Ancrage territorial: Focus sur INOVEST, un projet innovant pour maximiser l’économie circulaire à La Réunion

Ancrage territorial: Focus sur INOVEST, un projet innovant pour maximiser l’économie circulaire à La Réunion

Lors du colloque « Révéler l’ancrage local des économies ultramarines, Antoine de Palmas  le  directeur régional Recyclage et valorisation, La Réunion, Mayotte et Nouvelle-Calédonie a démontré l’apport de la  filière recyclage et valorisation  » au sein de la térritorialisation de l’activité à La Réunion, à travers le projet INOVEST du groupe SUEZ. Outremers 360 vous propose ci-dessous son intervention lors de ce colloque.

A La Réunion, comme dans la majorité des départements et collectivités d’outre-mer, s’applique la loi des 80 / 20. 80 car seule 80 % de la problématique est prise en compte : collecte des ordures ménagères,tri sélectif, ramassage des déchets verts et des encombrants. Historiquement, les déchets sont enfouis en totalité. Quelques filières de valorisation se sont mises en place ici et là mais elles sont limitées du fait des contraintes techniques, financières ou géographiques. La fin programmée des centres d’enfouissements et la volonté forte de développer l’économie circulaire sont une opportunité pour s’attaquer enfin aux 20% restants, les plus complexes à traiter mais aussi les plus importants.

 

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Transformer l’économie circulaire pour maximiser l’impact local

L’économie circulaire, appliquée aux métiers du recyclage et de la valorisation, est souvent limitée à l’augmentation du recyclage. Est-il judicieux par exemple de demander aux ménages de trier le carton localement si c’est pour ensuite l’envoyer dans des filières de recyclage en Asie ou ailleurs et le voir revenir – en passant parfois par l’Europe – sous forme d’emballage de nos biens de consommation ? C’est bien de l’économie circulaire, mais le cercle a fait le tour du monde et la valeur ajoutée s’en est allée.
L’enjeu est donc, filière par filière, qu’elle soit existante ou non, de mesurer et de pousser la recherche de localisation à son maximum. Les enjeux préalables à la création de ces nouvelles économies sont les suivants :
– augmenter les volumes entrants de matière afin d’atteindre les tailles critiquesjustifiant les investissements nécessaires aux activités de recyclage,
– développer l’innovation technique pour adapter ou inventer des technologies fonctionnelles en adéquation avec les gisements plus limités en outre-mer,
– enfin, développer l’innovation sociale afin de capitaliser sur de nouveaux « business models », notamment ceux de l’économie sociale et solidaire.

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INOVEST : un projet innovant adapté à la problématique des déchets à la Réunion

En prévision de la fermeture à moyen terme du centre d’enfouissement de Sainte Suzanne, situé au nord de l’île de la Réunion, le SYDNE (Syndicat Mixte de traitement des déchets du Nord et de l’Est de l’Île de La Réunion) a demandé au groupe SUEZ d’augmenter significativement la valorisation des déchets : valorisation de la matière et valorisation énergétique.

72% des déchets ménagers et industriels seront désormais valorisés. 30% de matières premières prêtes à être transformées en produits finis et plus de 40% de Combustible Solide de Récupération seront produits, permettant d’alimenter 20 000 foyers réunionnais en électricité.

La solution INOVEST : la construction (en cours) d’un centre de valorisation multi-filières novateur et ambitieux. Cette usine traitera près de 170 000 tonnes annuelles, jusqu’à présent enfouies, afin de produire matières premières secondaires, compost et combustible solide de récupération.
– les 70 000 tonnes par an de combustible solide de récupération (CSR), considérés comme une énergie renouvelable, viendront aider la transition énergétique de la Réunion afin de diminuer le recours aux énergies fossiles,
– 8000 tonnes de compost seront produits et serviront notamment aux aménagements paysagés,
– enfin, 15 000 tonnes de matières premières tels que les aciers, aluminium, cartons ou plastiques seront recyclés dans les filières existantes.

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Objectif : doubler le volume de plastique capté aujourd’hui par la filière de collecte sélective.
INOVEST est un projet innovant, techniquement parlant, mais il se caractérise également par son empreinte locale.
Pour la conception et la construction, nous avons sélectionné des entreprises locales, pour leurs compétences, mais aussi pour leur impact sur le territoire. Un chantier de cette ampleur financière et technique est un tremplin idéal pour la croissance durable d’une PME réunionnaise, permettant l’acquisition d’expérience, de références et de ressources humaines.

Nous avons décidé d’utiliser la méthode de « local footprint » pour mesurer l’impact de ce chantier sur l’économie locale, et maximiser ainsi son imprégnation territoriale.
Les quelque 20 postes de techniciens qualifiés seront essentiellement issus de l’insertion. Un programme a démarré pour créer des parcours de formation sur mesure. Nous sommes en discussion avec les filières scolaires techniques pour leur proposer le chantier, puis l’usine, comme supports de formation, de travaux pratiques et évidemment une source de débouchés
pour de jeunes étudiants diplômés.
Un centre de tri au sol recevra en amont de l’usine de tri les encombrants et les déchets des entreprises. Nous travaillons actuellement à la création, sur cette plateforme, d’une filière de réemploi spécifique au mobilier.
Cette dernière se matérialiserait par la création d’un atelier solidaire, animé par une association, permettant ainsi l’embauche et la formation de réunionnais, améliorant ainsi l’économie circulaire.

 

La Réunion : future vitrine de la valorisation des déchets dans l’océan Indien ?

Beaucoup d’autres opportunités s’ouvriront grâce à ce projet : aux entrepreneurs de s’en saisir. Pour n’en citer que quelques unes :
– vous connaissez le plastique PET : c’est le plastique qui se recycle à 100% et qui peut être réutilisé à plusieurs reprises. Grâce au projet Inovest, nous pourrons doubler le volume de plastiques PET qui passerait de 2000 tonnes / année à 4000 tonnes /année permettant ainsi d’atteindre la taille critique pour rentabiliser une petite unité de broyage et de lavage. Or, le simple fait de broyer le PET multiplie par 100 sa valeur de vente.
– de la même manière, le compost respectant les normes a une valeur sur le marché en vrac de 8€ / tonne, alors qu’il est vendu en jardinerie 100 fois plus cher après ensachage et transport.
Pour conclure, la mise en place de ce centre de valorisation multi-filières est la première étape nécessaire à l’ambitieuse stratégie de valorisation des déchets réunionnais. INOVEST est fière d’œuvrer aux côtés des collectivités et du SYDNE afin de relever le défi de cette mutation, gage de prospérité environnementale pour le bassin Nord-Est de l’île de la Réunion. Une véritable vitrine du développement de l’industrie de l’environnement est en marche !

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