© Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage
La Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage a décidé d’initier le Mois des Mémoires 2020, un programme commémoratif pour évoquer l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains sur tout le territoire. Manière de célébrer autrement mais tout aussi dignement la mémoire de l’esclavage et ses abolitions en cette période de restriction des libertés due à la crise sanitaire. – Détails –
Comment célébrer la mémoire de l’esclavage et ses abolitions en cette période de crise sanitaire où les effets de la pandémie empêchent tout rassemblement et toutes manifestations d’hommage d’envergure ? Tel a été le casse-tête de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, cette structure créée en 2019 sur les cendres du CPMHE (Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage) présidée aujourd’hui par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en charge de ces commémorations.
En effet, de la période du 27 avril au 10 juin se déroulent en temps normal des journées dédiées à la mémoire de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions, mais aussi des victimes de cette douloureuse histoire. En outre-mer, cinq des sept jours fériés existent dans cette période pour commémorer cette histoire (27 avril à Mayotte, 22 mai en Martinique, 27 mai en Guadeloupe, 28 mai à Saint-Martin et 10 juin en Guyane). Saint-Bathélémy et la Réunion célébrant l’abolition de l’esclavage respectivement le 9 octobre et le 20 décembre.
Les cérémonies officielles du 10 et du 23 mai maintenues, mais limitées
Quant aux deux journées nationales dédiées à la mémoire de l’esclavage le 10 mai et celle du 23 mai consacrée à la mémoire des victimes, les cérémonies officielles sont maintenues en appliquant les règles sanitaires imposées en la circonstance (rassemblements limité à 10 personnes et distanciation physique).
Concernant le 10 mai, la cérémonie se tiendra comme d’habitude au Jardin du Luxembourg dans une version courte mais tout de même en présence du Premier ministre, Edouard Philippe et de la ministre des outre-mer, Annick Girardin.
Une cérémonie officielle sera toutefois organisée le 10 mai dans tous les chefs- lieux de préfecture et dans chaque département d’outre-mer. Quelques villes continueront également à célébrer cette journée sous forme de dépôt de gerbe. Ainsi, à Paris, la maire de Paris déposera une gerbe au pied de la statue « Les Fers » de Driss Sans-Arciset, dans le « Jardin Solitude », place du Général Catroux, dans le 17ème arrondissement à 16 heures. Une cérémonie à « huis clos » avec un nombre limité de personnalités, dont Edouard Philippe, Annick Girardin, Jean- Marc Ayrault, et la députée de Paris, Georges Pau-Langevin et Geoffroy Boulard, maire du 17ème arrondissement,ainsi que Jacques Martial au titre d’ancien président du Mémorial ACTe, Claude Ribbe, président de l’association des Amis du général Dumas.
La journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage du 23 mai aura bien lieu comme par le passé à Saint-Denis mais réduite au strict minimum compte tenu des règles sanitaires à respecter.
Cependant, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage ne voulait surtout pas en rester là car pour elle, l’épidémie ne doit pas empêcher « le souvenir, la réflexion et le partage ». Elle a donc décidé d’initier et d’accompagner un mois de commémorations numériques en proposant le « Mois des Mémoires 2020 ». Il s’agit d’un programme commémoratif pour « évoquer sur tout le territoire l’histoire de l’esclavage et ses héritages contemporains, culturels, sociaux et humains » en lien avec tous les acteurs qu’ils soient institutionnels ou issus de la société civile.
Un programme participatif et interactif
Ce programme se veut participatif pour retrouver quelque peu cet aspect populaire des célébrations impossible aujourd’hui à mettre en place avec 3 mots-dièse à partager tout le long du Mois des Mémoires : #cestnotrehistoire, #PaOubliye, #FME et un mot-dièse pour chaque journée nationale ou locale:
#10mai,#22mai,#23mai,#27mai,#28mai, #10juin.
Le 10 mai, une émission exceptionnelle en direct sur internet sera présentée par Claudy Siar et Bintou Simporé et réunira des dizaines d’invités, artistes pour la plupart. A cette occasion, la Fondation ouvrira ses outils numériques et mettra en ligne son film-manifeste et des vidéos #Cestnotre histoire dans lesquelles, avec Christiane Taubira, présidente de son comité de soutien, des personnalités de tous profils partageront leur expérience de la mémoire de l’esclavage.
La Culture et l’Education nationale mobilisées
Par ailleurs, durant le Mois des Mémoires, le public pourra explorer la diversité des empreintes que l’esclavage colonial a laissées sur le patrimoine, la culture et la société en suivant le mot-dièse #PatrimoineDechaines.
Enfin, avec l’aide de l’Education Nationale qui a contribué à mettre en place le concours de la Flamme de l’Egalité qui invite depuis 2015 élèves et enseignants à réaliser un projet sur l’histoire de l’esclavage et ses héritages, la FME récompensera pour la première fois les élèves lauréats à l’échelon national, mais aussi régional sur l’ensemble du territoire. Le 10 mai, le palmarès de trois classes lauréates au niveau national sera publié en ligne et le 23 mai, à l’occasion de la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, un évènement numérique valorisera leurs projets.
Bref, en dépit des contraintes, tout sera mis en oeuvre pour célébrer et commémorer dignement cette mémoire de l’esclavage et ses abolitions car après tout « on construit l’avenir sur une bonne mémoire du passé ».
E.B