©Columbus Gold
Mené par le canadien Columbus Gold et le russe Nordgold, la Montagne d’Or est le plus grand projet minier jamais imaginé en Guyane. Une mine à l’échelle industrielle dont l’activité extractive pourrait débuter d’ici 2020. Retour sur le chantier aux « concentrations en or les plus importantes au monde. »
« Si le potentiel en or alluvionnaire semble bien entamé, le potentiel en or primaire constitue l’avenir économique de la Guyane ». Telle est la conclusion du rapport du BRGM datant de 1995 sur une étude concernant l’or en Guyane et ses potentialités. 22 ans plus tard, cette conclusion semble prendre tout son sens avec le projet de la Montagne D’or.
En effet, derrière sa forêt amazonienne luxuriante, la Guyane recèle une histoire géologique riche et singulière par rapport aux autres territoires français. Selon les estimations de la FEDOMG (Fédération des Opérateurs Miniers de Guyane), le sous-sol guyanais renferme, en plus de près de 250 tonnes d’or primaire, de la bauxite, du cuivre, du plomb, du zinc, des diamants, de l’uranium, du niobium et du colombite-tantalite. La Guyane appartient à un vaste ensemble géologique d’âge Précambrien appelé bouclier des Guyanes, centré sur les trois « anciennes » Guyanes coloniales que sont le Guyana (britannique), le Suriname (néerlandais) et la Guyane française.
Carte des ressources minières en Guyane © BRGM
La Montagne d’Or, la nouvelle « cité d’or »
Situé au nord-ouest de la Guyane, en pleine forêt amazonienne dans le secteur de Paul Isnard( à 125km de Saint-Laurent du Maroni, le gisement de Montagne d’or est développé par la junior canadienne Columbus Gold et le groupe à capitaux russes Nordgold. Depuis 2015, Columbus Gold qui détient 8 concessions sur ce site, multiplie les campagnes de forages d’exploration. Depuis le début des travaux, la compagnie aurifère a estimé à 155 tonnes d’or présent sur le site de la Montagne d’Or. Ce projet, est présenté par ses promoteurs comme pouvant devenir la plus grande mine d’or de Guyane et peut être l’une des plus grandes du monde.
Selon les premières estimations, l’extraction du précieux minerai rapporterait 12 milliards de dollars. A titre de comparaison, l’exportation de 343kg d’or guyanais a engrangé 11,9 millions d’euros durant le dernier trimestre 2016, d’après l’IDEOM.
Face à ce potentiel économique colossal et les coûts investis(plus de 700 millions de dollars tout au long du projet), le consortium avance deux arguments-chocs afin d’obtentir de son permis de creuser.
Une « mine responsable » et « pourvoyeuse d’emplois locaux »
D’abord un argument social. Les deux producteurs avancent la création de 800 emplois directs et 3.000 emplois indirects durant la phase d’exploitation, dans un département où le chômage touche près d’un jeune sur deux. « Nous voulons associer pleinement les personnes qui vivent dans la région car c’est un projet qui va créer de l’emploi et de la richesse. Nous nous engageons notamment à mettre en place une filière de formation aux métiers de la mine à Cayenne », déclarait en septembre 2016 au magazine Challenges, Igor Klimanov, directeur du développement de Nordgold.
Ensuite, un argument écologique. « Nous nous sommes engagés à mettre en avant des techniques écologiques, respectueuses de l’environnement, conformément à ce que prône le gouvernement, incluant les mesures de réhabilitation et de compensation environnementales », soutenait Igor Klimanov. Sur ce point, les conclusions du rapport sur l’évaluation des impacts environnementaux sont attendues à la fin de ce premier trimestre 2017.
Principaux gisements d’Or primaire en Guyane, recensés en 2012 © BRGM
Quels bénéfices pour la Guyane ?
Sur le papier, le projet est prometteur mais profitera-t-il à l’économie guyanaise? C’est la grande inconnue. Pour les socioprofessionnels du secteur, la Montagne d’Or est une aubaine. Les deux producteurs mettent en avant, « selon certaines hypothèses du projet », qu’elle versera chaque année plus de 5 millions d’euros de redevance pour les collectivités locales, 16 millions d’impôt sur les sociétés, et 30 millions de taxes sur les biens et services et de charges sociales.
En prenant en compte l’octroi de mer, les différentes charges fiscales, et la défiscalisation d’une partie de cette activité, la taxation de l’activité minière atteint à l’heure actuelle un taux moyen de 8%. De leur côté, les élus guyanais fondaient beaucoup d’espoir sur la réforme du code minier. Adoptée le 24 janvier, cette dernière n’a pas engagé une hausse de la fiscalité aurifère. Une situation qu’a regretté la députée guyanaise Chantal Berthelot : « La Guyane ne perçoit, en moyenne, que 700 euros sur chaque kilo d’or extrait alors que le kilo d’or est actuellement évalué à plus de 36.000 euros ».
Deuxième employeur du département, l’activité minière représente aujourd’hui environ 4% du PIB de la Guyane.
