©Joel Saget / AFP
Ce mercredi 10 juin, à l’occasion de la Journée nationale de l’abolition de l’esclavage en Guyane, « Carte blanche » sera donnée à l’ancienne ministre de la Justice guyanaise Christiane Taubira en conclusion du mois de Mémoires 2020 initié par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage avec d’autres personnalités guyanaises et de l’Hexagone pour évoquer l’importance de la mémoire de l’esclavage et de ses héritages dans la société contemporaine. Rendez-vous à 16h (heure de Paris) sur les pages Facebook de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage et d’Outremers360.
La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) créée sur les cendres du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE) présidée aujourd’hui par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, comptait monter en puissance cette année et affirmer de belle manière sa volonté « d’inscrire l’esclavage colonial comme un fait majeur de l’histoire de France » avec des célébrations et des commémorations plus importantes et plus populaires. Las ! La pandémie du coronavirus et ses corollaires sont passés par là et ont eu raison de cette ambition affichée.
Pour autant, cette période de restrictions des libertés due à la crise sanitaire ne pouvait empêcher de célébrer tout aussi dignement la mémoire de l’esclavage et ses abolitions. Aussi, la FME a décidé d’initier le mois de mémoires 2020, un programme commémoratif numérique pour évoquer l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains sur tout le territoire.
Débuté le 10 mai avec la Journée nationale dédiée à la mémoire de l’esclavage avec notamment un grand live de 6h30 qui a généré près de 250 000 vues, ce programme commémoratif s’est poursuivi tout le long du mois de mai jusqu’à ce 10 juin, date commémorative de l’abolition de l’esclavage en Guyane.
Deux heures de programme autour de Christiane Taubira
Ainsi, en conclusion de ce mois de mémoires 2020, la FME a choisi de donner « Carte blanche » à Christiane Taubira, l’ex députée guyanaise qui a été à l’origine de la loi instituant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Une loi qui porte d’ailleurs son nom. Un libre cours laissé à l’ancienne ministre de la Justice qui ne manquera pas avec sa verve, son lyrisme et sa fougue habituels d’évoquer cette histoire douloureuse, mais aussi la résistance, le marronnage, la créativité des peuples de Guyane pour sortir du joug de l’esclavage colonial et inventer de nouvelles façons de vivre.
Deux heures de programme présentés par la journaliste Laurence Tian Sio Po autour de Christiane Taubira et ses invités, dont Lydie Ho Fong Choy-Choucoutou (historienne), Elsa Dorlin et Louis-Sala-Molins (philosophes), Isabelle Hidair-Krivsky (anthropologue), Jean-Paul Ferreira (maire d’Awala Yalimapo), Evelyne Sagne (militante de la mémoire), Antoine Aouégi Lamoraille (chef coutumier – artiste/art Tembé), Emmelyne Octavie (auteure et interprète poétique), Yannick Théolade (art de combat guyanais), Chris Combette, Maxxi Dready, Lexio’s, Amadéus, Christine Kajiralé et Steeve Cippe & C° (artistes-musiciens)…
La nécessité d’un débat sur les questions de racisme et de discrimination
Bref, un quatrième rendez-vous numérique qui conclut ce mois de mémoires 2020 destiné à « mieux faire connaître l’histoire française de l’esclavage colonial, de son abolition et de ses suites, à mieux en faire comprendre l’importance et à utiliser ainsi ce moment pour mieux lutter contre le racisme anti-noir et célébrer la fraternité et les valeurs républicaines », assure la FME.
Un mois commémoratif qui résonne d’ailleurs en écho avec l’actualité et de la nécessité d’ouvrir un débat sur les questions de racisme et de discriminations dont sont victimes les Noirs dans la société française. Un débat appelé de ses vœux par la FME pour qui « la France doit conduire ce débat en se basant sur sa propre histoire, en écoutant l’expérience de ses propres citoyens afin d’y apporter ses propres réponses » et qui se dit prête à y apporter sa contribution.
