Littérature Outre-mer : Une sélection d’ouvrages à découvrir ou redécouvrir pendant le confinement

Littérature Outre-mer : Une sélection d’ouvrages à découvrir ou redécouvrir pendant le confinement

En cette période de confinement, Outremers360 vous propose une sélection d’ouvrages à découvrir ou redécouvrir. Des ouvrages et des auteurs présentés précédemment dans notre rubrique culture. Une opportunité pour retrouver le goût de la lecture et façon aussi de vous aider à vous détendre en ces temps troublés qui génèrent anxiété et angoisses. Bonne lecture.

« Saplë Loshien – cantique de la meute » de la Réunionnaise Ann O’Aro 

Dans la continuité d’un premier album éponyme très réussi sorti en 2018, la musicienne Ann O’Ara a publié aux éditions Fournaise un premier recueil de textes poétiques intitulé « Saplë Loshien » – cantique de la meute ». Une œuvre poétique en Français et en créole réunionnais qui se révèle être un cri de révolte car il y a chez Ann O’Aro une sensibilité éruptive, une violence rentrée à l’image du piton de la Fournaise, le volcan de son île natale en perpétuelle fusion, indomptable et ductile. Une incandescence qui ne demande qu’à se libérer des violences subies dans son enfance et de la culpabilité ressentie alors. Des sentiments contradictoires qui font d’elles une révoltée, plutôt qu’une résignée. Ann O’Aro a choisi d’exorciser ses vieux démons par l’expression artistique et de mettre des mots à la place des maux. Bref, une œuvre en forme de catharsis qui navigue aux frontières du théâtre et de la poésie.

« Une semaine et un jour » de la Martiniquaise Marijosé Alie

Après un premier roman « Le Convoi », couronné en 2016 du Prix Ivoire, la journaliste martiniquaise Marijosé Alie récidive avec « Une semaine et un jour », titre de son deuxième ouvrage qui raconte la vie de deux femmes liées par l’histoire de leur destin publié aux éditions Hervé Chopin comme pour le premier.

Alors que dans « Le Convoi », Marijosé Alie avait choisi de multiplier les personnages et de les ancrer dans un univers de conte fantastique dans une Guyane jamais nommée, mais malgré tout identifiable, c’est à Paris que se situe cette fois-ci son nouveau récit. Un récit violent, acerbe, bouleversant dans lequel elle peint avec force et émotion de sa plume toujours poétique, musicale et sensuelle, l’itinéraire de ces deux femmes liées par l’histoire et la violence de leur destin.

« Une semaine et un jour » est par ailleurs une ode à la vie généreusement humaine et aussi à l’amour qui permet à Marijosé Alie d’affirmer plus encore ses talents d’écrivaine.

« Voleurs », le premier recueil de nouvelles du Guadeloupéen Gabriel Baptiste

En publiant aux éditions Jets d’encre son premier recueil de huit nouvelles intitulé « Voleurs » sur le thème des amours improbables ou marginaux, le Guadeloupéen Gabriel Baptiste fait une première incursion dans l’écriture après s’être essayé à la peinture.

A 70 ans, pour ses premiers pas dans l’écriture, le Guadeloupéen Gabriel Baptiste n’a pas opté pour le plus facile en décidant de s’attaquer aux amours contrariés, improbables ou marginaux. « Voleurs », ce sont huit nouvelles poétiques qui racontent certes les complexes affres de cœur, mais rendent surtout hommage à la multitude de formes douces étranges ou cruelles que peut prendre l’amour, « ce complexe rêve réel », dont parle l’auteur.

Passé par la peinture pour arriver aujourd’hui à l’écriture, cet ancien enseignant est un habitué des formes et des couleurs. Gabriel Baptiste nous propose donc une écriture picturale, esthétique et mélodieuse. Son écriture apparaît pleine d’emphases et empreinte de louables sentiments. Une véritable célébration poétique. Pour une entrée en matière, Gabriel Baptiste a certes choisi un thème éculé, mais il sut en éviter les pièges.

Et pour terminer en beauté, « La Martinique vue du ciel », de Patrick Chamoiseau et de la photographe Anne Chopin

Dans un magnifique ouvrage intitulé « La Martinique vue du ciel » publié aux éditions Hervé Chopin, l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau et la photographe Anne Chopin dressent un inventaire du patrimoine naturel et de la biodiversité martiniquais. Un ouvrage réalisé avec un double objectif : montrer la beauté de l’île aux fleurs et lancer un cri d’alerte pour sensibiliser sur la fragilité des trésors qu’elle recèle.

Cet ouvrage s’inscrit dans la lignée du travail entrepris par le célèbre photographe, réalisateur, journaliste et écologiste Yann Arthus-Bertrand, auteur du best-seller mondial « La terre vue du ciel », paru en 1999 et dont a été tiré un documentaire éponyme en 2014.

Dans « La Martinique vue du ciel », Patrick Chamoiseau et Anne Chopin dresse l’état des lieux des plus beaux sites et paysages martiniquais vus du ciel. Si les deux auteurs ont comme volonté commune de témoigner de la beauté de la Martinique, ils ont aussi l’ambition de lancer un véritable cri d’alarme sur la fragilité de ses trésors pour faire en sorte de les préserver.

Un ouvrage magnifique avec des photos admirables de la photographe Anne Chopin, une amoureuse de la Martinique dans laquelle elle a vécu une vingtaine d’années et où elle continue à s’y rendre encore régulièrement.

Choc des photos, mais aussi poids des mots car ce travail est magnifié par la plume bien trempée de l’écrivain Patrick Chamoiseau, Prix Goncourt 1992 avec « Texaco » qui a trouvé là un terrain idéal pour lancer à la face du monde sa déclaration d’amour envers sa Martinique natale et faire partager son sens du beau, de la nature et de l’histoire de cette île chère à son cœur. Cet inventaire sonne comme un cri d’amour, mais aussi un cri d’alerte pour inciter les Martiniquais et les visiteurs à protéger ce territoire. Une œuvre artistique, mais aussi d’utilité publique.

La rédaction recommande également des auteurs tels que Natacha Appanah, Chantal Spitz, Titaua Peu, Dewé Gorodey, Russel Soaba, Patrice Guirao, Ingrid Astier ou encore, Maryse Condé.