Deux enfants samoans attendant d’être vaccinés à Apia, capitale des Samoa ©AP

L’épidémie de rougeole frappant les îles Samoa, où l’état d’urgence a été décrété le 15 novembre, a fait 37 morts selon un nouveau bilan annoncé mercredi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui met en cause une campagne anti-vaccin.

« Ce qui se passe aux Samoa est véritablement tragique. Avec cette récente baisse des taux de vaccination, nous assistons à une énorme épidémie », a déclaré le coordinateur des équipes médicales d’urgence à l’OMS, Ian Norton, lors d’une conférence de presse à Genève. L’épidémie a été déclarée à la mi-octobre par les autorités de ce petit État du Pacifique de 200 000 habitants, qui a lancé une campagne de vaccination obligatoire.

Selon l’OMS, plus de 2 500 cas ont été enregistrés, et 37 décès ont été signalés depuis le début de l’épidémie. « Il y a un nombre écrasant de cas maintenant et ils occupent presque tous les lits disponibles dans le système hospitalier national », a relevé Ian Norton, soulignant que plus de 200 nouveaux cas arrivent chaque jour à l’hôpital. La Polynésie française voisine y a dépêché une équipe de médecins afin de gérer cette crise sanitaire qui touche aussi les îles Tonga et Fidji.

« Malheureusement aux Samoa, une partie de ce qui se passe est lié à des messages sur les réseaux sociaux concernant un groupe anti-vaccin, et cela se mesure maintenant au nombre d’enfants décédés au cours de cette épidémie », a expliqué la directrice du département d’immunisation de l’OMS, Kate O’Brien. En 2018, seulement 31% des enfants de moins de 5 ans ont été vaccinés, a-t-elle détaillé, alors qu’il y a 4 ans, la couverture vaccinale s’élevait à 84%. En outre, le décès il y a environ un an et demi de deux enfants après une erreur médicale dans la composition des vaccins a accentué la méfiance.

La rougeole, caractérisée par l’éruption de taches rouges sur la peau, reste une maladie potentiellement mortelle. Elle est causée par un virus qui se transmet très facilement par contact direct ou dans l’air ambiant. Avant l’arrivée des vaccins dans les années 1970, elle tuait dans le monde 7 à 8 millions d’enfants par an. Après une baisse spectaculaire entre 2000 et 2016 grâce à d’importantes campagnes de vaccination, la rougeole est maintenant en forte recrudescence dans le monde, en raison notamment d’une défiance envers les vaccins.

Autre raison à cette méfiance à l’égard du vaccin combiné Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR) : une étude de 1998 qui liait le vaccin et l’autisme. Il a pourtant été établi rapidement que son auteur avait falsifié ses résultats, et plusieurs études ont montré depuis que le vaccin n’augmentait pas le risque d’autisme, a souligné à plusieurs reprises l’OMS.

Avec AFP.