Agriculture en Polynésie: Vers un développement de la Biotechnologie ?

Agriculture en Polynésie: Vers un développement de la Biotechnologie ?

©Patrick Pleul / ZB

Actuellement en mission à Paris, le ministre polynésien du Développement des ressources primaires, des Affaires foncières et de la Valorisation du domaine, Tearii Alpha, a rencontré le président du Cirad, Michel Eddi et le directeur de l’action régionale, de l’enseignement supérieur et de l’Europe de l’Inra, Philippe Chemineau. Le but de ces rencontres est de tisser des « relations nouvelles » en vue du développement de la biotechnologie en Polynésie française.

Le Cirad et l’Inra sont des instituts de recherche agronomique bien connus en Polynésie française. En effet, « ils y sont déjà intervenus, par exemple pour introduire des insectes qui servent à la lutte contre la mouche des fruits », explique le ministre du Développement des ressources primaires Tearii Alpha. « Mais au lieu de rester dans des relations phytosanitaires ou des relations contractuelles par rapport au quotidien de l’agriculture polynésienne, il y a aussi les métiers et les filières d’avenir que représente la biotechnologie », ou la « valorisation d’un produit ». « Une mangue est une mangue mais il se peut que la peau d’une mangue ait une valeur cosmétique ou thérapeutique que nous ne connaissons pas encore », de même, « la vanille est une vanille de bouche, mais peut-être que demain, elle sera une vanille thérapeutique ».

« A travers la biotechnologie, la Polynésie rentrerait dans une autre économie »

Pour le ministre du Développement des ressources primaires, la biotechnologie est une « ambition » pour la Polynésie à travers « des filières, très à la pointe, qui cherchent à valoriser le potentiel chimique, cosmétique et industriel des végétaux, et sur certaines espèces de la biodiversité ». « J’ai donc demandé aux deux directeurs présents aujourd’hui de nous accompagner dans notre ambition et de faire venir en Polynésie leur expertise qui peut être valorisée à travers l’utilisation des brevets qu’ils ont acquis depuis plusieurs années ». Pour appuyer ce tournant que souhaite entreprendre le gouvernement polynésien, Tearii Alpha prend l’exemple d’un des produits phares de l’agriculture polynésienne: « l’Inra et le Cirad ont travaillé sur le cocotier, ils ont une connaissance d’application différente que celle que l’on connait en terme agro-alimentaire. Et pourquoi ne pas développer des applications ou des entreprises start-up qui rebondissent sur cette connaissance scientifique ? ».

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Le Président du Cirad Michel Eddi a donc proposé une convention-cadre entre la Polynésie française, le Cirad, l’Inra et l’Etat afin d’ « avancer concrètement sur des opérations qui seront définies dans le temps ». « A travers la biotechnologie, la Polynésie rentrerait dans une autre économie; celle que l’on ne connait pas encore mais qui valorise et met sur le marché économique le potentiel naturel de la Polynésie », poursuit le ministre. « Aujourd’hui la tendance est au naturel et on va chercher des extraits de plantes, on isole la molécule active de la plante pour ensuite l’utiliser en tant qu’alicament ou produit de complément alimentaire et la médecine de régulation est en train de prendre le pas sur la médecine de dernier recours ». L’idée est également de croiser les connaissances de la pharmacopée polynésienne ancestrale avec « les techniques de pointe d’analyse biochimique pharmacologique pour isoler des principes actifs ».

Première étape: mutualiser les moyens

Le ministre reconnait un travail en amont à réaliser en Polynésie: « Il faut mutualiser les moyens qui existent déjà, car pour réaliser cette ambition il ne peut pas y avoir 10 organismes qui travaillent chacun de leur côté ». En d’autres termes, réunir les organismes tels que le Criobe, l’Ifremer, l’IRD, les unités de recherche de l’Université de la Polynésie française ou encore, l’Institut Malardé afin de « dépasser le premier stade de l’agriculture et de la pêche, et de passer au stade suivant qui est la valorisation d’un produit ». « Je pense que la Polynésie a intérêt d’aller dans ce sens », assure-t-il.

Tearii Alpha s'est entretenu ce jeudi 23 février avec le président du Cirad et le directeur de l'Inra à la Délégation de la Polynésie française à Paris ©Outremers360

Tearii Alpha s’est entretenu ce jeudi 23 février avec le président du Cirad et le directeur de l’Inra à la Délégation de la Polynésie française à Paris ©Outremers360

Le partenariat qui lie la Polynésie aux deux organismes, Cirad et Inra, continuera toutefois dans les réponses « biologiques » et « macroscopiques » aux besoins quotidiens des agriculteurs, notamment face aux « pestes ». « La Chambre de l’Agriculture va vulgariser des pratiques de production qui évitent l’utilisation massive des intrants car on aimerait bien avoir une agriculture biologique ou écologique », tout en prenant ce nouveau tournant de la biotechnologie. « En Europe, l’agriculture est devenue, en termes de recherche et développement, le secteur le plus innovant en biotechnologie. On part d’un produit naturel pour arriver à un produit complètement nouveau et inattendu », conclut-il. Ce samedi 25 février, le ministre polynésien du Développement des ressources primaires, des Affaires foncières et de la Valorisation du domaine, Tearii Alpha, se rendra à l’inauguration du Salon de l’Agriculture à Paris.