d’achat augmente grâce à une « inflation négative ». L’IEOM refuse de parler de déflation, les produits alimentaires étant toujours plus chers (+2,4%). Mais d’autres secteurs-clefs, comme les transports (-4,2%), l’énergie et le logement (-2,4%) connaissent des baisses de prix significatives. La semaine dernière, Teva Rohfritsch, ministre polynésien de la Relance économique, annonçait un réforme « de grande ampleur » de la liste des produits de première nécessité. Une réforme qui devrait voir baisser de moitié cette liste, ne laissant essentiellement que des produits alimentaires et non-nuisibles à la santé.
Cette légère embellie devrait se poursuivre en 2016 : « les chefs d’entreprises sont plus confiants en l’avenir depuis que le doute sur la défiscalisation est levé, et il y a des actions concertées du Pays (la Polynésie française, NDLR) et de l’Etat vers le logement social pour avoir un effet d’entraînement sur le bâtiment et pour créer des emplois » a déclaré à l’AFP le directeur de l’IEOM, Pierre-Yves Le Bihan. Il reconnaît toutefois que cette amélioration ne résoudra pas la fracture sociale, importante en Polynésie française. Près de 20% des Polynésiens vivaient sous le seuil de pauvreté en 2009 (dernière étude en date) et cela « s’est aggravé ces dernières années » selon l’IEOM. Papeete compte plusieurs centaines de SDF, un phénomène encore marginal au début des années 2000.
Avec AFP.