©DR
Routes bloquées, établissements fermées, vols à destination de Cayenne annulés, la crise sociale s’intensifie après trois jours de mobilisation. Une tension sociale qui rappelle le mouvement social qui a secoué les Antilles en 2009, mais qui avait pris naissance en Guyane en décembre 2008. La crise guyanaise de 2008 fut le point de départ d’une série de contestations qui s’est propagée dans les Antilles françaises.
Au fil des heures, la Guyane plonge davantage dans la paralysie. Les administrations comme la Préfecture, le Conseil économique et social et environnemental régional guyanais sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Un vol d’Air France à destination de Cayenne a rebroussé chemin au-dessus de l’Atlantique. Depuis, l’aéroport Félix-Éboué est fermé aux gros porteurs jusqu’à nouvel ordre. L’académie de Guyane a également annoncé la fermeture des établissements scolaires. Le Collectif « 500 frères » fait la tournée des commerces pour leur demander de fermer selon France-Guyane. La crise sociale que traverse la Guyane n’est pas sans rappeler le mouvement contre la vie chère en Guadeloupe et en Martinique en plusieurs points.
Le point sur la situation en #Guyane ce 23 mars à 13h #peyiinfo pic.twitter.com/2KkJkHSksp
— Nicolas Mézil (@nicolasmezil) 23 mars 2017
La naissance d’un ou de plusieurs collectifs
Depuis la mi-février, un collectif nommé le collectif « les 500 frères » mène sur le terrain plusieurs actions pour dénoncer la montée de l’insécurité dans le département. Le 17 mars dernier, son interpellation de la Ministre de l’Environnement Ségolène Royal en pleine conférence international a eu un écho retentissant. La même journée, Ségolène Royal a écourté son déplacement ministériel. Un départ précipité qui rappelle celui d’Yves Jégo alors Secrétaire d’État à l’Outre-Mer convoqué à Paris par François Fillon.En 2009, c’est le collectif Le Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP « Collectif contre l’exploitation outrancière) qui tenait les feux de la rampe est un collectif guadeloupéen qui regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de la Guadeloupe. Ce collectif est à l’origine de la grève générale qui a touché l’île entre le 20 janvier et 4 mars 2009.
Les revendications nombreuses
Comme pour le mouvement guadeloupéen LKP qui portait sur120 revendications touchant tous les secteurs (economie, santé, services publics, etc), la mobilisation guyanaise soutenue par des collectifs de citoyens, met en exergue les différents problèmes auxquels fait face la Guyane. Ainsi, le collectif citoyen kouroucien nommé Les Toukans, exige «le gel de la vente de l’hôpital de Kourou» et protestent contre «l’insécurité». Les Jeunes agriculteurs de Guyane bloquent la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) à Cayenne. Ils dénoncent le non-paiement des subventions et des aides européennes.
Le collectif « Sauvons la Guyane » réclame sur le plan économique, le déblocage du Pacte d’avenir, l’accès aux marchés publics pour les TPE/PME, ainsi que la mise en place d’un plan de développement jusqu’en 2040.
De leur côté, les salariés d’EDF affiliés à l’UTG Eclairage militent entre autres pour davantage d’embauches locales, l’arrêt de la suppression de certains postes.
Ce jeudi 23 mars, Arianespace a annoncé la suspension des lancements de la fusée Ariane. « L’évolution de la situation ne permettant pas la reprise des opérations en vue de la réalisation du lancement VA236, Arianespace a décidé de l’ajourner », a indiqué ce jeudi vers 9H30 (heure locale) Arianespace dans un communiqué. « Il n’y aura pas de lancement tant que la situation sociale ne sera pas réglée », a indiqué jeudi Didier Faivre, directeur du Centre spatial guyanais, au sujet du décollage d’Ariane 5 déjà reporté trois fois depuis mardi. « Il n’y a jamais eu volonté de « bunkeriser » le centre spatial. C’est aux autorités compétentes et aux élus de régler cette situation », a ajouté Didier Faivre sur la radio Guyane 1ère.
Un soutien de la population et des élus
Le mouvement guyanais continue à engranger des soutiens politiques. Les parlementaires de Guyane ont, dans un communiqué commun, interpellé le Président de la République et le Gouvernement « à envoyer un signal fort à la population, en dépêchant instamment en Guyane une délégation interministérielle capable de mener à bien ces discussions et de déboucher sur des solutions concrètes pour l’intérêt supérieur de la Guyane et des Guyanais ». Ils précisent que l’organisation d’une réunion à Paris, proposée par Ericka Bareigts est « inopérante » . « La solution à cette crise majeure ne pourra être trouvée que sur le sol guyanais, au travers d’une négociation apaisée et constructive avec les parties prenantes, au plus près de la population et des élus », souligne le document. Ils ont réclamé « un vaste plan Marshall ». Le président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), Rodolphe Alexandre, a demandé l’envoi de membres du gouvernement en Guyane.
La guyane se lève ???????? #Guyane #noubonkesa
— La mome (@meguie973) 23 mars 2017
Actuellement en déplacement à la Réunion, la Ministre des Outre-mer a indiqué maintenir la tenue d’une réunion à Paris, le 28 mars prochain indiquant suivre l’évolution de la situation minute par minute. Invité lors du JT de France Ô, le député Gabriel Serville a estimé qu’il ne s’agissait pas d’une bonne solution.En Guyane, les collectifs « ont fait part de leur refus d’une négociation sur Paris », a-appris jeudi l’un de leurs porte-parole.