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Mardi 29 novembre, l’écrivain guadeloupéen José Vatin a présenté son nouveau livre La Vie après l’Indicible: un récit-témoignage poignant sur ce drame historique que fut la Shoah. Tout commence par une rencontre entre l’écrivain des Antilles et Henri Benchoan, un survivant de ces temps sombres à ne pas oublier.
C’est dans la plus ancienne Synagogue de Paris que le rendez-vous a été donné. José Vatin souhaitait un lieu symbolique pour la présentation de son dernier ouvrage, La Vie après l’Indicible, qui retrace le témoignage d’Henri Benchoan, rescapé de la Shoah. Alors qu’il n’avait que 8 ans, la police frappe à la porte du petit Henri un soir d’automne 1942. Il vivait alors dans le XIème arrondissement de la Capitale, avec sa mère et son frère. Son père lui, était au front. La suite, Henri Benchoan a encore du mal à la raconter. Dénoncés par la concierge de leur immeuble, Henri, son petit frère Lucien, sa mère et sa tante sont envoyés au commissariat du XXème. Là, et dans un dernier élan d’amour, sa mère lui lance un « vas-t-en pour toi » en hébreu, en d’autres termes, sauve-toi, fuis et vis ! Henri et son petit frère errent alors dans les rue de la Capitale jusqu’à être recueillis par un curé de Torcy où ils vécurent comme des chrétiens catholiques pour éviter le pire. Il lui fallu attendre la maturité et la fin de la guerre pour apprendre ce que l’indicible a fait de sa mère.
« Le silence est parfois coupable »
Dans la Synagogue, le soir de la présentation de l’ouvrage, l’émotion résonne dans la voix d’Henri. Même plus de 70 ans après, il parle encore à sa mère bien-aimée en levant les yeux au ciel. D’un regard brillant, il lui parle de ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants et de son épouse. En somme, il lui parle de tout ce qu’elle aurait pu voir, avec l’intime conviction que sa présence et son dernier sacrifice ont traversé les générations. La Vie après l’Indicible, c’est aussi l’histoire d’une rencontre « impromptue » entre un écrivain engagé de la Guadeloupe, José Vatin, et une mémoire de la pire période que l’homme ait engendré. Aux prémices de leur amitié, José Vatin ressent le secret qui pèse dans le cœur d’Henri Benchoan. La curiosité de l’écrivain viendra à bout de la carapace d’Henri: « Je suis Juif » dit-il comme un synthèse de ce lourd passé. « On peut tout cacher, sauf la souffrance qui torture » dira José Vatin, « il faut l’écrire, il faut que les gens sachent (…). Le silence est parfois coupable ».
Henri acceptera finalement d’ouvrir son cœur et son âme. Il acceptera de dire ses peines, et surtout de reconnaître que « son Histoire, c’est l’Histoire de l’Humanité », et qu’elle ne doit pas être oubliée. « En ces temps troubles où les différences sont marquées », dire l’indicible est devenu une nécessité pour « que cela ne se reproduise plus jamais ». « J’ai 83 ans », confie Henri, « je me porte bien, je prie Dieu et je veux croire en quelque chose » conclut-il. La Vie après l’Indicible est devenu pour les deux hommes une mission, un message haut et fort à transmettre aux jeunes générations pour que jamais celles-ci n’oublient ce passé indicible et encore présent dans les mémoires meurtries par la Shoah.