Economie à La Réunion : La démarche REELLE est « un regard sur les potentiels », explique Dominique Vienne, Président de la CPME Réunion

Economie à La Réunion : La démarche REELLE est « un regard sur les potentiels », explique Dominique Vienne, Président de la CPME Réunion

Dominique Vienne, Président de la CPME Réunion ©DR

Les 30 et 31 octobre, la CPME Réunion va rendre entièrement publique son étude REELLE (Ré-enraciner l’économie locale), dont les premiers enseignements avaient été dévoilés début octobre. Dominique Vienne, Président de la CPME Réunion, qui est à l’origine de cette démarche, explique le but de cette étude qui veut mobiliser « une dynamique territoriale pour transformer les économies insulaires », avec comme « point de départ », « le potentiel de la France océanique, et non ses handicaps ».

Comment vous ai venu l’idée de développer une telle étude ? Quel est son objectif, son ambition principale ?

Dans les territoires insulaires de la France océanique, on s’est toujours posé la question : « comment valoriser les potentiels humains, physiques et culturels des territoires ? ». On a très souvent regardé et définit l’économie et son développement comme étant uniquement dépendant de dispositifs réglementaires. Avec la CPME Réunion, on affirme que le préalable de toute transformation économique et sociale doit d’abord passer par se connaître avant de pouvoir se développer. Par cette démarche nommée « REELLE » (Ré-enraciner l’économie locale), nous avons souhaité poser comme moteur fondamental que le premier actif d’un territoire, c’est sa demande locale.

Début octobre, Dominique Vienne présentait les premiers enseignements de l'étude REELLE aux acteurs économique, politique et sociaux de La Réunion ©CPME

Début octobre, Dominique Vienne présentait les premiers enseignements de l’étude REELLE aux acteurs économique, politique et sociaux de La Réunion ©CPME

Nous rappelons aussi que capter un euro supplémentaire de l’extérieur est tout aussi stratégique que de retenir cet euro arrivé sur le territoire. Si cet euro qui rentre ressort immédiatement car il n’y a pas de valeur ajoutée sur le territoire, c’est une fuite économique. Et l’intention originelle de développement économique et sociale visée par les.flux financiers qui arrivent sur le territoire,n’est pas optimale. Il faut donc simultanément capter un euro à l’extérieur, et faire en sorte à ce qu’il reste sur le territoire, qu’il tourne par un effet multiplicateur. Autrement dit, nous devons maximiser les retombées locales de tout les flux financiers entrants. Cela nécessite d’agir collectivement avec une intensité stratégique forte : mobiliser les acteurs publics comme les Collectivités locales, les entreprises, les syndicats patronaux et salariés, les citoyens, et de tous nous transformer en développeurs économiques locaux.

Une de nos ambitions, au moment où démarre  les Assises des Outre-mer, c’est d’en faire une contribution importante et surtout, de voir comment nous pouvons partager cette approche et cette façon de faire, à l’ensemble des territoires de la France océanique.

Est-ce que l’on pourrait comparer cette démarche à une démarche de développement endogène ?

Ça pourrait y ressembler, mais ce n’est pas ça. Par cette approche, on ne se met non plus en développement linéaire, mais on passe en développement circulaire. C’est un levier qui vient créer plus d’emplois durables, non délocalisables et contribue de facto à la cohésion sociale et à la transition écologique et économique. Avoir des réunionnais qui travaillent crée plus de cohésion sociale et d’ambition collective que d’avoir des citoyens qui dépendent de transferts sociaux. Cette démarche, développée par l’économiste américain Michael Shuman, demande de trouver l’optimale entre la mondialisation et le localisme.

REELLE

Cette démarche a vocation à densifier les secteurs existants et à révéler les secteurs marchands où il faut de la diversification car non présent sur le territoire. Rélocaliser les fuites économiques  renforce aussi la compétitivité des entreprises car elles doivent investir, se former, améliorer leur productivité… Mieux développer l’actif, qui est la demande locale, c’est renforcer l’attractivité du territoire et la compétitivité des entreprises et par la même, leur insertion internationale. Mais ayons en-tête que développer le local, ce n’est pas viser l’autarcie mais chercher surtout l’optimale entre la mondialisation et le localisme.

L’étude, la démarche REELLE c’est donc à la fois, un diagnostic mais aussi des recommandations ? Quelles sont-elles ?

Exactement. C’est aussi une démarche de développement des actifs territoriaux. Il y a deux grands axes dans notre démarche RÉELLE : le premier c’est la densification, le second c’est la diversification. Sur chacun de ces axes, il y a quatre actions stratégiques. Sur l’axe « densifier » par exemple, il y a une piste qui s’appelle « renforcer le BtoC », c’est-à-dire développer l’achat local, en éclairant le consommateur sur l’impact de ses achats.Toujours dans la partie « densifier » mais pour le BtoB, vous avez ce qu’on appelle la stratégie d’achat local dans la commande publique : faire en sorte que la commande publique aille vers les entreprises du territoire.

Sur l’axe « diversifier », il y a par exemple une action stratégique qui s’appelle « mieux accompagner les entreprises », c’est-à-dire, comment développer des locaux d’activités ou des méthodologies d’accueil des entreprises qui leur permette de mutualiser de l’espace, auquel cas nous n’aurons pas d’entreprises car elles n’auront pas les fonds propres pour acheter. C’est déjà une action engagée par la CCIR par sa commission prospectives.

A retenir

C’est bien la transformation des économies locales que nous proposons avec cette démarche RÉELLE . Le carburant de cette démarche sera l’intelligence territoriale et il faudra que chacun, a notre place, mettions en place une dynamique de projets pour transformer les pertes économiques actuelles, en emplois et richesses partageable. C’est une contribution pour une nouvelle dynamique territoriale et pour transformer les économies insulaires en utilisant les potentiels de notre économie locale. En effet, nous avons fait le choix d’avoir comme point de départ d’une nouvelle ambition économique et sociale, le potentiel de la France océanique, et non ses handicaps.

Synthèse de l’étude REELLE