Agriculture en Outre-mer : « On a besoin de voir des jeunes qui s’installent, qui reprennent », lance Jacques Andrieu, président de l’ODEADOM

Agriculture en Outre-mer : « On a besoin de voir des jeunes qui s’installent, qui reprennent », lance Jacques Andrieu, président de l’ODEADOM

©Outremers360

À la tête de l’ODEADOM, Office de développement de l’économie agricole d’Outre-mer, Jacques Andrieu a succédé début janvier à Hervé Deperrois. Rencontré à l’occasion du Salon international de l’Agriculture, la rédaction l’a interrogé sur la situation de la filière dans les territoires ultramarins : il évoque une tendance positive dans un contexte de fort questionnement.

Outremers360 : Quelle est la tendance actuelle de l’agriculture dans les Outre-mer ?

Jacques Andrieu : J’observe une tendance positive, allant de l’avant, dans le sens où il y a beaucoup d’espoir, beaucoup de volonté. Il y a des orientations gouvernementales fortes. On est dans une phase de transition. Les modèles agricoles des Outre-mer sont questionnés aujourd’hui. Et l’ensemble de nos partenaires, les agriculteurs en premier lieu, sont très conscients de ça. Il y a des inquiétudes mais fondamentalement, il y aussi beaucoup d’opportunités.

Il y a des bassins de consommation importants dans les Outre-mer. On retrouve des gens qui veulent aller vers de l’agroécologie, la prise en compte de l’environnement, la montée en gamme vers des produits de qualité. Les acteurs du monde agricole savent que c’est une dynamique qui peut être positive. Les conditions ne sont pas toutes posées car il y a des problèmes de coûts, de climat, des problèmes liés à l’insularité. Il faut les traiter et s’adapter aux spécificités de l’Outre-mer pour bien prendre en compte cette agriculture très particulière. Je sens plutôt une volonté de poser les débats de fond aujourd’hui.

Quelles sont les nouvelles filières de diversification agricoles de l’Outre-mer ?

Le terme de diversification, on s’en méfie un peu car on peut penser à des nouveautés. Mais en fait quand on parle des filières végétales autres que sucre et banane, c’est certes des nouveaux produits qui arrivent comme par exemple des fruits dont les consommateurs ne sont pas forcément habitués. C’est un travail aussi vers l’autonomie alimentaire qui existe à partir de cultures qui sont parfois traditionnelles dans les départements d’Outre-mer. Il y a une volonté de leur faire bénéficier de tout l’appui financier que l’on peut amener, en termes de développement.

On a un panel de conditions agronomiques et de productions extraordinaires. Et cet ensemble de potentialités doivent être valorisées. C’est valable pour le végétal mais aussi pour la filière animale. Il y a des nouveaux marchés, en bovins, caprins, porcins. Il y a de la demande. Il faut que les agriculteurs eux-mêmes puissent prendre leur place sur ces marchés-là.

Quelles sont les problématiques actuelles de l’agriculture ultramarine ?

On a un problème réel dans les départements d’Outre-mer qui est peut-être plus prégnant qu’ailleurs, c’est l’installation. Il y a une dynamique qu’il faut retrouver. Il faut voir comment les accompagnements à l’installation peuvent se faire. C’est difficile de généraliser car les structures d’exploitation sont vraiment différentes selon les filières et les territoires. Un peu partout, on a besoin de voir des jeunes qui s’installent, qui reprennent. Il faut attirer et ce n’est pas toujours facile. L’approche par le biais de cette prise de conscience de l’agroécologie, aller vers de nouvelles formes d’agriculture, créatrices d’emplois et se situant sur des marchés locaux permettant de vivre.

Propos recueillis par Amélie Rigollet.