Gauguin, « un véritable tremplin » pour la société tahitienne de production Filmin’ Tahiti

Gauguin, « un véritable tremplin » pour la société tahitienne de production Filmin’ Tahiti

©Move Movie / Filmin’Tahiti

Producteur exécutif en Polynésie du film « Gauguin – Voyage de Tahiti », qui sortira en salle le 20 septembre, la jeune société de production Filmin’ Tahiti s’impose naturellement comme un acteur incontournable de la production audiovisuelle en Polynésie française. Pour Outremers360, la jeune société raconte ses missions, son rôle sur le tournage du film Gauguin, tourné à 90% en Polynésie avec Vincent Cassel dans le rôle du « peintre maudit ». Filmin’ Tahiti revient également sur les grandes productions cinématographiques qui ont eu pour écrin la Polynésie et dresse ses perspectives dans un secteur ou tout, ou presque, est encore à construire.

Qu’est-ce que Filmin’Tahiti ? Quel a été le chemin parcouru de sa création à aujourd’hui ? 

Filmin’ Tahiti est une société de production audiovisuelle créée par cinq personnes toutes issues des métiers du cinéma ou de la télévision. Denis Pinson, (Réalisateur, chef opérateur, producteur) Catherine Marconnet (Productrice déléguée ou exécutive, directrice de production), Laurent Jaquemin (Réalisateur, chef opérateur, producteur délégué ou exécutif),  Tareparepa Teinauri (Productrice, Directrice de production, régie générale) et Manu de Schoenburg (Producteur exécutif, régie générale, fixer).

Le film "Gauguin - Voyage de Tahiti" a été tourné à 90% en Polynésie ©Move Movie / Filmin'Tahiti

Le film « Gauguin – Voyage de Tahiti » a été tourné à 90% en Polynésie ©Move Movie / Filmin’Tahiti

L’activité principale de Filmin’ est l’accueil de tournages mais nous développons également la production ou la coproduction. Bien que Filmin’ soit une jeune entreprise créée en 2015, nous travaillons tous dans ce milieu depuis plus de 10 ans et notre complémentarité est notre force. En à peine deux ans, nous comptons déjà à notre actif la production exécutive d’un long métrage (Gauguin – Voyage de Tahiti) qui sort le 20 Septembre. Nous avons également produit une publicité pour une marque de renom, une téléréalité américaine ambitieuse, quelques documentaires et plusieurs shows TV, américains ou anglais. Nous venons de finir également le tournage d’un documentaire international pour ARTE, France Ô et d’autres diffuseurs internationaux. Notre première co-production !

Quel a été le rôle, les missions de la société Filmin’Tahiti sur le tournage de Gauguin ?

Pour Filmin’Tahiti le challenge initial a été de convaincre le réalisateur et la production de la faisabilité du projet à Tahiti plutôt qu’une autre destination plus proche de Paris et surtout moins coûteuse. Les premiers repérages effectués il y déjà plus de 5 ans par Manu de Schoenburg étaient suffisamment concluant pour que le réalisateur soit absolument convaincu que le film ne puisse se faire ailleurs qu’à Tahiti. Ce sont ces décors inoubliables et surtout les Polynésiens qui ont inspirés Gauguin. Cela ne pouvait pas être autrement… Nous étions producteurs exécutifs du film à Tahiti. A ce titre, nous avons participé à de nombreuses étapes du film : casting, logistique, décors, choix des équipes locales… Notre rôle a été prépondérant dans l’obtention de financements locaux pour ce tournage.

Est-ce rare qu’une société tahitienne soit en charge de la production exécutive d’un film aussi conséquent ? 

Il est surtout rare d’avoir un film tourné à plus de 90% en Polynésie. Le plus souvent, des sociétés de production étrangères ou studios, notamment hollywoodiens, font appel à des sociétés locales pour leurs tournages locaux. Mais il s’agit le plus souvent de segments de films, des tournages beaucoup plus courts. Il y aussi beaucoup de  tournages en rapport avec la mer. Les décors idylliques et la clarté des eaux polynésiennes sont d’une qualité exceptionnelle pour la réalisation d’images.

©Move Movie / Filmin'Tahiti

©Move Movie / Filmin’Tahiti

Pourriez-vous nous raconter un peu le tournage: les lieux retenus, l’ambiance, les relations avec les acteurs, les équipes de Tahiti et de l’Hexagone ? Existent-ils des difficultés particulières à tourner en Polynésie ? 

Les lieux de tournage ont été compliqués à trouver car il fallait être fidèle aux paysages d’époque.  Tout est lié sur un tournage et cela a entraîné des complications logistiques et opérationnelles puisqu’il a fallu fuir toute trace de modernité et s’éloigner un maximum des zones urbaines et des facilités qu’elles offrent en termes de logement en particulier.

Vincent Cassel campe le personnage du "peintre maudit" Paul Gauguin, dit "Koke" ©Move Movie / Filmin'Tahiti

Vincent Cassel campe le personnage du « peintre maudit » Paul Gauguin, dit « Koke » ©Move Movie / Filmin’Tahiti

Sur 7 semaines de tournage, nous avons tourné 3 semaines à Tautira et une semaine à Teahupo’o sur la Presqu’île de Tahiti. Nous avons ensuite tourné deux semaines à Moorea et une semaine itinérante pour des plans dans la nature. Les acteurs, comme les techniciens hexagonaux ont été charmés par la Polynésie et des amitiés se sont formées avec les locaux qui sont tous fiers d’avoir contribué à la réalisation de ce film.

Les principales difficultés de tournage sont liées à l’absence d’aides institutionnalisées pour le tournage de films cinématographiques à gros budget. En termes de réflexion autour de la TVA ou du crédit d’impôt notamment, il reste encore beaucoup à faire en Polynésie pour continuer d’attirer les tournages internationaux. Les équipes locales se sont considérablement améliorées même si il subsiste des carences notoires sur certains postes techniques ou artistiques. La météo, enfin, est souvent bonne ici mais elle impose une saisonnalité !

 Y’a-t-il eu beaucoup de films tournés en Polynésie ? Lesquels retenez-vous ? 

Tahiti a été le cadre de tournage de film depuis l’époque du cinéma muet (1912 « A Ballad of the South Seas ») et cette relation particulière avec le 7eme art perdure encore aujourd’hui. Il y a eu « Tabu » de Murnau en 1931, The Mutinies of the Bounty en 1960 (avec en 1er rôle Marlon Brando), Hurricane de Laurentis avec Mia Farrow, The Bounty en 1984 (avec Mel Gibson, Anthony Hopkins, Liam Neeson, Daniel Day Lewis), Love Affair en 1994 (Directeur Photographie : Conrad Hall, né à Tahiti et Tahitien par sa mère, 7 fois nominés et 3 oscars à son actif), Couples Retreat en 2008, L’Ordre et la Morale en 2010 de Matthieu Kassovitz, Soul Surfer en 2011 et plus récemment, Point Break et Batman VS Superman.

Est-ce que Vincent Cassel est un acteur « facile à diriger » ? 

Il faudrait poser la question au réalisateur ! En tout cas,  Vincent Cassel a laissé une très forte impression à l’équipe locale. Il s’est montré très accessible avec les Polynésiens, facile à vivre et à travailler avec nos équipes. Il semble qu’il est lui aussi fortement apprécié le Fenua et les Polynésiens.

Comment cela s’est passé avec l’actrice tahitienne Tuhei Adams ? Etait-ce son premier film ? Est-ce qu’on peut espérer la voir dans une prochaine production ? 

Le rôle de Tehura semblait destiné à Tuhei Adams. Repérée à 17 ans sans expérience ni formation de comédienne, le choix de Tuhei s’est vite imposé. Son physique, sa personnalité et son charme ont séduit rapidement la directrice de casting et le réalisateur. Tuhei Adams a des projets futurs à Hollywood mais nous n’avons pas plus de détails sur ce sujet.

©Move Movie / Filmin'Tahiti

©Move Movie / Filmin’Tahiti

Qu’est-ce qui a changé depuis pour les équipes de Filmin’Tahiti ? Quels sont les futurs projets de votre société de production ? 

Depuis sa création, Filmin’Tahiti a pour objectif de s’inscrire durablement et de jouer un rôle prépondérant dans la longue histoire d’amour entre la Polynésie et le cinéma. Avant même l’existence de Filmin’, nous avons participé de manière individuelle à différent postes à la plupart des films d’envergure réalisés à Tahiti. Ce film constitue un véritable tremplin pour l’avenir de notre jeune entreprise. Nous en récoltons déjà quelques lauriers notamment la réalisation d’un film publicitaire pour une campagne mondiale et c’est Move Movie, la production de Gauguin qui nous a recommandés. C’est un petit milieu, les infos circulent vite. Bonnes ou mauvaises !

Les projets futurs ne manquent pas que ce soit en termes d’accueil de tournage ou de production « maison ». A court terme, le projet le plus avancé est la coproduction du premier film écrit, réalisé par un Tahitien. C’est important pour nous, ce sera sans doute la première coproduction d’un long métrage par une société polynésienne. A plus long terme, nous nous développons pour séduire les productions hollywoodiennes et européennes grâce à nos références et aux atouts exceptionnels qu’offre la Polynésie…

La jeune tahitienne Tuhei Adams donne la réplique à Vincent Cassel, en interprétant le rôle de Tehura, muse du peintre ©Move Movie / Filmin'Tahiti

La jeune tahitienne Tuhei Adams donne la réplique à Vincent Cassel, en interprétant le rôle de Tehura, muse du peintre ©Move Movie / Filmin’Tahiti

 

Puatai Hikutini, l'autre révélation des nombreux castings réalisés en Polynésie, joue le rôle de Iotefa, assistant de Gauguin ©Move Movie / Filmin'Tahiti

Puatai Hikutini, l’autre révélation des nombreux castings réalisés en Polynésie, joue le rôle de Iotefa, assistant de Gauguin ©Move Movie / Filmin’Tahiti

 

Crédits images: Move Movie & Filmin’Tahiti