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A Saint-Martin, les assureurs, critiqués pour les retards d’indemnisations après le passage de l’ouragan Irma en septembre, disent être «face à une situation inédite», avec à un montant des dommages qui s’élève à 1,8 milliard d’euros.
«Nous sommes conscients de l’impatience», a dit Arnaud Chneiweiss, le délégué général de la Fédération française de l’assurance de passage à Saint-Martin en fin de semaine dernière, accompagné de Stéphane Pénet, le directeur des assurances de dommages et de responsabilité. «Il faut aussi comprendre que c’est une situation inédite et que la situation est difficile parce qu’il faut traiter chaque contrat au cas par cas», a déclaré Arnaud Chneiweiss, espérant que les paiements seraient faits avant mi-février. «Il faut avoir conscience que c’est un événement majeur dans l’histoire des assurances depuis l’existence du régime de catastrophe naturelle. Le montant des dommages assurés s’élève à 1,8 milliard d’euros», ont ajouté les représentants des assureurs.
16 000 sinistres à Saint-Martin, 8 000 à Saint-Barthélemy
En tout, 24 000 sinistres assurés ont été enregistrés sur les îles du nord. 16 000 sinistres à Saint-Martin pour 970 millions d’euros de dégâts et 8 000 sinistres à Saint-Barthélemy pour 830 millions d’euros. Pour justifier les délais importants du traitement des dossiers, les assureurs évoquent d’abord le temps de mise en place du processus. Il a fallu environ 50 jours pour que la centaine d’experts arrivent à Saint-Martin. «Après Irma, il y avait un problème d’accès à l’île, d’électricité, d’internet, de logement. C’est un retard au départ qu’on a du mal à rattraper aujourd’hui», dit Arnaud Chneiweiss. «Il y a beaucoup de copropriétés à Saint-Martin. C’est assez inédit», affirme Stéphane Pénet. «On ne retrouvait pas certains propriétaires. Certains ont investi en défiscalisation et se désintéressent totalement du bien. C’est un facteur qui a rallongé le traitement des dossiers».
Une très forte demande et pas assez d’artisans
Le troisième élément d’explication touche aux experts. «Toutes ces démarches de vérification des documents officiels et de négociations de devis expliquent le retard de transmission des rapports d’expertise aux assureurs. On constate aussi un important emploi des experts d’assurés. Certains d’ailleurs sont dans la démesure. Mais globalement, les litiges et négociations ralentissent le processus», disent les représentants des assureurs.
Enfin, le faible nombre d’artisans présents à Saint-Martin constitue un problème: «le volume des professionnels du BTP n’est pas calibré à l’importance des travaux à réaliser. Il y a une très forte demande, les artisans sont submergés de demandes et la constitution des devis prend du retard», affirment les assureurs. «Il faut que des artisans de Guadeloupe et de Martinique viennent modérer l’inflation. Parce que la demande est forte et les prix grimpent».