Ce jeudi 20 juillet, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie faisait le bilan chiffré des compagnies aériennes Aircalin et Air Calédonie, depuis le début de la crise du Covid-19. Les directeurs des deux compagnies étaient présents afin de faire le point sur la situation jugée préoccupante, principalement pour la compagnie extérieure Aircalin.
Didier Tappero, directeur général d’Aircalin, a annoncé une réduction de 91 % du nombre de passagers transportés, et de 30% de fret. Cela représente une perte de 80% de chiffre d’affaires. En utilisant comme référence le bilan de 2019, la perte de la compagnie Aircalin est estimée à 570 millions de francs CFP par mois (environ 4,8 millions d’euros) depuis le début de la crise. Selon son directeur général, la compagnie internationale calédonienne pourrait « être en cessation d’activité d’ici à la fin de l’année », alors que les vols commerciaux sont toujours suspendu vers et depuis l’archipel.
En mai dernier, la direction de la compagnie avait déjà annoncé un « plan de sauvegarde et de relance » comprenant une réduction de 20% de sa « masse salariale » sur cinq ans, via en premier lieu le « lancement d’un plan de départ volontaire ». Cette réduction de la masse salariale fait économiser 5 milliards de francs CFP à la compagnie, soit 41,9 millions d’euros. Cette réduction de la masse salariale serait assortie à une baisse de 10% des rémunération et un plan de départ à la retraite. Le report des investissements comme l’acquisition de nouveaux appareils ou encore, la suppression de certaines lignes, notamment Melbourne et Osaka, sont également prévus dans ce plan de relance.
Samuel Hnepeune, directeur général de Air Calédonie a indiqué pour sa part une réduction de 40% du nombre de passagers, engendrant une perte envisagée, sur l’ensemble de l’exercice 2020, d’environ 1 milliard de francs CFP (environ 8,4 millions d’euros). Malgré une reprise des activités le 4 mai, la compagnie a réduit son plan de vol, passant de 93 à 69 vols réguliers hebdomadaires. Pour sortir de la crise, la compagnie domestique a dû mettre à contribution ses passagers, en faisant augmenter le prix des vols aller et retour de 1 000 francs CFP (un peu plus de 8 euros). En outre, et comme la compagnie internationale, AirCal prévoit aussi un plan de réduction de la masse salariale de 20%.
Soutien du gouvernement et retour à la normale en 2025
Le gouvernement a estimé qu’il était nécessaire de renforcer les liens entre les deux compagnies dans le but d’en réduire les coûts de fonctionnement, même si l’idée d’une fusion a été écartée. Le Vice-président du gouvernement en charge des Transports Gilbert Tyuienon a, de son côté, rappelé le soutien de la Nouvelle-Calédonie, à travers le dispositif de chômage partiel, qui représente « 40 millions de francs par mois » (335 200 euros). Ajouter à cela, les vols de rapatriement et les vols cargo, financés à hauteur d’1,2 milliards de francs CFP (10,056 millions d’euros) par le gouvernement, ont permis « le maintien d’une activité aéronautique importante pour Aircalin et la Nouvelle-Calédonie ». Plus de 40 millions d’euros ont également été mis sur la table dans le cadre d’un PGE concédé à Aircalin.
Selon la direction de la compagnie internationale, AirCalin devrait retrouver son niveau de trafic 2019 à l’horizon 2025. Une hypothèse partagée par la compagnie domestique. « Alors que la compagnie a toujours été déficitaire depuis sa création, Aircalin a atteint l’équilibre en 2014 et a renoué avec les bénéfices depuis 2015, ce qui lui a permis d’amortir dans un premier temps le choc du Covid-19 », a indiqué AirCalin. En 2019, elle enregistrait un chiffre d’affaire de 19 milliards de Fcfp (près de 160 millions d’euros) et selon sa direction, il lui faudra quatre ans pour revenir à cette somme.
Damien Chaillot et Tenahe Faatau