©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie
Le président du gouvernement calédonien, Philippe Germain, a rencontré les responsables du secteur du BTP, hier soir, en présence des partenaires sociaux. Une réunion qui faisait suite à un échange de courriers musclés entre l’institution et la fédération du BTP qui tire la sonnette d’alarme sur la situation économique actuelle. Tard hier soir, le gouvernement a proposé un plan de soutien en plusieurs phases pour le secteur, rapportent nos confrères de la Dépêche de Nouvelle-Calédonie.
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y avait au départ un désaccord sur les chiffres. Quand le président du gouvernement Philippe Germain annonçait « sur la période 2019-2020 environ 280 milliards de francs d’investissements publics et privés », le BTP, de son côté, en annonce 20,4 milliards alors qu’il aurait besoin d’un chiffre d’affaire annuel de « 100 milliards pour maintenir son activité et ses emplois », précisent les professionnels. La réunion ne démarrait donc pas sur les meilleurs auspices. Après plusieurs heures, alors qu’aucune des parties n’a souhaité s’exprimer, le gouvernement a envoyé un communiqué intitulé « Un plan de soutien pour le BTP ». Que contient-il ?
Tout d’abord, il semble que les deux parties se soient accordées un tant soit peu notamment sur les chiffres. Le gouvernement dit partager avec les professionnels le diagnostic avec « un retournement de tendance à compter de 2012 et une baisse de l’emploi salarié dans le BTP depuis cette date ». Mais pour faire face aux critiques, il rappelle que « soucieux de soutenir l’activité, le gouvernement a maintenu un niveau d’investissement public élevé sur toute la période ». Le BTP a bénéficié pour lui « d’une attention toute particulière, laquelle s’est traduite en mesures incitatives en faveur du BTP ».
Un carnet de commande immédiat
Pour le gouvernement « l’enjeu immédiat est d’offrir un carnet de commandes permettant de maintenir l’activité et l’emploi. En lien avec les établissements publics, les provinces, les bailleurs sociaux ». Côté chiffres, le président a affiché un niveau de commandes publiques « de l’ordre de 50 milliards pour 2019, et une perspective identique pour 2020 après avoir recensé, un à un, les différents projets » prêts à démarrer. Un investissement « significatif, puisqu’il représente à lui seul plus de la moitié du chiffre d’affaires des entreprises du secteur ». Et pour apporter des garanties au secteur et « s’assurer de la mise en œuvre rapide des chantiers », le président, Philippe Germain, a nommé un chargé de mission pour coordonner et suivre la commande publique, assurer une visibilité de l’activité du BTP, veiller à l’avancée des grands chantiers et mener à bien la réforme du code des marchés publics en réponse aux attentes des entreprises « pour leur faciliter l’accès à la commande publique notamment ».
Des mesures fiscales
Afin d’inciter le privé à investir rapidement et ainsi soutenir l’activité du BTP, Philippe Germain a rappelé les quatre mesures fiscales exceptionnelles valables sur les trois prochaines années : « baisse significative des droits d’enregistrement, orientation du prêt à taux zéro exclusivement en faveur de la construction de logements neufs dans le Grand Nouméa, hausse du plafond de déductibilité de 500 000 francs à 1 million de francs des intérêts d’emprunt pour le logement neuf dans les communes de l’agglomération, prorogation d’exonération des revenus locatifs pour trois ans ». Des mesures qui seront, selon le gouvernement, proposées jeudi 18 octobre au vote de la commission du Congrès et « appliquées dès 2019 ».
Pour compléter les dispositifs d’incitation en faveur des particuliers désireux d’investir dans du logement neuf, le gouvernement annonce qu’il proposera, très prochainement, « une loi du pays sur la construction d’une maison individuelle dont l’objectif est de protéger les ménages des aléas de chantier et assurer une baisse de prix de la construction ».
Enfin, le président a proposé de maintenir et proroger les dispositifs du PULSE pour aider les entreprises à passer le cap difficile et éviter les licenciements, mais le secteur a déjà annoncé qu’il ne souhaité pas « d’un assistanat durable », mais plutôt de « mises en chantier ». Reste désormais à savoir qu’elle sera la réponse du secteur à ses propositions, sachant que la mobilisation prévue pour se faire entendre ne se fera pas avant le référendum. De quoi laisser du temps pour se mettre d’accord.