Après la peinture, le guadeloupéen Gabriel Baptiste s’attaque à l’écriture en publiant aux éditions Jets d’Encre son premier recueil de nouvelles intitulé « Voleurs », huit nouvelles sur le thème des amours improbables ou marginaux. Une première incursion dans l’écriture plutôt réussie.
A 70 ans, pour ses premiers pas dans l’écriture, le guadeloupéen Gabriel Baptiste n’a pas opté pour le plus facile en décidant de s’attaquer au thème de l’amour, vaste sujet sans cesse rabâché. Cependant, en publiant « Voleurs » aux éditions Jets d’Encre, son premier recueil de nouvelles, l’ancien enseignant résidant à Bouillante en Guadeloupe, a choisi de mettre l’accent sur les amours contrariés, improbables ou marginaux.
C’est par exemple cet homme fasciné par les baisers ou cette femme qui frôle les inconnus dans le bus ou encore ce vagabond qui récolte précieusement les pierres que sa dulcinée a touchées. Tous aiment à en désespérer, mais leur amour n’a pas de réciprocité. Alors, en désespoir de cause, chacun de ces protagonistes, en mal d’amour, tente de recueillir chez l’être aimé un peu de lui, fut-ce en dérobant qui « des marques de lèvres sur les verres », qui « des cailloux abandonnés ». Car ces « voleurs » aiment au-delà des interdits. Ils sont considérés comme des « rêveurs » qui aiment plus que tout. L’amour étant la chose la plus importante de leur vie.
Une écriture picturale et esthétique
Passé par la peinture pour arriver aujourd’hui à l’écriture, Gabriel Baptiste est un habitué des formes et des couleurs. Cela se ressent dans son écriture à la fois mélodieuse et colorée. Une écriture picturale et esthétique qu’exprime bien cet extrait « (….) Il s’aventurait sur la grève humide humant l’air salé, se délectant de sa saveur iodée aux relents de varech et d’algues savamment mêlés. Le coeur battant à tout rompre, il avançait, scrutant précautionneusement chaque pierre (…) ».
Ces huit nouvelles poétiques racontent certes les complexes affres de coeur, mais rendent surtout hommage à la multitude de formes douces, étranges ou cruelles que peut prendre l’amour, « ce complexe rêve réel », dont parle l’auteur.
Si les affres de la création artistique ont tendance à torturer les artistes, il faut croire que Gabriel Baptiste n’a pas encore été atteint par ce mal tant son écriture apparaît pleine d’emphases et empreinte de louables sentiments. Une véritable célébration poétique. Pour une entrée en matière dans l’écriture, Gabriel Baptiste a certes choisi un thème éculé, mais il a su en éviter les pièges. En ce sens, il a manifestement réussi son pari.