Suite aux mesures de confinement annoncés par Edouard Philippe et confirmé en Outre-mer par Annick Girardin, la CPME Réunion a acté le 13 mars dernier la mise en place d’une cellule de crise. Objectif : éviter la propagation du virus mais surtout anticiper les conséquences néfastes sur l’économie réunionnaise déja fragilisé par la crise des Gilets Jaunes.
Dans un message à ses adhérents, le Président de la CPME Réunion, Eric LEUNG, a rappelé d’emblée l’enjeu premier de la crise sanitaire et économique qui s’annonce à La Réunion. « Cette crise est d’abord une crise d’information. Si nous n’arrivons pas à la maîtriser et à éviter la propagation des fake news, nous aurons du mal à maîtriser la crise globale, y compris dans ses aspects directement opérationnels ».
La priorité pour les chefs d’entreprises est d’une part de préserver la santé de leurs salariés et d’éviter la propagation de la maladie dans la sphère professionnelle. Et est ensuite de préserver l’appareil de production pour permettre de passer la crise sans trop de casse afin d’être en capacité de repartir à la sortie de la crise. Une issue dont l’incertitude pèse sur le moral d’opérateurs encore sous le coup de la crise des Gilets Jaunes fin 2018.
Pour la CPME Réunion, l’annonce des premiers malades du COVID 19 était inévitable. Il s’agit maintenant d’accompagner les entreprises réunionnaises à continuer à produire biens et services durant la crise et à préparer l’avenir.
L’enjeu d’une production résiliente est d’autant plus vital qu’elle permet souvent au reste des acteurs économiques de continuer à fonctionner. «Peut-on imaginer un hôpital sans ses fournisseurs (qui sont souvent des TPE-PME), sans les artisans qui font la maintenance des équipements, ceux fournissent les produits qui serviront aux plateau-repas… Imagine- t-on l’île sans transports en commun. Sans infirmières libérales et autres professionnels du secteur médical et para-médical qui sont autant d’acteurs économiques. Les Réunionnais habitués aux périodes de confinement durant les passages de cyclones savent se
comporter en temps de crise. La nouveauté est que celle-ci est diffuse et sa durée est encore inconnue».
Un Comité d’accompagnement de l’Economie (CAE) sous l’égide du Préfet
Consciente de cet enjeu, il était évident pour le syndicat patronal que les instances publiques ne seront pas en mesure de répondre seules à l’ensemble des problèmes que pourra rencontrer la population réunionnaise en général et les entreprises en particulier. Il estime qu’une coordination et une collaboration entre le niveau public et privé est donc indispensable, ainsi qu’une politique efficace d’information, pour limiter les conséquences de la pandémie.
Un premier espace de coordination des mesures prises pour le monde économique a été mis en place à l’initiative du Préfet. Ce Comité d’accompagnement de l’Economie (CAE) s’est réuni pour la première fois le 13 mars dernier. Il est animé par le Secrétaire Général aux Affaires Régionales (SGAR) et a vocation à prendre en compte les difficultés immédiates de trésorerie des entreprises en mettant en place des mesures provisoires et d’urgence pour les accompagner et maintenir l’activité économique. Chaque semaine, il fera le point sur l’avancée de la crise et l’adaptation des mesures aux réalités de la vue des entreprises.
En appui à ce Comité, la CPME Réunion a organisé, en son sein, une cellule de crise avec des administrateurs motivés et ses permanents. L‘objectif est d’abord d’assurer le fonctionnement de son organisation et la disponibilité de ses ressources pour demeurer en capacité de servir les intérêts de ses adhérents. Il s’agit ensuite de favoriser les mesures pour assurer le maintien de la vie socio-économique en accompagnant le maintien de l’appareil d’Etat et la résilience des entreprises réunionnaises.
Une cellule de crise pour la CPME Réunion
Dans cette optique, la CPME a mis en place, un système de monitoring de la situation, qui lui permet d’être capable de faire l’état des lieux le plus exhaustif de la situation au sein des différentes branches professionnelles. Il s’agit en outre de collecter et synthétiser l’ensemble des informations actualisées en provenance des partenaires notamment publics (Préfecture, Impôts, Sécu, Caisse de retraite, BPI, Banques…)..
Cette cellule de crise devra par ailleurs s’assurer qu’au sein de tous les secteurs et domaines d’activités relevant de ses compétences, les éléments à considérer afin d’assurer la continuité des services aient été diffusés. Cette cellule de crise devra enfin assurer une politique efficace de communication dans chaque secteur.
L’objectif principal de cette cellule de crise est d’aider à la planification de la continuité des affaires qui devra notamment permettre de limiter les conséquences socio-économiques sur le lieu de travail et au sein du personnel mais aussi de maintenir l’activité au niveau le plus élevé possible tout en protégeant le personnel exposé.
Cette cellule est composée de 4 entités. Un Comité stratégique (COMSTRAT) qui réunit les membres permanents de la cellule ainsi que certains experts, invités temporaires impliqués dans la crise. La mission de ce Comité est d’abord d’assurer le suivi et le pilotage de la gestion de crise. Il est chargé de prendre des décisions justes et rapides, malgré le poids de la pression. Il s’appuiera sur un Comité des Opérations (COMOPS) qui est la cellule de crise opérationnelle. Elle se compose de coordinateurs issus des secteurs d’activité et des branches professionnelles de la CPME. Elle repose notamment sur la mobilisation despermanents de la CPME et des ressources humaines affectées par certains adhérents. Le rôle de cette cellule opérationnelle est d’analyser la crise et de collecter les informations sur le terrain, d’apprécier les conséquences des mesures prises, d’évaluer la perception de la communication, et surtout de proposer à la cellule décisionnelle un plan d’action, tout en lui transmettant des bilans de façon régulière. Le COMOPS pilote également les actions des acteurs opérationnels avec la possibilité de solliciter des experts en fonction de la nature de la crise.
Une unité Communication (UNITCOM) en charge de l’information de la population en situation d’urgence est rattachée au COMSTRAT tout en travaillant étroitement avec le COMOPS. La clé de la gestion de crise étant la communication et la capacité à éviter la propagation de fake news et les situations de psychoses, son rôle sera déterminant.
Une seconde Unité, dite Unité SAMU – Eco est en charge d’assurer l’accueil des adhérents et le dispatching de leurs demandes vers les experts pertinents.
La coordination générale est assurée par le Président de la CPME et son Délégué- Général, animateur de la cellule de crise, qui doit s’assurer que les décisions prises sont diffusées et mises en œuvre et garantir que la cellule de crise puisse recueillir l’ensemble des informations disponibles et les communiquer.
Forte de cette organisation quasi militaire qui s’appuiera énormément sur les outils de communication digitale (en lien avec l’urgence de recourir au télétravail) pour éviter les interactions physiques, la CPME Réunion se veut sereine face à une crise dont les contours restent incertains.