Les prix à la consommation dans les départements d’outre-mer (Guyane, Guadeloupe, Martinique, Réunion, Mayotte), étaient en 2015 plus élevés de 7 à 12% que ceux de l’Hexagone, révèle une étude de l’Insee rendue publique jeudi.
La vie chère est encore une réalité dans les Outre-mer. L’Insee s’est penché sur les prix à la consommation exercés dans les Départements d’Outre-mer, uniquement. Dans le détail, en mars 2015, ils étaient supérieurs de 12,5% en Guadeloupe, 12,3% en Martinique, 11,6% en Guyane, et 7,1% à La Réunion. À Mayotte, ils dépassaient ceux de métropole de 6,9% sur un champ d’étude excluant les loyers. Pour calculer cet écart, l’Insee a pris en compte les habitudes de consommation des ménages des deux territoires comparés, car « les ménages d’outre-mer dépensent plus en produits de la mer, en produits tropicaux et en vêtements légers, mais moins en cinéma, théâtre, restaurant, services sportifs et réactifs que les métropolitains ». L’étude fait la moyenne de deux écarts de prix : « la variation du budget de consommation d’un ménage métropolitain qui vivrait outre-mer tout en conservant ses habitudes de consommation métropolitaines » et la variation du « coût du panier de consommation d’un ménage d’outre-mer s’il achetait ses produits aux prix pratiqués en France métropolitaine ». L’étude montre que les écarts de prix sont plus forts du point de vue d’un ménage métropolitain que de celui d’un ménage d’outre-mer. S’il gardait son mode de vie, le budget de consommation d’un ménage de métropole augmenterait de 17,1% en Martinique, 17% en Guadeloupe, 16,7% à Mayotte, 16,2% en Guyane et 10,6% à La Réunion.
En revanche, le budget de consommation d’un ménage antillais ou guyanais diminuerait d’environ 7% s’il vivait en métropole tout en gardant ses habitudes de consommation. Pour un ménage réunionnais, la diminution serait de 3,6%. Mais le budget consommation augmenterait de 2% pour un ménage mahorais. Mais en changeant de territoire, un ménage métropolitain ou ultramarin adapte sa consommation en fonction de l’offre et des prix disponibles, c’est pourquoi l’Insee fait la moyenne géométrique des deux études. Les écarts de prix sont en grande partie liés aux produits alimentaires, souligne l’Insee. Les différences de prix de ces produits sont de 38% entre la Martinique et l’Hexagone, 34% pour la Guyane, 33% pour la Guadeloupe, 28% pour la Réunion et 19% pour Mayotte. Se soigner coûte également plus cher dans les Outre-mer, avec des différences comprises entre 15% (Réunion et Mayotte) et 17% (Antilles-Guyane). Les communications sont aussi plus onéreuses outre-mer: la téléphonie mobile est plus chère de 60% environ aux Antilles-Guyane, 20% à la Réunion, 26% à Mayotte. L’accès à internet est dans l’ensemble 40% plus cher.
Les écarts de prix en matière de loyers sont eux plus élevés en Guadeloupe et Guyane (+20%) qu’à la Réunion et en Martinique (+10%). Cette étude « confirme la priorité que doit constituer la lutte contre la vie chère dans les Outre-mer », a réagi la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin dans un communiqué, rappelant que des mesures ont déjà été engagées pour « contenir l’inflation entre 2013 et 2015 et réduire les écarts de prix pour de nombreux produits de consommation courante », en particulier grâce à la loi de régulation économique Outremer (LREOM) qui « a permis de stabiliser les prix à partir de 2013 », et grâce à « la mise en oeuvre du bouclier qualité-prix (BQP), qui repose sur une modération négociée des prix dans la grande distribution ». La ministre prévoit de « nouvelles actions concernant notamment les commerces de proximité, les tarifs téléphoniques, le logement etc. en parallèle d’un travail de consolidation des filières locales » en 2016. Une circulaire devrait être publiée prochainement.
Avec AFP.