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Des scientifiques du Center for the Blue Economy (Monterey, Californie), de l’ONG Nature Conservancy et de l’université de Santa Cruz (Californie) ont identifié en juin dans un rapport plusieurs pistes de financement de ces écosystèmes naturels.
La nature, par le biais des récifs coralliens, les mangroves, les zones humides, les dunes de sable, fournit les premières lignes de défense pour ralentir les vagues, réduire les inondations et protéger les gens et les biens côtiers. A titre d’exemple, un récif corallien sain peut réduire 97% de l’énergie d’une onde avant de frapper le rivage, et seulement 100 mètres de mangroves peuvent réduire la hauteur des vagues de 66%. Cependant, ces espaces naturels font l’objet d’un financement limité. Sur la période 2004-2013, seuls 14 milliards de dollars ont été versés pour la préservation du littoral, contre 198 milliards pour l’érection de digues, soit 3% des fonds, soulignait une étude menée par des chercheurs de l’Université de Santa Cruz en 2016.
Ce rapport publié en juin, propose ainsi de nouvelles formes de financement telles que les obligations vertes (green bonds) et les obligations catastrophiques (catbonds).
« Ces formes de financement peuvent fournir des ressources importantes, mais l’utilisation de ces fonds pour « l’infrastructure naturelle » (mangrove, récif corallien) est naissante, en grande partie parce que le nombre de projets d’infrastructures naturelles qui pourraient utiliser ce financement reste relativement faible. Le document souligne aussi l’importance d’utiliser de façon efficiente les programmes actuels de conservation du littoral, qui mettent insuffisamment l’accent sur le potentiel préventif de ces écosystèmes. « Les innovations les plus importantes en matière de financement sont celles qui abordent maintenant les réponses à la réduction des risques d’inondation en réduisant la probabilité ou l’ampleur du changement climatique et doivent encore être largement utilisées pour l’adaptation côtière en général et l’infrastructure naturelle en particulier », écrit le rapport.
Le Mexique, premier pays à assurer son récif corallien
Afin de protéger sa barrière de corail, la ville de Cancùn a décidé d’assurer une partie de cet espace naturel à partir de septembre prochain. Les autorités locales ont compris qu’il était urgent de protéger cet écosystème marin pour y maintenir l’activité touristique qui en découle. Les hôtels locaux et les entreprises du secteur du tourisme, appuyés par le gouvernement devraient cotiser entre 850 000 et 6,4 millions d’euros de primes pour assurer plus de 60 km de récifs coralliens mais aussi les plages des hôtels, auprès d’un assureur suisse Swiss Re, spécialisé dans les dégâts naturels et la participation de l’ONG environnemental américain The Nature Conservancy. Mark Tercek, directeur général de l’association The Nature Conservancy, espère que ce programme d’assurance environnementale constituera un modèle à l’avenir.
Si des tempêtes endommagent le récif, l’assurance versera pour les réparations des sommes pouvant aller de 21 à 60 millions d’euros. Les coraux pourraient être remplacés par des structures artificielles. Ils pourraient également être retirés de la mer pour se reposer et ainsi repousser avant de réintégrer leur habitat naturel.
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