Réuni à Bruxelles le 25 et 26 juin, le monde agricole, à l’initiative de l’EURODOM, exprime son inquiétude face à la réduction annoncée du programme POSEI.
« La baisse du montant du POSEI, si elle était confirmée, serait un coup fatal porté à l’agriculture des Outre-mer. Cette réduction pénaliserait tout particulièrement les agriculteurs installés, déjà endettés et ralentirait l’installation des jeunes agriculteurs » a déclaré Gérard Bally, le délégué général et fondateur d’Eurodom.
Le POSEI, (programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité), a été institué en 1989, pour stimuler et professionnaliser la production, structurer les filières, maintenir et améliorer le niveau de vie des producteurs (revenu, emploi etc.) en fonction du niveau qualitatif et quantitatif de leur production. Il permet notamment de remplir l’objectif, repris par les gouvernements successifs, d’augmenter l’autosuffisance alimentaire des départements d’Outre-mer.
La réduction du montant de ce programme ne sera pas sans conséquences au niveau local en termes d’emplois. L’agriculture est le premier employeur privé Outre-mer. En plus des emplois directs, la banane aux Antilles, la filière sucre-rhum à La Réunion, mais aussi l’élevage ou le maraîchage, génèrent des emplois indirects dans l’industrie agro-industrielle, le tourisme, la restauration, la recherche. « Si l’on enlève le soutien du POSEI dans l’agriculture, l’économie des DOM, déjà fragile avec des taux de chômage très importants, le sera encore plus », poursuit Gérard Bally.
Alors que la Commission a reconnu en 2016 « la pertinence du programme POSEI », sa récente proposition sur le futur budget de l’Union prévoit une diminution de 3,9 % des fonds alloués à ce programme, soit de 11M€ pour les RUP françaises. Or le programme POSEI pour les agricultures des DOM représente environ 290 millions € dont 130 millions d’€ pour la banane, 75 millions€ pour la filière canne, 26 millions€ pour la filière viande et 15 millions € pour la diversification. Il a été complété en 2008 par une enveloppe nationale de 40 millions €, exclusivement destinée à l’agriculture de diversification, devenue désormais insuffisante en raison de l’augmentation continue de la production agricole locale.
Pour défendre ce dossier, 170 professionnels des Outre-mer dont le président de la fédération des coopératives agricoles Joel Torres, et Elie Shitalou, en présence des représentants des Canaries (Espagne), des Açores et de Madère (Portugal) ont rencontré entre autres les euro-députés en charge de ces dossiers. « A travers ces rencontres, notre objectif est d’obtenir un engagement de la Commission Européenne de préserver l’enveloppe du POSEI lors des discussions sur le futur budget de la Pac (Politique agricole commune), conformément aux engagements pris par le Président Juncker en Guyane », a souligné Gérard Bally. De nombreuses personnalités politiques issues des Outre-mer à l’instar de la Sénatrice de la Martinique Catherine Conconne, le vice-président du conseil départemental de la Réunion Serge Hoarau, le directeur général adjoint en charge de l’agriculture au Conseil régional de Guadeloupe Denis Céleste, ont notamment fait le déplacement pour montrer leur soutien aux socio-professionnels.
La délégation poursuivra sa campagne de sensibilisation sur ce dossier le 26 juin avec une rencontre des commissaires Phil Hogan, Corina Cretu et Pierre Moscovici.