Guadeloupe : le festival Bleu Outremer débutera avec Kaaro, un regard nouveau sur la culture mahoraise

Guadeloupe : le festival Bleu Outremer débutera avec Kaaro, un regard nouveau sur la culture mahoraise

© Alain Julien

Le festival Bleu Outremer de Guadeloupe ouvrira le bal le 23 octobre prochain au Mémorial ACTe de Pointe-à-pitre avec Kaaro. Un spectacle de danse contemporaine pour faire un pas vers soi, puis vers l’autre, et s’enlacer dans d’autres repères culturels.

«On est tombés amoureux de Mayotte, des gens, des chants, de leur art de vivre. C’est une île qui chante et qui danse», lance Maud Marquet, la fondatrice et directrice artistique de la compagnie En Lacets, qui a fait de la coopération internationale le cœur de ses créations. Sa rencontre en 2014 avec Jeff Ridjali, chorégraphe et danseur de la compagnie éponyme, lui a donné envie de découvrir Mayotte et sa culture.Aspiré dans l’aventure, Damien Guillemin, champion de slam en France (2012) et danseur rémois.

«C’était pour nous un territoire méconnu. On a vécu comme des mahorais pendant un mois. Nous étions des archéologues du mouvement, du quotidien», explique la jeune chorégraphe, le regard pétillant. Observer, analyser, disséquer, puiser, voilà les états essentiels du ciment de création de Kaaro, signifiant le pas”, “la voûte” en mahorais. Une création originale née d’une initiative d’artistes et d’une aventure humaine s’ouvrant sur un regard metissé des gestes, des paysages et des sons de l' »île-hippocampe » (nom donné par sa forme, vue du ciel). Les murmures de la nuit, l’entrechoc des cocos vides, les chants religieux, la résonance des pas de danses rituelles, les souffles saccadés des danseurs en transe…les sons rappellent Mayotte, mais pas seulement. C’est un voyage en Outre-mer. Automatiquement, le pas se fait. La voûte, le pont est créé avec le public.

© Richard Pelletier

© Richard Pelletier

Des tableaux chargés de poésie

Organique. Primaire. Loin du folklore, Kaaro offre une vision contemporaine du patrimoine mahorais. «Nous nous sommes inspirés des trois grandes familles de danse de Mayotte : la danse populaire – que l’on retrouve par exemple dans les mariages- , les danses animistes et les danses religieuses», explique Jeff Ridjali. À travers divers tableaux chargés de poésie, le trio de danseurs articule le récit scénographique autour de la rencontre, du toucher, mais aussi de l’entraide, à travers les portées, très présents dans la chorégraphie. «Le linge derrière nous est un clin d’oeil au bleu de l’océan et à la terre rouge orangée de l’île, riche en latérite». Mais ce qui a été le plus difficile à retranscrire, selon Maud Marquet, c’est «cette notion de temps au ralenti, c’est évoquer l’attente, le temps qui passe. La mise en lumière scènique apporte beaucoup dans ce spectacle, comme ces ombres de feuillages qui rappellent les nuages qui passent», souligne la jeune directrice artistique. Mais si le temps passe, l’art reste, suspendu comme un linge sur une corde….qui fait le pont.

La compagnie En Lacets poursuivra sa tournée aux Antilles, avec Kaaro (tout public) et A b(r)as le mot (dès 6 ans), un spectacle qui nous interroge, à travers danse et slam, sur l’effet des stimuli, de plus en plus oppressants, de notre société moderne sur l’Homme d’aujourd’hui.

© Richard Pelletier

© Richard Pelletier

Ouvrez vos agendas ! Voici les dates de leur tournée caribéenne :
23 octobre, Pointe-à-pitre, memorial ACTe, 20h, Guadeloupe : Kaaro
25 octobre, Le Moule, bibliothèque multimédia, 18h, Guadeloupe : A b(r)as le mot
29 octobre, Le Moule, salle Robert Loyson du Moule, 20h, Guadeloupe : A b(r)as le mot
1er novembre, Castries, Alliance française, Sainte-Lucie : A b(r)as le mot
2 novembre, Castries, Alliance française, Sainte-Lucie : Kaaro

Par Amélie Rigollet