Agriculture en Outre-mer: Après la crise, les chambres d’agricultures ultramarines appellent à une redynamisation de la production locale

Agriculture en Outre-mer: Après la crise, les chambres d’agricultures ultramarines appellent à une redynamisation de la production locale

© Chambre d’Agriculture de La Réunion

Auditionnés ce jeudi 11 juin par la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale, les différents présidents des chambres d’agriculture en Outre-mer ont fait un un état des lieux des conséquences de la crise sanitaire sur leur secteur. Ils ont également appelé à un nouveau modèle pour la production locale.

Produits en vente directe, livraisons de paniers, drive ou encore marchés de producteurs, le secteur de la production locale – de la Guyane à la Polynésie en passant par les Antilles et La Réunion- a démontré sa capacité à approvisionner la population en produits locaux durant la crise sanitaire.

Covid-19 en Outre-mer : Drive, Marchés de producteurs, livraisons de paniers de produits frais, les initiatives pour consommer local durant le confinement

Une démonstration que les présidents des chambres d’agriculture souhaitent pérenniser. « En Outre-mer, nous voulons développer une agriculture accessible à toutes les populations, produite localement et qui réponde aux critères environnementaux. En Outre-mer, nous avons la possibilité de faire énormément de productions avec les terres en friche et sans toucher aux productions ancestrales comme la canne à sucre» a indiqué Frédéric Vienne, président de la Chambre d’agriculture de La Réunion.

Frédéric Vienne, lors de son intervention devant la Délégation aux outre-mer de l'Assemblée Nationale

Frédéric Vienne, lors de son intervention devant la Délégation aux outre-mer de l’Assemblée Nationale

« Il n’y a pas à transformer notre agriculture mais à réactiver les outils de production»

Si les agriculteurs ont été en première ligne pour répondre aux besoins alimentaires de la population, les producteurs pâtissent d’un manque de soutien face à la forte concurrence des produits d’importation à bas coûts et aux poids des règles phytosanitaires.
Pour Jean-Louis Bertome, le président de la Chambre d’agriculture de la Martinique, « la crise sanitaire a confirmé la fragilité de petites exploitations agricoles». « Le projet d’autonomie alimentaire doit s’intéresser aux agriculteurs avant de parler filières et produits. Il n’y a pas à transformer notre agriculture mais à réactiver les outils de production» a-t-il avancé. Selon ce dernier, l’agriculture ultramarine et plus particulièrement en Martinique souffre «d’unités de production en situation de sous-exploitation des surfaces agricoles, des capacités de production sous-utilisées faute de moyens, des productions et des méthodes de production ignorées par les dispositifs de soutien public».

Pour le président de la Chambre d’agriculture de la Guadeloupe Patrick Sellin a pour sa part réclamé un plan Marshall pour les agriculteurs qui doivent être «considérés comme de véritables chefs d’entreprise». Un coup de pouce nécessaire pour un secteur qui a vu son cheptel de 84 000 têtes de bovins passer à moins de 30 000 têtes en une quinzaine d’années. Quant au nombre de terres agricoles, celui-ci est passé de 60 000 à 30 000 durant la même période en Guadeloupe.

Une situation «complexe» pour les retraites

Les présidents des Chambres d’Agriculture en Outre-mer se sont aussi exprimés sur la question des retraites agricoles, alors qu’une proposition de loi portant sur la revalorisation des pensions de retraite agricoles en France continentale et dans les Outre-mer sera examinée à l’Assemblée nationale à partir du 18 juin prochain.

Cette proposition de loi, à travers son article 4, garantira que les pensions de retraite des chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole ultramarines atteindront le seuil de 75% du salaire minimum interprofessionnel de croissance net (SMIC).
Si les présidents de chambres d’agriculture ultramarines saluent cette avancée, ils craignent que cette revalorisation ne bénéficient pas aux agriculteurs ultramarins. « On a une situation complexe en Outre-mer, car nous avons énormement d’agriculteurs qui ne disposent de carrières complètes en raison d’une installation tardive des jeunes agriculteurs. Nous avons pu voir, qu’avec le faible montant des retraites,que les jeunes agriculteurs s’installent autour de l’âge de 35-40 ans, quand leurs pères partent à la retraite au-delà de 65 ans voire 70 ans» a indiqué Frédéric Vienne.