En leur apprenant à aider leurs codétenus fragilisés, l’AFPA de la Réunion rouvre aux personnes incarcérées les portes d’un futur possible. © Spl Afpar
La 14e édition de la Conférence des Entreprises publiques locales Outre-mer se tient du 10 au 14 juin 2019 à Mayotte et à La Réunion. A l’occasion de cet évènement, Outremers 360 vous propose de découvrir tout au long de cette semaine, une série consacrée à ces structures qui participent à l’aménagement des territoires et à leurs économies. Aujourd’hui, nous vous présentons la particularité de de la SPL Afpar dédiée au domaine de la formation.
Aider en aidant à aider ! En lien avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation, la Spl Afpar forme des personnes incarcérées à aider au quotidien d’autres détenus en situation de fragilité. Une formation à doubles bénéficiaires qui change la vie de chacun d’entre eux. Elle a été récompensée par un Coup de cœur des Trophées des Epl 2017 dans la catégorie « Services au public ».
Certes, le dicton l’affirme : aide-toi, et le ciel t’aidera. Néanmoins, aider l’autre pourrait bien être s’avérer plus direct pour changer le cours de son existence, et vivre celle-ci dans une nouvelle estime de soi. Convaincue du principe, l’Afpar développe depuis 3 ans une action inédite auprès des personnes de l’île de La Réunion incarcérées en milieu ouvert et propose chaque année d’en accompagner une douzaine dans l’assistance à leurs codétenus les plus fragiles : handicap, vieillissement…
Savoir être pour savoir devenir
Les retombées de l’action, évidentes pour les bénéficiaires en situation de dépendance, sont tout aussi profitables aux aidants. « Pour des individus qui ont tendance à se mésestimer, se retrouver ainsi en capacité d’aider autrui va en effet bouleverser l’image perçue et projetée d’eux-mêmes », soutient le directeur général de la Société publique locale (Spl), Éric Fontaine. Dans un parcours souvent marqué, l’étape constitue même une rupture de contrat avec la fatalité : « À la déconsidération et à la méfiance succèdent la valorisation et la reconnaissance, ouvrant enfin, par de nouveaux savoir être et savoir-faire, les formidables pouvoirs d’un savoir devenir. Le futur devient possible », insiste le responsable.
Du coup de main au coup de pouce
Et ce futur, ceux qui le souhaitent peuvent justement le construire jusqu’à la professionnalisation — métier d’assistant(e) de vie aux familles — au fil de ces 84 premières heures dispensées sur 2 jours hebdomadaires par une équipe pluridisciplinaire : formateurs, psychologues du travail, kiné…
Le programme s’articule autour de différentes séquences (manutention des personnes, ergonomie, communication aidant/aidé, etc.) tandis qu’une évaluation vérifie en continu l’acquisition des bons gestes. Un atelier pour maîtriser les techniques de recherche d’emploi et une formation de sauveteur secouriste du travail parachèvent le cycle.
À ce jour, une vingtaine de stagiaires ont suivi la formation, dont 4 ont ensuite engagé une évaluation Cléa, premier certificat national interprofessionnel. Des chiffres très satisfaisants pour cette action qui fait sens jusqu’aux formateurs, renforçant ainsi la fonction sociétale de la Spl au bénéfice de tous, aidés, aidants et aidants d’aidants.
Par Laurence Denès