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Après « Voyage à Mendoza » (2013), le réalisateur français Edouard Deluc signe avec « Gauguin-Voyage de Tahiti » son deuxième long-métrage, inspiré librement de « Noa Noa », carnet de voyage écrit par Gauguin, avec Vincent Cassel à fleur de peau dans son rôle de « peintre maudit ».
Présenté à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) avant sa sortie en salles le 20 septembre, le film « n’est pas un biopic », insiste son Edouard Deluc, mais bien une œuvre issue de ce carnet de voyage illustré réalisé par Gauguin lors de son premier séjour à Tahiti, entre 1891 et 1893. « La matrice du film est Noa Noa, un objet littéraire découvert lors de mes études aux Beaux-Arts. Ce texte ne m’a pas quitté. En écrivant Noa Noa, Gauguin revisite déjà les faits et construit sa propre légende. J’avais un désir de film avec cette image de peintre maudit, qui accomplit son destin à Tahiti », résume le réalisateur, âgé de 47 ans.
1891: Gauguin s’exile à Tahiti. Il veut trouver sa peinture, en homme libre, en sauvage, loin des codes moraux, politiques et esthétiques de l’Europe civilisée. Il s’enfonce dans la jungle, brave la solitude, la pauvreté, la maladie. Il y rencontre Tehura, qui deviendra sa compagne et le sujet de ses plus grandes toiles. « L’essentiel pour moi a été de m’approcher de l’essence même de l’homme, du personnage de Gauguin, de ses questionnements artistiques ou politiques », explique Edouard Deluc. La semaine même où Gauguin pose le pied à Tahiti, le dernier vice-roi, Pomare V, meurt. La population polynésienne est elle-même en pleine mutation, en proie à de grands bouleversements provoqués par la confrontation entre la culture autochtone et celle de l’Occident. Gauguin peint tout cela.
« Je n’ai pas retenu les couleurs vives de Tahiti, celles qui transparaissent dans les tableaux de Gauguin. J’ai retenu la couleur que je voulais donner au personnage », souligne le réalisateur. « Du sable parfois noir, des cieux pluvieux. Loin des clichés. Je n’ai pas inventé ces paysages, ce sont aussi ceux de Tahiti », assure-t-il.
« Antipathique, veule, égocentrique »
« Je connaissais la peinture de Gauguin comme tout le monde. Mal. Quand Édouard est venu me proposer le rôle, j’ai senti en lui une vraie fougue. Je l’ai accepté », raconte Vincent Cassel, interprète magistral de Gauguin dans le film. L’acteur révélé par « La Haine » y incarne un Gauguin malade, amaigri « parce qu’il crevait de faim », obsédé par les détails et qui inflige à son modèle des heures et des heures de pose. Un artiste qui sacrifie sa famille, sa santé, sa carrière sur l’autel de son art. Gauguin se consume, se brûle.
« Il est antipathique, veule, égocentrique et, en même temps, il a cette capacité fascinante à croire en lui en partant au bout du monde », résume Vincent Cassel. « Vincent a joué ce rôle à l’instinct », analyse le réalisateur. « Il ne veut pas trop de mots. Mon rapport à la mise en scène est empirique également. Je n’ai pas fait d’école de cinéma ».
Essentiellement tourné en Polynésie
Face à Vincent Cassel, Tuhei Adams interprète Tehura, la compagne tahitienne et la muse de Gauguin. « Il fallait trouver une héroïne face à Vincent », décrypte Édouard Deluc. « Dès que j’ai vu Tuhei Adams, j’ai compris que cette jeune Tahitienne avait un visage empreint de mélancolie, ce que Gauguin voulait peindre ». « Elle porte la tragédie de son peuple, ça passe par son regard », conclut-il. Pour le rôle de Iotefa, l’assistant de Gauguin, Edouard Deluc a retenu le jeune Puatai Hikutini, à l’issue de plusieurs castings organisés en Polynésie.
Pour essentiellement tourner en Polynésie, sur la Presqu’île de Tahiti et l’île de Moorea, Edouard Deluc a fait confiance à la jeune société tahitienne Filmin’ Tahiti, qui a pris en charge la production exécutive du film. Ce sera également la première fois que la langue tahitienne fera son apparition au cinéma français. L’avant-première parisienne du film « Gauguin – Voyage de Tahiti », aura lieu le lundi 18 septembre.
Avec AFP.