Crise sociale en Guyane: Après deux semaines de mobilisation, les divergences apparaissent

Crise sociale en Guyane: Après deux semaines de mobilisation, les divergences apparaissent

Le Collectif « Pou la Gwiyann dekolé » lors de la manifestaion sur le site du Centre Spatial de Kourou, le  5 Avril © Facebok Pou la Gwiyann Dekolé

Le collectif « Pou la Gwiyann dékolé » a décidé le 6 avril dernier de poursuivre le mouvement de grève illimitée et de maintenir les barrages malgré les appels de certains socioprofessionnels et d’élus à la reprise de l’activité dans le département.

« Nous maintenons les barrages jusqu’à nouvel ordre », a affirmé Dominique Mangal, le président de l’Union guyanaise des transporteurs routiers. « Depuis vingt jours, nous sommes sur le front. Nous maintenons le dispositif ». a-t-il déclaré  l’issue d’une conférence de presse du collectif sur le barrage de la Crique Fouillée à Cayenne.Si la détermination reste de mise du côté des manifestants, la population semble montrer des premiers signes de lassitude.
Après deux semaines de mobilisation, les établissements scolaires et l’Université sont toujours portes closes alors que les sessions d’examens se profilent, les services publics assurent le service minimum. Idem à l’aéroport Félix Eboué où les vols longs-courriers au départ et à destination de Paris sont annulés du fait d’une grève illimitée des sapeurs-pompiers de l’aéroport déclenchée ce jeudi soir.

Sur le plan économique, l’activité tourne au ralenti. Le président du MEDEF Guyane, Stéphane Lambert a appelé à la levée des barrages. Il s’est  dit préoccupé pour la santé des entreprises déjà en difficulté. Une réunion de crise est d’ailleurs organisée ce vendredi à l’initiative de la Fédération des Très Petites Entreprises. Dans les supermarchés, les pénuries commencent à se faire sentir. « Le département devra faire face à une pénurie alimentaire de produits de première nécessité », ont alerté dix importateurs de l’agroalimentaire dans un communiqué. « Six navires sont déjà repartis depuis le début du mouvement et les  magasins sont déjà en rupture de produits de base tels que l’eau, la farine, le lait, la viande », ont-ils observé.
Sur le plan médiatique, l’intérêt de la presse nationale sur le conflit guyanais s’est estompé.

Certains élus appellent à la fin de la grève

« Il est temps d’arrêter la crise », a estimé la maire de Cayenne Marie-Laure Phinera-Horth (PS), interrogée par l’AFP. « Economiquement, nous étions déjà dans le rouge, là c’est pire », a poursuivi l’élue, qui a dit « donner des vivres à des familles en attendant le retour à la normale ».  Même position pour Alain Tien-Long, l’ancien président du conseil général de Guyane. « Il faut ménager les soldats que sont les ménages » et insiste sur la nécessité de « veiller à ce que le gouvernement et le parlement qui sortiront des urnes en mai et juin, mettent en oeuvre les décisions actées ce mercredi en conseil des ministres ».  Lors du conseil des Ministre du 5 avril, le gouvernement a entériné le un plan d’urgence de plus d’un milliard d’euros pour la Guyane. Cependant, le collectif espère une enveloppe supplémentaire d’un milliard d’euros.  Bernard Cazeneuve a annoncé de son côté dans un entretien à France-Guyane qu’un « groupe de suivi » allait être mis en place pour « poursuivre les discussions » sur le plan d’aide.