A l’occasion de la Journée Nationale d’hommage aux victimes de l’esclavage du 23 mai, sera lancé une Coordination Nationale des Opérateurs de Mémoire, de la Traite, de l’Esclavage Colonial et leurs Abolitions portée par des associations de Français descendants d’esclaves qui oeuvrent depuis de nombreuses années dans ce domaine. Un acte fondateur pour ces associations qui entendent s’affirmer comme les acteurs principaux de leur propre histoire.
Un acte fondateur
C’est le 23 mai 2020, à l’occasion de la 22ème Journée Nationale d’hommage aux victimes de l’esclavage que l’acte fondateur de la Coordination Nationale des Opérateurs de Mémoire, de la Traite, de l’Esclavage Colonial et leurs Abolitions, sera posé. Un lancement qui s’effectuera, crise sanitaire oblige, au cours d’une conférence de presse par vidéoconférence.
Par cet acte fondateur, les associations liées à la mémoire et à l’histoire de l’esclavage entendent réaffirmer leur rôle d’interlocuteurs incontournables de cette histoire car elles estiment être à l’origine des principales initiatives mémorielles prises en France ces dernières décennies (lois, commémorations, exploration des archives et recherches généalogiques, fouilles archéologiques marines, mise en valeur et création de lieux de mémoires, éducation historique et diffusion…).
Représentantes légitimes de la mémoire des victimes de l’esclavage
Ces associations issues de différentes régions du territoire, dont les Anneaux de la Mémoire (Nantes), l’APECE Paris (l’association pour l’étude de la colonisation européenne), le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98 Paris-Antilles), Mémoires et Partages (Bordeaux), La Coque Nomade, Protéa, Les Routes du Philanthrope (Normandie), Le Réseau Route des Abolitions – Pôle Mémoriel National de l’Est de la France, considèrent être les représentantes légitimes et les dépositaires de la mémoire des victimes de l’esclavage, la mémoire des abolitionnistes et des ports négriers vivante dans les territoires.
Faisant fi des divisions passées, elles entendent démontrer qu’elles sont capables de travailler ensemble et de participer à l’unité nationale car elles considèrent par ailleurs que la politique mémorielle républicaine doit avant tout s’appuyer sur les opérateurs de mémoire pour qu’elle se développe et pour empêcher toute récupération idéologique. Un pavé jeté dans la mare de tous ceux qui seraient tentés de s’arroger la paternité et les actions réalisées dans ce domaine.
En ce sens, la coordination nationale se positionne comme un pôle de compétences ciblées qui regroupe et promeut les savoir-faire de ses membres afin d’apporter à différents partenaires une assistance, des conseils et un appui aux développements de projets d’actions mémoriels.
4 pôles thématiques
Ainsi 4 pôles thématiques ont été créés, dont un pôle regroupant histoire-recherche, animation scientifique, éducation historique, diffusion de documentaires historiques, un pôle mémoire de la traite et des ports négriers, un pôle mémoire des victimes de l’esclavage et enfin un pôle mémoires des abolitions de l’esclavage.
Par ailleurs, une plate-forme nationale verra le jour pour couvrir l’ensemble des domaines d’activités des enjeux mémoriels. Cette plate-forme sera dans un premier temps informelle, mais a vocation à monter en puissance pour devenir une entité forte capable d’intervenir dans un certain nombre de domaines de compétence en proposant une assistance permettant de concevoir, mettre en œuvre et accompagner des projets mémoriels. La finalité étant de garantir l’efficacité et la pérennité de ces projets. Elle s‘adresse en priorité aux associations locales et régionales investies dans des actions ou projets mémoriels, aux établissements scolaires et établissement ayant des projets à finalité mémorielle, aux collectivités de sites et lieux de mémoires et autres.
Les priorités à court terme de la coordination nationale sont de mettre en place un site portail internet et réseau social avec un contenu mettant en avant son savoir-faire, ses expériences et ses projets, d’élaborer un programme de projets et de rendez-vous évènementiels pour 2020 et 2021 dans les territoires. A terme, elle compte proposer ses réalisations et activités en direction des acteurs de mémoire.
Bref, une façon pour cette coordination nationale de ne pas être de simples contemplateurs de leur histoire, mais plutôt de s’imposer en principaux acteurs et en garants de cette mémoire tirant les leçons du passé qui ont vu les autres faire à leur place. Car souvent « ce qu’on fait pour les autres, mais sans les autres, est contre les autres », pour reprendre les termes du sociologue Edgard Morin.