Concurrence Outre-mer- Francis Amand: « Il n’y a pas une forte culture de concurrence en Outre-mer»

Concurrence Outre-mer- Francis Amand: « Il n’y a pas une forte culture de concurrence en Outre-mer»

© Assemblée nationale

Auditionné ce 11 avril par la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, le délégué interministériel de la concurrence outre-mer Francis Armand a fait un premier état des lieux de la concurrence en Outre-mer et dévoile des premières solutions pour lutter contre la vie chère et les situations de monopoles dans les territoires ultramarins.

Nommé en décembre dernier, le délégué interministériel à la concurrence dans les outre-mer a dressé un constat plutôt défaitiste concernant la concurrence dans les territoires ultramarins. «La concurrence entre importateurs est faible en raison de la subsistance des exclusivités d’importations. (…) Les Outre-mer ne sont pas perçus comme des marchés à conquérir pour de nombreux importateurs car ce sont des petits marchés et la différenciation tarifaire est donc limitée. «La concurrence entre importateurs et opérateurs locaux est médiocre en raison d’un octroi de mer qui s’est écarté de son objectif initial. La concurrence entre opérateurs locaux est modérément développée et parfois seulement apparente».

Selon le délégué interministériel à la concurrence Outre-mer, la concurrence semble effective uniquement dans les grandes surfaces, dans la téléphonie ou encore dans le secteur bancaire. «Leurs activités promotionnelles sont assez agressives en prix», a précisé Francis Amand tout en ajoutant que des études de marché doivent être prochainement menés pour approfondir son premier constat.


« Peu de signalements»

« Les DIECTEs reçoivent très peu de signalement, de plaintes contre un concurrent ou un fournisseur. Les opérateurs n’ont pas la démarche de mettre en concurrence leurs fournisseurs. On a des modèles de négociations amicales pour des raisons historiques qui nuisent à l’efficacité de la concurrence dans les secteurs». Franccis Amand affirme par ailleurs les subventions et l’octroi de mer maintiennent les opérateurs dans cet espèce de confort qui ne conduit à chercher de l’efficacité dans leur sourcing».

Quelles pistes ?

Francis Amand a ensuite soumis plusieurs pistes pour mieux animer la concurrence en outre-mer. Il propose de favoriser la mise en place de comparateurs de prix, qu’ils soit d’initiative publique ou privée, ou renforcer la publicité du bouclier qualité prix avec l’édition d’un ticket BQP. « Ce ticket BQP permettra au consommateur de mieux voir ce que l’achat de produits BQP lui aurait apporté s’il avait choisi ces produits plutôt que d’autres produits. De plus, je travaille avec la grande distribution locale à des engagements de variations limités des produits de manière à résoudre les problèmes d’illisibilité du résultat.».
Francis Amand propose de constituer de coopératives de consommateurs qui achèteraient en direct pour « contourner les circuits organisés», de sensibiliser les entreprises à la pédagogie de la concurrence afin de sensibiliser aux risques encourus en cas d’entente ou abus de position dominante, mettre un terme aux exclusivités d’importations, sanctionner les marges arrières qui ne sont pas mises dans les prix, faciliter le regroupement à l’achat pour les petits commerçants, faciliter l’arrivée de nouveaux opérateurs de distribution, permettre le partage des infrastructures essentielles (abattoirs, usines, etc..).