« La Reine du Pacifique »: Un film sur la reine tahitienne Pōmare IV

« La Reine du Pacifique »: Un film sur la reine tahitienne Pōmare IV

©Charles Giraud / Musée de Tahiti et des Îles

Mardi 11 avril, le Président de la Polynésie française Edouard Fritch a reçu le réalisateur Francis Bianconi et le producteur Matthieu Pédelahore. Tous deux sont en mission de repérage sur l’île de Tahiti afin de préparer le tournage du film « La Reine du Pacifique », rapporte Tahiti-infos.

« La Reine du Pacifique » sera un film historique retraçant la vie de la reine tahitienne Pōmare IV (prononcer Pomaré). Le film sera tourné entre mars et avril 2018, en Polynésie, pour la télévision et en langues française et anglaise. Francis Bianconi et Matthieu Pédelahore souhaitent que l’essentiel des équipes de tournage soit composé de Tahitiens. « Il faut que ce soit leur film » a déclaré le réalisateur Francis Bianconi. De son côté, le gouvernement polynésien a assuré sa totale collaboration pour la réalisation de ce premier film historique sur un personnage phare de l’Histoire de la Polynésie.

Pōmare IV: 50 ans de règne tiraillé entre l’Empire Britannique et la France

Née sur l’île de Moorea en février 1813, ‘Aimata, future Reine Pōmare IV, est la fille du Roi Pōmare II et de la princesse Teremoemoe Tamatoa, fille de Tamatoa III de Raiatea. ‘Aimata signifie « mangeur d’œil », d’après une ancienne coutume qui voulait que le souverain mange l’œil de son ennemi vaincu. ‘Aimata devient Reine de Tahiti à l’âge de 14 ans, après la mort de son jeune frère Pōmare III, en 1827.

Au début de son règne, Pōmare IV parvient à réunir l’île de Bora Bora et une partie de l’île de Raʻiatea au royaume de Tahiti. N’ayant pas reçu l’éducation des missionnaires protestants, son père ayant été le premier Roi tahitien à s’être converti, Pōmare IV s’éloigne de la religion et favorise le culte des Mamaia, un mouvement « syncrétique » qui s’est formé en réaction à la religion chrétienne. Menacée de destitution, Pōmare IV reviendra sous l’influence des missionnaires britanniques, artisans du pouvoir de la dynastie Pōmare. En 1838, elle refuse l’accès à l’île de Tahiti à deux missionnaires catholiques (donc français), les pères Caret et Laval, qui étaient implantés dans l’archipel des Gambiers. C’est son conseiller George Pritchard qui joua un rôle important dans ce refus.

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« Cette décision va être l’occasion pour la France d’intervenir dans les affaires tahitiennes », explique le site Tahiti Héritage. « Les missionnaires catholiques firent appel à l’aide de l’amiral Dupetit-Thouars à son retour à Papeete des îles Marquises, en août 1842. Celui-ci décida d’établir le protectorat français sur Tahiti. Un premier traité est signé en 1842, mais Pōmare IV est très réticente et choisit finalement de résister à l’entreprise française toujours sous l’influence opposée de Pritchard ».

Le bassin de la Reine, situé à Papeete. Pomare IV aimait particulièrement s'y baigner. Aujourd'hui encore, il est possible de visiter le bassin, situé dans un petit parc derrière l'Assemblée territoriale de la Polynésie française ©Tahiti Héritage

Le bassin de la Reine, situé à Papeete. Pōmare IV aimait particulièrement s’y baigner. Aujourd’hui encore, il est possible de visiter le bassin, situé dans un petit parc derrière l’Assemblée territoriale de la Polynésie française ©Tahiti Héritage

En 1844, Pōmare IV se réfugie sur le navire anglais Basilisk avec lequel elle rejoint l’île de Rai’atea. Elle refusa toute négociation avec la France jusqu’en 1846, pendant la guerre franco-tahitienne. L’amiral Bruat ayant obtenu la victoire, Pōmare IV revient sur Tahiti en 1847 et retrouve son trône, à condition de signer le protectorat français. « Ce statut lui accorda le pouvoir exécutif mais elle dû partager la plupart des fonctions importantes avec le représentant de la France, alors désigné comme Commissaire (royal, puis impérial) : convocation de l’assemblée législative, nomination des chefs et des juges de district, promulgation des lois. Toutes les forces armées et les corps de police furent placés sous les ordres du commissaire ».

Le Palais royal des Pomare, détruit en 1966 ©Tahiti Héritage

Le Palais royal des Pōmare, détruit en 1966 ©Tahiti Héritage

De 1847 à 1877, Pōmare IV règne donc sous le contrôle de l’administration française. Elle décède le 17 septembre 1877 d’une crise cardiaque dans le bain de la reine à Papeete et fut ensevelie au cimetière royal des Pōmare à Arue (Papaoa) ». Son fils et successeur Pōmare V fut le dernier roi de Tahiti, de 1877 à 1880, date à laquelle il abdique et fait « cadeau de Tahiti et de ses dépendances à la France ». Dès lors, la France créé la colonie « Etablissement français d’Océanie. Pōmare V, lui, mourut d’alcoolisme au Palais royal, à Papeete. Il est enterré dans la tombe royale à Arue.

Pomare V ne regna que trois ans, avant que Tahiti et ses dépendances ne deviennent des colonies sous administration française ©DR

Pōmare V ne regna que trois ans, avant que Tahiti et ses dépendances ne deviennent des colonies sous administration française ©DR